Chapitre 28

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Harry était resté seul dans la chambre de Théo, perdu dans ses pensées. Il avait fini par se calmer et par repousser tous les soucis qui encombraient son esprit, avant de quitter la pièce pour aller préparer le dîner. Il regrettait d'avoir perdu du temps à s'isoler conscient qu'il y aurait une fin brutale à sa présence en cette maison.

Harry se dirigea directement dans la cuisine, ignorant le silence pesant dans la maison et résistant à la tentation de chercher Théo ou Drago.

Il dénicha de quoi préparer une tourte aux légumes et commença à cuisiner. Concentré sur sa tâche, il sursauta lorsqu'une voix s'éleva.

— Tu n'es pas obligé de faire ça.

Le cœur battant, Harry se retourna pour découvrir Théo à l'entrée de la pièce, qui l'observait. Il lui sourit et haussa les épaules.

— J'aime cuisiner apparemment.

Théo hésita brièvement, puis il demanda, incertain.

— Tu vas bien ?

Harry fronça les sourcils, perplexe.

— Bien sûr. Pourquoi ça n'irait pas ?

Le silence gêné lui fit lever la tête et Théo finit par souffler, mal à l'aise.

— Je suppose que ça doit être un choc d'apprendre que tu vas te marier.

Harry gloussa aussitôt.

— Je ne vais pas me marier, Théo. Je suis certain que c'est une erreur.

Théo pencha la tête, puis il marmonna avec un soupir.

— Si tu restes dans le déni, tu risques un sacré choc lorsque ta jolie fiancée rougissante te sautera au cou à ton retour chez toi.

Le cœur de Harry se serra et posa les mains sur le plan de travail, comme pour se soutenir.

— Tu veux que je parte ?

Théo laissa échapper un soupir et il secoua la tête en baissant les yeux.

— Non. Mais ce n'est pas de moi dont il s'agit. Harry, tu as une vie et un avenir là-bas.

Le cœur battant, Harry osa finalement demander.

— Et pas ici ?

Théo resta silencieux si longtemps que Harry se remit à cuisiner, épluchant les légumes avec plus de brusquerie que nécessaire. Finalement, Théo s'approcha de lui jusqu'à être épaule contre épaule, avant de répondre, hésitant.

— Être enfermé ici, à ne pas pouvoir sortir pour ta sécurité ce n'est pas une vie. Harry... tu finirais par nous détester d'être prisonnier.

Harry laissa échapper un bref rire amer.

— Il n'y a pas de solution, alors.

Théo soupira et força un sourire sur ses lèvres avant de répondre.

— Il y a une solution au contraire. Tu rentres chez toi et tu reprends ta vie là où tu l'as laissée.

Harry rassembla les légumes coupés en morceaux et les mit dans une poêle avant de se tourner vers Théo.

— Et toi ?

Théo sembla perplexe, alors Harry précisa, en le fixant dans les yeux.

— Est-ce que tu seras dans cette vie ou je devrais t'oublier ?

Théo ferma les yeux, avant de soupirer, avec un petit sourire en coin.

— Drago m'avait prévenu que tu étais têtu. Harry, je ne fais pas partie des gens fréquentables, tu sais ? Je suis sûr que tu as plein d'autres amis qui attendent ton retour.

Harry se tourna pour remuer le contenu de sa poêle et il rougit légèrement en soufflant.

— Pas vraiment. Pas des amis comme toi.

Théo resta silencieux alors que Harry continuait de cuisiner, l'observant préparer une béchamel et y mettre les légumes. Le jeune homme étala ensuite la pâte qu'il avait préparée et l'installa dans le moule avant d'y verser sa préparation.

Il recouvrit le tout d'une nouvelle couche de pâte et plaça la tourte au four. Il allait commencer à faire la vaisselle lorsque Théo l'attira vers lui.

— Laisse ça un instant.

Harry leva les yeux vers lui avec une expression têtue, déterminé à ne pas laisser Théo derrière lui. Ce dernier l'observa avec presque de la tendresse, avant de laisser échapper un bref rire.

— Tu ne peux pas imaginer le nombre de fois où j'ai plaisanté avec Drago à propos de son obsession pour toi. Maintenant, je commence à comprendre pourquoi tu l'intriguais à ce point, je pense.

Harry se renfrogna légèrement.

— Parce que je suis têtu ?

Théo ricana.

— Disons que tu es obstiné. Mais tu sembles prêt à déplacer des montagnes. Plus encore, tu sembles croire que tu vas pouvoir le faire. Plier le monde selon ta volonté.

Harry cligna des yeux, un peu surpris, et Théo reprit immédiatement.

— À Poudlard, tu as plié les règles de l'école comme tu le souhaitais. Tu étais le protégé de Dumbledore alors je suppose que c'était plus facile pour toi, mais les choses ne marchent pas comme ça en général. Tu ne peux pas changer les frontières du monde magique pas plus que tu ne peux changer des siècles de mauvaises opinions sur l'Allée des Embrumes.

Harry soupira juste, conscient que Théo avait raison sur ce point. Il ne pouvait pas modifier l'opinion des sorciers sur l'allée des Embrumes. Théo secoua la tête avec un soupir.

— Je ne comprends même pas pourquoi tu t'obstines à ce point.

Harry hésita en levant les yeux vers Théo, puis il se pencha et il pressa brièvement ses lèvres sur celles du jeune homme. Les joues écarlates, il murmura, dans un souffle hésitant.

— Parce que tu es spécial.

Théo cligna des yeux et il leva la main pour la passer sur ses lèvres, visiblement surpris du geste de Harry. Il murmura « Harry... » avant de reculer d'un pas.

— Je ne peux pas... profiter de toi comme ça. Tu es amnésique et je t'ai aidé. Tu penses peut-être que... que c'est réel, mais si tout s'effondrait quand tes souvenirs reviendront ?

Harry essaya de ne pas être blessé par ce qui lui semblait être un rejet et il répondit, sans quitter Théo des yeux.

— Et si ça ne changeait rien ? C'est réel pour moi, Théo. Drago et toi m'avez suffisamment parlé du passé et de nos... querelles d'enfant pour que je sache dans quoi je m'engage.

Voyant que Théo semblait camper sur ses positions, Harry déglutit, la gorge nouée par le mensonge qu'il proférait.

— Et si je ne retrouve jamais mes souvenirs ? Je dois juste... abandonner l'idée de... d'être heureux ?

La sonnerie du four les interrompit et Théo en profita pour s'esquiver, en évitant soigneusement son regard.

— J'ai besoin de réfléchir, d'accord ? Je dois me préparer, nous allons bientôt partir...

Avant que Harry ne puisse protester, Théo avait quitté la cuisine et Harry résista à l'envie de jeter quelque chose, furieux.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant