Chapitre 26

302 48 2
                                        


Harry attira maladroitement Théo dans ses bras, la gorge nouée. Théo marmonna, sans essayer de se dégager.

— Cependant, il m'a laissé ce nom que j'ai en horreur. Il a commis des atrocités et les sorciers ont besoin de pouvoir détester quelqu'un... ceux qui sont à Azkaban sont hors de leur portée, alors il reste nous, leurs héritiers.

Harry le serra un peu plus en grognant doucement.

— C'est injuste. Tu ne devrais pas être obligé de vivre ici. Pas plus que les autres.

Théo soupira en rendant à Harry son étreinte.

— Nous sommes vivants et vivre en groupe nous permet de ne pas être isolés. Nous sommes peut-être des parias, mais nous avons réussi à ne manquer de rien. Je t'assure que cette maison est un palace selon les critères de l'Allée.

Harry laissa échapper un rire nerveux.

— Je veux bien te croire. Mais j'aimerais tant vous aider.

Théo s'éloigna pour fixer Harry dans les yeux.

— Tu ne peux pas forcer les sorciers à nous pardonner ou à nous voir autrement. Je préfère mille fois vivre ici, malgré le danger et tous les inconvénients de cet endroit, plutôt que dans le monde magique en étant rejeté et regardé comme un monstre.

Harry déglutit en hochant la tête, la gorge nouée.

— Je comprends. Et là, tout de suite, je n'ai pas envie de retrouver la mémoire, parce que je préfère rester ici avec toi.

Les yeux brillants, Harry fixait Théo, espérant qu'il verrait à quel point il était sincère. Depuis qu'il était près de Théo, il avait l'impression d'être en paix. Il ne savait pas comment décrire cette sensation, mais il était certain d'une chose : il ne voulait pas perdre ce sentiment d'être enfin à sa place.

Cette prise de conscience lui rappela la dernière conversation qu'il avait eue avec Ginny. S'il avait la possibilité de lui parler en cet instant, il lui dirait qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait depuis si longtemps...

Théo lui adressa un sourire triste et il recula légèrement.

— Harry... tu ne peux pas dire ça. Écoute, je t'apprécie énormément, mais je t'ai trouvé et aidé alors que tu n'avais pas le moindre souvenir de qui tu étais. Je suppose que tu t'es attaché à moi, parce qu'en ce moment je suis la seule personne qui te semble familière. Tu as une famille et des amis, je suis certain que quand tu te souviendras d'eux, tu voudras les retrouver...

Harry ouvrit la bouche pour protester et se rendit compte qu'il ne pouvait pas convaincre Théo sans dévoiler qu'il n'avait jamais été amnésique. Il se frotta le visage, avec un soupir agacé.

— Je t'assure que je ne pourrais pas t'oublier si facilement. Ce n'est pas juste de la reconnaissance, Théo.

Harry pouvait encore lire des doutes dans le regard de Théo et il soupira, voulant désespérément faire comprendre au jeune homme à quel point il était devenu important en quelques jours. En quelques heures.

Sans réfléchir, Harry se pencha vers Théo et il déposa un léger baiser sur sa joue, avant de reculer, les joues rouges, mais avec un regard déterminé.

Théo sembla surpris, le fixant en silence, puis il porta sa main à sa joue et caressa distraitement l'endroit où les lèvres de Harry s'étaient posées.

L'instant fut brisé par l'entrée fracassante de Malefoy et lorsqu'il vit Harry et Théo si proches, il plissa les yeux, avec une expression furieuse.

— Potter... je peux savoir à quoi tu joues ?

Harry cligna des yeux, puis il jeta un bref coup d'œil en direction de Théo qui semblait tout aussi perplexe.

Malefoy roula des yeux et avança, jusqu'à se placer devant Harry et il le pointa du doigt.

— Toi... tu tombes dans l'Allée des Embrumes comme par hasard, hein ? Sauf que tu essaies peut-être de te cacher ?

Harry secoua la tête avec une expression ahurie, ne comprenant pas ce que Malefoy racontait. Finalement, ce dernier roula des yeux et sortit de sa poche un exemplaire de la Gazette du sorcier.

— Le journal de ce matin ne parlait pas de toi. Mais je n'avais pas encore celui d'hier matin. Tu sais, le matin où tu as débarqué de nulle part ? Devine, Potter ? Tu fais la une !

Avec une grimace, Malefoy lui lança le journal sur les genoux et Harry le déplia avant de hoqueter.

Visiblement, il avait été suivi le soir où il était allé dîner avec Ginny. Il y avait quelques photos de leur soirée, alors qu'ils riaient et plaisantaient ensemble. Puis, des photos de Ginny tendant la main pour lui montrer sa bague de fiançailles, donnant l'impression qu'il venait de la lui passer au doigt, et d'eux enlacés, lorsqu'il l'avait félicitée.

Le titre était sans équivoque : « Mariage en vue ».

Le journaliste rappelait leur longue amitié, ainsi que leur brève histoire ensemble. Puis, en se basant sur quelques photos volées, il inventait une histoire passionnée qu'ils avaient gardée secrète, sacrifiant leur amour pour leurs carrières respectives.

Horrifié, Harry secoua la tête.

— C'est impossible !

Harry leva la tête vers Théo et il détesta son regard triste. Malefoy attira son attention en grognant.

— Bon sang, Potter. Tu demandes enfin ta belette en mariage, puis tu paniques et tu viens te cacher ici ?

Le souffle court, Harry se leva, laissant le journal tomber au sol.

— Non ! Je suis certain que c'est totalement inventé ! Je m'en souviendrais peut-être, si j'étais engagé ou quoi que ce soit, non ? Et cette fille serait à ma recherche si j'avais subitement disparu !

Malefoy pencha la tête et soupira.

— Elle te court après depuis Poudlard. C'est une évidence que tu vas finir marié avec elle...

Harry se renfrogna.

— Et pourquoi ce serait une évidence ? Ce n'est pas parce que je passe du temps avec une fille que je vais l'épouser !

Théo intervint, d'une voix douce.

— Harry... Quoi qu'elle représente pour toi, Ginny Weasley fait partie de tes amis proches. Peut-être que nous devrions la contacter et...

Malefoy l'interrompit avec un rire dur.

— Et cette foutue Weasley viendra avec une armée d'Aurors et nous serons expédiés à Azkaban pour avoir touché leur précieux héros.

Enragé, Harry se leva, les poings serrés. Il fixa Malefoy d'un air mauvais quelques secondes, puis il secoua la tête et il quitta la pièce sans un mot, préférant se retrancher dans la chambre de Théo.

Finalement, son petit stratagème se retournait contre lui. Il avait tenté de laisser de côté ses mensonges et il s'était attaché à Théo. Il avait commencé à réellement apprécier Malefoy et Daphnée était une chouette fille.

En cet instant, tout s'écroulait autour de lui. Il ne pouvait pas rétablir la vérité sans perdre ces nouvelles relations si fragiles, pour son plus grand désespoir...

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant