Chapitre 14

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Perturbé, Harry garda le silence, laissant Nott terminer. Une fois qu'il l'eut soigné, le jeune homme l'aida à enfiler un tee-shirt, puis il fit signe à Harry de s'allonger.

Immédiatement, il protesta.

— Je vais mieux ! Pas besoin d'être alité !

Nott gloussa doucement et constata en levant un sourcil moqueur.

— Déjà à Poudlard, tu avais la réputation d'être un patient difficile pour la pauvre infirmière... je vois que tu n'as pas vraiment changé !

Harry roula des yeux et finit par capituler en grognant. Théo se pencha au-dessus de lui pour commenter, amusé.

— Je vais te donner du poussos dilué dans un somnifère léger. Tu vas dormir quelques heures à peine, le temps que ça fasse effet. Sinon, c'est très douloureux.

Harry se mordilla la lèvre et il hocha la tête, observant Théo ouvrir le tiroir de sa table de nuit et en sortir une petite fiole contenant une potion bleu pâle. Notant qu'il y en avait un certain nombre, Harry fronça légèrement les sourcils.

— Tu as du mal à dormir ?

Théo écarta la question d'un haussement d'épaules et d'un laconique « Insomnies », sans donner plus de détails. Harry le laissa verser quelques gouttes de poussos dans la fiole et il la but sans protester lorsque Théo la lui remit.

Somnolent, il s'allongea et alors que le sommeil le gagnait, il ne put s'empêcher de murmurer quelques mots.

— Je suis vraiment désolé, Théodore...

Avant qu'il ne puisse s'inquiéter des mots qui avaient franchi ses lèvres, il dormait profondément.

Harry se réveilla dans une chambre inconnue et il cligna plusieurs fois des yeux, avant de se souvenir de l'endroit où il était. Il avait ignoré la demande de Kingsley pour aller au cœur de l'allée des Embrumes, après avoir mis Hermione au courant de ses projets. Il était dans la chambre de Théodore Nott et Drago Malefoy n'était pas très loin. Les deux Serpentard pensaient qu'il était amnésique.

Harry se passa la main sur le visage, la culpabilité le rongeant. Il avait peut-être de bonnes raisons d'avoir mis en place cette mascarade, mais Nott ne méritait pas ça...

Le jeune homme se redressa ensuite et il constata qu'il avait dû dormir la plus grande partie de la journée puisqu'il faisait sombre dans la chambre. Il sursauta brusquement lorsqu'une voix s'éleva d'un coin de la chambre.

— De quoi es-tu désolé ?

Harry posa une main sur son cœur, battant la chamade et il plissa les yeux, distinguant une vague silhouette installée sur une chaise. Il n'avait pas besoin de ses lunettes ou de lumière pour reconnaître la voix de Drago Malefoy, et il marmonna, incertain.

— Quoi ?

Malefoy précisa, visiblement déterminé à obtenir une réponse.

— Lorsque Théo t'a donné le somnifère, tu as dit que tu étais désolé avant de t'endormir. D'ailleurs, même s'il ne te dira rien par politesse, évite de l'appeler Théodore. Ça lui rappelle de mauvais souvenirs de son père.

Harry hésita, puis il répondit, sans cacher son incertitude.

— Je suppose que j'étais désolé de causer tant de problèmes. Après tout, tu n'étais pas spécialement ravi de me voir.

Malefoy laissa échapper un ricanement et il marmonna, agacé.

— Typiquement Potter...

Finalement, Malefoy se leva et approcha du lit. Il prit les lunettes de Harry sur la table de chevet près du lit et les lui tendit. Harry les enfila et soupira de retrouver une vision correcte.

Malefoy le fixait comme s'il essayait de lire ses pensées et Harry grogna, se sentant soudain de mauvaise humeur.

— C'est le moment où tu vas me dire de rester loin de ton ami ?

Malefoy leva un sourcil moqueur.

— Peut-être. Peut-être que j'allais te proposer de te ramener près de chez toi ?

Harry plissa les yeux, puis il secoua la tête lentement.

— Je ne connais que Théo et toi. Et mon instinct me dit que je peux avoir confiance en Théo. Donc... je ne partirai que s'il me le demande.

Malefoy soupira.

— Foutue tête de mule bornée. Tu es un fichu aimant à problèmes, Potter. Notre vie est assez merdique comme ça, on n'a pas besoin de... gérer les cataclysmes que tu vas inévitablement provoquer.

Harry ouvrit la bouche, prêt à protester, conscient qu'il réagissait exactement comme autrefois à Poudlard face à Malefoy, mais incapable de s'en empêcher, lorsque la porte s'ouvrit.

Nott fronça les sourcils en découvrant Malefoy près de Harry, bien réveillé, et il lui lança un regard noir.

— Drago ? Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre exactement ?

Malefoy lui lança un regard prétendument innocent et il répondit, le ton dégoulinant d'ironie.

— Je veille sur notre invité, voyons.

Nott roula des yeux et fixa son attention sur Harry, comme pour s'assurer qu'il allait bien et ce dernier sourit. Il jeta un petit coup d'œil en biais à Malefoy avant de déclarer, calmement.

— Tout va bien. Je suppose que Drago s'inquiète pour son ami qui a ramené un étranger chez eux...

Malefoy le fixa, les yeux plissés, puis il secoua sèchement la tête avant de hausser les épaules.

— Peu importe. Débrouille-toi avec lui.

Nott s'approcha du lit et Harry remarqua qu'il tenait une assiette emplie de sandwiches. Il la lui tendit, un peu gêné.

— Ce n'est pas grand-chose, mais je ne savais pas trop ce qui serait le mieux. Je me suis dit que tout le monde aime les sandwiches après tout.

Harry prit l'assiette, les mains un peu tremblantes, sa culpabilité revenant le hanter alors que Théo Nott prenait soin de lui au-delà de ses espérances. Il le remercia, la voix un peu tremblante.

— Merci beaucoup, Théo. C'est parfait.

Pour s'empêcher d'avouer tout ce qu'il avait sur le cœur, Harry mordit dans le premier sandwich et il hocha la tête en signe d'appréciation.

— Tu as raison, j'aime ça.

Nott laissa échapper un rire amusé et Harry continua de manger en silence. Quand il eut terminé, il se mordilla un instant la lèvre, avant de demander, avec un peu d'hésitation.

— Tout à l'heure, j'ai entendu Drago te reprocher d'avoir manqué ton travail. Tu ne risques pas d'ennuis ? Et qu'est-ce que tu fais ?

Nott grimaça et il renifla, en secouant la tête.

— Ne t'en fais pas pour ça. Disons qu'on est un genre de main-d'œuvre. Comme Drago l'a dit, nous sommes des parias, alors on nous laisse le sale boulot.

Harry s'obligea à rester calme, mais il serra le poing contre sa cuisse, jusqu'à ce que ses ongles pénètrent dans la paume de sa main.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant