Chapitre 23

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Immédiatement, les souvenirs du jour de la bataille envahirent Harry. La mention de Goyle suffit à lui rappeler la salle sur demande, le moment où Malefoy et ses deux gorilles avaient tenté de leur barrer la route. Si Malefoy ne semblait pas vraiment convaincu et qu'il paraissait vouloir être n'importe où pourvu que ce soit loin de Poudlard, Crabbe et Goyle prenaient leur rôle plus au sérieux.

C'était Crabbe qui avait lancé le feudeymon avec un regard presque fanatique. Malefoy avait semblé sur le point de s'effondrer et Goyle avait hésité...

Harry avait entraîné ses amis jusqu'à un tas de vieux balais, des brossdur, pour qu'ils puissent survoler le monstre de flamme et s'enfuir.

Il se souvenait de la chaleur infernale, de son cœur qui battait follement, de son inquiétude pour ses amis...

Puis, il avait tourné la tête et il avait vu Malefoy, traînant péniblement un Goyle inconscient escaladant les monceaux d'objets abandonnés tant bien que mal. Des sillons clairs marquaient ses joues pleines de suie, preuve qu'il avait pleuré, mais même si Goyle le ralentissait, il ne l'abandonnait pas.

Malefoy savait qu'ils étaient condamnés, qu'ils n'avaient aucune chance face à un feudeymon, mais il s'acharnait, portant Goyle comme il le pouvait et vacillant régulièrement comme s'il allait glisser et tomber au cœur du brasier.

Harry n'avait pas eu besoin de réfléchir. Il avait immédiatement fait demi-tour, ignorant les cris de ses amis. Il était incapable d'abandonner Malefoy, même s'ils n'avaient jamais été amis...

Lorsqu'il arriva à sa hauteur, Malefoy était au sommet de la montagne d'objets hétéroclites, Goyle à ses pieds. Il avait regardé Harry avec une expression de surprise presque comique, mais lorsque ce dernier lui avait tendu la main, Malefoy n'avait pas hésité. Il avait attrapé la main tendue et il avait sauté souplement sur le balai.

Dès qu'ils furent serrés l'un contre l'autre, Harry avait repris son souffle. Il savait que Ron et Hermione allaient se plaindre, mais qu'ils ne laisseraient pas Goyle brûler vif.

Le visage collé contre son dos et ses bras autour de sa taille, Malefoy lui avait soufflé le nom de Goyle d'un air suppliant et Harry l'avait rassuré, lui faisant signe de se retourner. Effectivement, les balais de Hermione et Ron volaient côte à côté et ils soutenaient comme ils le pouvaient le garçon inconscient.

Harry avait senti Malefoy se détendre contre lui et ils avaient eu quelques précieuses secondes où ils ne se battaient pas, où ils étaient juste... proches.

Il secoua la tête, revenant au présent, et il mentit sciemment en évitant le regard de Théo.

— Ce nom devrait me rappeler quelque chose ?

Théo laissa échapper un bref rire amusé.

— Excuse-moi, j'ai tendance à oublier que ton passé est une page blanche. Greg était avec nous à Poudlard.

— Et il n'est pas avec vous ?

Théo hésita, puis il haussa les épaules.

— Il a très mal vécu les suites de la guerre. Il avait toujours obéi aveuglément à son père, surtout depuis la mort de sa mère et... lorsque son père a été envoyé à Azkaban, il s'est retrouvé à devoir élever ses deux jeunes sœurs. Il a préféré s'exiler en Russie, pour leur offrir une vie à peu près normale. Drago est le seul qui soit en contact avec lui et d'après ce qu'il nous a dit, il... est un genre d'homme à tout faire à Durmstrang.

Harry hocha poliment la tête, comme s'il n'était pas touché par l'histoire de son ancien camarade. Théo secoua la tête et reprit, se perdant dans ses pensées.

— Greg avait un meilleur ami, Vincent. Il est mort pendant la guerre. Nous n'avons jamais eu les détails, mais Greg nous a juste dit que Vince avait fait une terrible bêtise et que... qu'il avait failli tous les tuer. Il a remercié Drago de l'avoir aidé et il a ajouté quelque chose comme quoi tu avais sauvé Drago et qu'ils avaient peut-être eu tort depuis le début. Nous n'avons jamais eu de précisions, Drago refuse obstinément d'en parler...

Harry cligna des yeux et il sentit ses joues chauffer. Il se tortilla, mal à l'aise, avant de murmurer, en fixant obstinément le sol.

— Je ne pense pas être quelqu'un d'extraordinaire, Théo.

Le jeune homme laissa échapper un bref gloussement en le conduisant avec douceur jusqu'au lit, où ils s'assirent, côte à côte.

— Et bien, ce n'est pas à toi d'en décider. Je suppose que tes actes passés parlent d'eux-mêmes.

Harry resta silencieux, le cœur lourd, regrettant son idée stupide. Il se sentait coincé au milieu de ses mensonges et il craignait de blesser ses nouveaux amis en avouant la vérité.

Cependant, il savait également que cette situation ne pourrait pas durer éternellement et qu'il y aurait un moment où il devrait tout révéler.

Théo l'attira contre lui, et Harry se laissa aller, acceptant le réconfort qu'il n'estimait pas mériter. En s'agrippant au jeune homme qui était venu à son secours, il ferma les yeux, et décida qu'il affronterait la situation plus tard. Pour l'instant, il pouvait juste profiter un peu de la présence de Théo, cuisiner pour lui et ses amis, prétendre qu'il était quelqu'un d'autre qui vivait entouré d'amis.

Théo resta silencieux, gardant Harry dans ses bras sans protester, lui frottant doucement le dos comme s'il sentait qu'il avait besoin de réconfort.

Harry commençait à somnoler quand il s'éloigna à contrecœur, un peu plus calme.

— Qu'est-ce qui a déclenché tout ça ? Je veux dire, tu voulais m'expliquer quelque chose ?

Théo prit une grande inspiration.

— L'Allée des Embrumes a toujours été un endroit dangereux, où un passant égaré risquerait d'être détroussé avant d'avoir compris ce qui lui arrivait. Je veux dire... les passages à tabac sont réguliers. Cependant, il y a eu plusieurs morts violentes et les corps ont été exposés à divers endroits très fréquentés de l'Allée. En général, lorsqu'il y a des règlements de comptes, ceux qui se débarrassent de leurs ennemis le font en toute discrétion pour ne pas attirer l'attention du Ministère.

Harry fronça les sourcils, avant de demander, prudemment.

— Est-ce que tu es en train de me dire que quelqu'un qui n'est pas de l'Allée des Embrumes tue des gens et qu'il les laisse ici ?

Théo hocha la tête, gravement.

— C'est exactement ce que je suis en train de dire, oui. Nous sommes plusieurs à nous relayer pour surveiller les alentours et je suppose que Drago est grognon parce que nous sommes de corvée pour la nuit à venir...

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant