Chapitre 26

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RIO

Le souffle court et les vêtements couverts de sueur, je regarde le parc à la recherche d'un signe de John. Il n'est plus là.

_ Merde ! je gronde.

Une vieille dame assise sur un banc me lance un drôle de regard avant de s'en aller. Je le tenais entre mes mains et il a réussi à s'enfuir. Il a vu mon visage et celui de Sydney. Il ne tardera pas à assimiler ces nouvelles informations. Il saura qu'Athéna et aider par l'Agence. Nous avons perdu cet avantage sur lui et ça me rend fou de colère. Tout aurait pu se terminer ici. Je sors mon téléphone et compose le numéro d'Athéna. Lorsqu'elle décroche, une vague de honte me frappe en plein visage.

_ Il s'est enfui.

Elle reste silencieuse.

_ Je comprends, elle dit après un moment.

Je n'ai pas besoin d'être avec elle pour savoir qu'elle a été privée de son humanité à nouveau. L'espoir de capturer John a disparu et il faut qu'elle redevienne cette fille, sans cœur et sans faiblesses pour pouvoir gagner le jeu malsain de son père. J'ai l'impression de la priver de la chance d'être elle-même et ça me tue.

_ On fait un dernier tour du parc, pour être sûr qu'il ne se cache pas dans les parages, mais...

Je n'arrive pas à terminer cette phrase. Si John n'est plus ici, alors on se retrouve à la case départ. Pas de lien concret pour le retrouver, pas d'indice quant au lieu où il peut se trouver. Notre dernier espoir, c'est de trouver quelques caméras de surveillance qui entoure le parc.

_ Ne perd pas espoir, mon trésor. On va le trouver.

Elle a un rire triste.

_ J'aimerais sincèrement te croire Rio.

Elle raccroche avant que je n'aie pu répondre. Qu'aurais-je pu dire ? Je ne peux pas lui promettre de le retrouver. J'ai eu une chance de lui servir John sur un plateau d'argent et j'ai échoué.

Paris me retrouve appuyé contre un arbre. Il est suivi de Sydney puis d'Oslo.

_ Il n'y a plus de signe de John ? je demande en connaissant déjà la réponse.

Paris est le seul à répondre.

_ Il n'est plus là.

Je contracte mes poings et sers la mâchoire. Il n'y a donc plus rien à faire. Je passe une main dans mes cheveux avant de donner l'ordre de repli. Je me dirige vers le café où Athéna nous attend. Elle tient dans ses mains deux sachets de confiseries et quatre boissons. Je suis sans voix.

_ Je me disais que vous devriez avoir faim et soif, elle dit d'une voix douce.

Mon cœur s'emballe à en faire mal. Je suis privé de mon habilité à former des sons parce que je reste planté devant elle, comme un idiot à l'observer. Heureusement Paris et Sydney sont plus doués qu'Oslo et moi pour remercier et passer à autres choses.

_ Merci Dioros, dit Sydney en attrapant sa boisson.

Ils sont déjà en train de débriefer ce qui vient de se passer alors qu'Oslo et moi restons immobile. Je pensais la retrouver froide, terrorisée, en colère contre moi. Toutes ces émotions sont justifiées étant donné que je viens de laisser partir son père. C'est pour cette raison que je détestais décevoir le boss, il me l'a fait comprendre plus d'une fois. Je suis l'agent chargé à sa protection et une fois encore, j'ai échoué. Elle devrait me détester. Elle devrait nous détester. Pourquoi nous acheter notre repas ?

Oslo réfléchit comme moi, c'est pour ça qu'il ne sait pas quoi faire. Il n'a pas été habitué à la gentillesse sans arrière-pensée. Je ne sais pas grand-chose de sa vie familiale, Oslo n'en parle jamais. Tout ce que je sais, c'est que son père, un homme d'affaires ambitieux et talentueux, est le genre à donner une éducation très strict. Oslo n'a presque plus de lien avec lui ou sa mère aujourd'hui. Quant à moi, ça faisait bien longtemps que je ne me suis pas senti apprécié pour ce que je suis et non ce que je fais.

L'Agence 1.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant