Chapitre 10

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Athena

La nuit dernière était un cauchemar dans lequel je jouais le monstre.

Je suis de mauvaise humeur quand je quitte mon appartement. Je n'arrive pas à faire semblant même lorsque j'arrive au cabinet. Mon bureau est au deuxième étage, heureusement pour moi le médecin du premier étage est en vacances et je ne croise aucun de ses patients.

Je n'aurais vraiment pas dû dire toutes ces choses hier. Rio a raison. Je ne sais rien de lui ou de sa vie. Je suis une conasse qui s'amuse à tirer sur tout le monde apparemment. Il faut que je me reprenne et rapidement. Hier, je n'ai pas agi comme d'habitude, parce que j'avais la trouille. Voir cet homme, terrorisé par les menaces de John m'a rappelé la partie de ma vie que j'essaye d'oublier par-dessus tout. Je déteste ne pas avoir le contrôle d'une situation et j'ai l'impression que tout m'échappe depuis que je sais que John est proche. La vérité, c'est que si je suis prête physiquement à le voir  je ne suis pas prête mentalement à me retrouver face à lui. J'ai attendu toute ma vie ce moment est maintenant qu'il est à ma portée, je ne sais pas quoi faire. Malgré tout, je n'aurais pas dû reporter mes craintes sur Rio. Je suis assez mature pour l'admettre.

_ Bonjours Madame Dioros ! m'accueille ma secrétaire Isiphé.  Votre premier patient est déjà dans votre bureau.

_ Merci Isiphé.

Je passe la porte et trouve un jeune homme assis en face de mon fauteuil. Lorenzo Landimont est âgé de 18 ans et je le suis depuis désormais trois ans. Lorenzo est l'un de mes tout premiers patients. Et après des années de thérapies, je suis heureuse de constater des progrès depuis quelques mois. Nous touchons enfin au cœur même de ce qu'il a tenté de refouler depuis des années. Mais aujourd'hui ni lui ni moi ne voulons aborder ce sujet. 

_ Bonjour Lorenzo. Comment vas-tu aujourd'hui ?

Lorenzo se lève précipitamment en entendant le son de ma voix puis se rassoit, le rouge aux joues.

_ Je vais bien. Enfin, je crois.

_ Tu crois ? Tu n'es pas sûre ?

Lorenzo se frotte les mains sur les jambes et me sourit.

_ Je vais bien, j'en suis sûre. J'ai rencontré quelqu'un. Il me rend heureux.

Aussi joyeuse que la nouvelle puisse me rendre, je ne perds pas mon objectif de vue.

_ Tu veux me parler de lui ? Je l'interroge.

_ Je ne vous ai jamais dit que j'étais gay, Docteur Dioros, il contemple ses pieds. Je crois que j'avais du mal à l'admettre. J'ai enfin eu la discussion avec mon père et les choses se sont bien passé. Il m'aime.

Mon cœur se serre, mais je ne montre rien. Je poursuis la séance avec Lorenzo puis avec trois autres patients. Le temps passe vite et il est rapidement l'heure du déjeuner. Daria m'a demandé de la rejoindre pour manger avec elle et je suis sur le point d'accepter quand Isiphé me signale qu'un patient de dernière minute vient de se présenter. Je n'ai jamais refusé personne au cabinet alors, je lui demande de leur faire entrer. Rio est là.

_ Qu'est-ce que tu fais ici ? je demande, stupéfaite.

Il ferme la porte et s'assoit en face de moi.

_ Ma mission est de te protéger. Tu l'as déjà oublié ?

Mes yeux ne le quittent pas d'une semelle. Son ton est las et il n'a pas l'air heureux mais au moins il n'a plus envie de m'étrangler. J'ai encore du mal à croire qu'il est là. Pourquoi ? On ne s'est pas quitté en bons termes et j'étais persuadée qu'il lâcherait l'affaire. Il ne peut pas, me rappelle cette voix nasillarde. Il l'a promis au patron. Peu importe, il est là et c'est ce qui compte.

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