Chapitre 32

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RIO

_ Quels supers pouvoirs, choisirais-tu ? Voler ou devenir invisible ?

Je me tourne vers elle. Athéna est assise sur le canapé de son appartement et observe une série stupide sur des super héros. Je déteste cette série, mais elle a gagné notre pile ou face alors c'est elle qui décide du programme de ce soir.

_ Je ne voudrais pas voler et me retrouver face à un pigeon, alors je vais opter pour l'invisibilité. En plus, j'adorais lire les aventures d'Invisible Man, plus jeune.

Elle hoche la tête et se concentre sur les images.

Le temps a défilé à une vitesse incroyable. Nous sommes officiellement ensemble depuis deux  semaine et les choses sont merveilleuses. On avance pas à pas sur chaque aspect de notre relation. C'est gratifiant de travailler pour quelques chose d'aussi pure. Je suis heureux de ne mettre jamais engagé dans le passé, parce que tout me parait tellement plus beau car j'ai l'occasion de partager ces moments avec elle. Si on m'avait dit au début de l'été que je me mettrai en couple avec une tueuse en série notoire, j'aurais explosé de rire. Et pourtant, me voila chez elle à regarder sa stupide série et à partager un canapé. Je ne changerai ma place pour rien au monde.

Les affaires à l'Agence ne se sont pas arrangées. J'évite au maximum Max. Je n'oublie pas le rôle qu'il a joué dans ma vie, mais Athéna m'a permis de réaliser que j'ai accompli toutes mes missions seul. Je ne dois pas plus de chose à Max qu'à moi-même. Il me faudra du temps pour le croire entièrement, mais j'y travaille. J'adore toujours mon métier et je serai envoyé sur une autre affaire demain pour une durée de cinq jours. Ce sera la première fois que je serai séparé d'Athéna pour une période aussi longue et je ne suis pas impatient. Cependant, nous avons besoin de nos moments à nous. C'est ce que j'adore dans cette relation, elle est simple. Je n'ai pas besoin de faire semblant d'aller bien, ou de sourire alors que je n'en ai pas envie. Je peux être heureux sans me sentir coupable. Cette fille est devenue mon nouveau coin de paradis.

_ Tu préférerais visiter la Grèce ou l'Italie ? Je demande.

Ces questions sont un jeu qu'on a instauré récemment. Je connais beaucoup de choses sur elle, mais ça ne me suffit pas, je veux tout savoir. En plus Athéna se plaint toujours de ne pas savoir grand chose à mon sujet, alors tout le monde est gagnant.

Elle a un sourire triste. Le genre de sourire qui ne laisse pas apparaître ses dents et qu'elle a quand elle pense à sa mère.

_ La Grèce, elle répond immédiatement. Ma mère n'arrêtait pas de me dire qu'elle y avait passé sa plus belle année. Je voudrais voir cet endroit de mes propres yeux.

Je garde cette information dans un coin de ma tête.

Je me déplace de sorte que ses jambes reposent sur mes cuisses et sa tête sur mon torse. Elle se blottit plus encore et je sens son cœur battre au même rythme que le mien.

_ Pourquoi tu n'y es jamais allé ? Je demande en caressant ses cheveux.

_ Je n'avais pas vraiment le temps, entre la menace de John et la liste.

Je ne me braque plus à la mention de cette liste. J'ai fini par m'y faire et à la comprendre. Par-dessus tout, je sais ce que font ces gens et je ne suis plus naïf à l'idée de croire que le gris n'existe pas dans ce monde.

_ Combien de noms te restent-ils ?

Elle bâille.

_ Six.

_ Je pourrais t'aider, je murmure.

Elle se crispe.

_ Quoi ?

_ Je pourrais t'aider, je répète. Si tu es débarrassé de cette liste alors tu n'auras plus aucune raison de ne pas vivre ta vie comme tu l'entends.

J'embrasse son nez.

_ Tu pourrais visiter la Grèce.

J'embrasse son front.

_ Tu ferais ça...pour moi, elle murmure, le regard confus.

Ses yeux sont rivés sur les miens. Mes lèvres sont contre les siennes.

_ Il n'y a rien que je ne ferai pas pour toi, mon trésor. Je compte bien te le prouver.

Je l'embrasse et je perds le fil de la série. Je perds le fil du temps, de la réalité. Il n'y a plus qu'elle qui compte. Les sensations qu'elle me procure, les sentiments qu'elle m'inspire. Je suis enivré par son parfum, sa voix, sa chaleur. Je me laisse engloutir.


Athéna

Les journées passent et se ressemblent. Je suis devenu normale.

Rio est en mission depuis trois jours et ne doit rentrer que dans deux jours. Son absence me parait étrange, déplacé. Nous avons passé tout notre temps ensemble ces derniers mois. Je déteste le silence de mon appartement, mais je me console en portant ses affaires pour aller dormir. De cette manière, j'ai l'impression qu'il est avec moi.

Je quitte le bureau et monte dans ma voiture. Retrouver mon travail et mon apparemment fait un bien fou. Toutes les choses sont de retours à leurs places. Je m'occupe de mes patients et je travaille sur les prochains meurtres. Il me reste 6 noms sur cette foutue liste. Je suis si proche de l'achever.

Il n'y a rien que je ne ferai pas pour toi, mon trésor. Je compte bien te le prouver.

Je rougis comme une idiote en repensant à ce qui s'est passé plus tard cette nuit-là et comment Rio me l'a prouvé. J'ai vécu l'un des plus moments de ma vie. Un moment où j'ai eu le droit de paraitre frêle et peu sûre de moi sans avoir la crainte que les choses finiraient mal. Je ne sais pas vraiment ce qui se passe entre Rio et moi, tout ce que je sais, c'est que je veux que ça ne s'arrête jamais. De toute manière, j'en suis certaine. C'est lui et il n'y aura personne d'autre.

Je monte dans l'ascenseur, les sacs de course dans les bras. Avec beaucoup de mal, j'ouvre la porte et je suis immédiatement accueillie par la voix de Ben. E. King. Je me crispe lorsque j'aperçois enfin Rio, vêtu d'un stupide tablier rose. Je suis a court de mots.

_ Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne devais rentrer que dans deux jours ?

_ J'avais une raison de me dépêcher de rentrer à la maison.

Je sens mes yeux s'embrumer. Mon cœur bats  si vite que je crois un instant que je fais une crise cardiaque. Est-ce que j'hallucine ?

_ Est-ce que tu es en train d'écouter Stand By Me pendant que tu cuisines ?

J'ai les mains moites. Je n'étais pas préparé à ça. Je n'étais préparé à lui. Ces magnifiques yeux émeraude se concentrent sur moi. Il se vêtit d'un sourire timide. Ce n'est pas dans ses habitudes, Rio est toujours sûre de lui. Je suis presque certaine qu'il rougit.

_ C'est ça, il confirme. Je me suis dit que ce serait sympa de faire quelques chose que tu aimais enfants. Tu m'as dit que la seule chose qui te retenait, c'est que tu ne voulais pas le faire seule. Mais tu n'es plus toute seule maintenant, je suis là. Je fais des hamburgers.

C'est trop. Mon champ de vision devient flou et une larme m'échappe avant que je n'aie eu le temps de faire quoi que ce soit. Rio est à mes côtés en quelques pas. Personne ne m'a jamais vu pleurer, pas même Daria ou David. Je ne pleure jamais devant quelqu'un. Mon père m'a répétait maintes et maintes fois que je ne devais pas agir comme ça et j'ai fini par le croire. Mais Rio est différent, il l'a toujours été. C'est pour cette raison qu'il est la seule personne a m'avoir vu dans cet état.

_ Je ne voulais pas te faire pleurer, mon trésor.

Il m'enlace et je pose ma tête contre sa poitrine. Les battements de son cœur m'apaisent. C'est mon Rio. Sa façon de me toucher, de m'embrasser, d'être inquiet pour moi, de m'admirer, de m'aimer. C'est à ce moment, alors que je réalise à quels points mes sentiments sont profonds et à quel point je suis éperdument et irrévocablement amoureuse de lui. 

L'Agence 1.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant