Chapitre 38

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Ginny le fixa un long moment avant de souffler en levant les yeux au ciel.

— Je suis sûre qu'ils ont eu des soupçons, Harry. Même si je n'aime pas Malefoy, je ne peux pas nier qu'il peut être plutôt malin...

Harry se rembrunit.

— Hermione a débarqué en hurlant et forcément, Drago a découvert toute la supercherie ainsi et il m'a frappé. Il ne veut plus me voir et...

Ginny leva la main, l'arrêtant.

— On s'en fiche de l'avis de Malefoy. Il s'en remettra... Ton Théo, qu'est-ce qu'il a dit ?

Harry gémit en fermant les yeux.

— Il ne devait pas être là, parce qu'il avait été blessé la veille. Mais il nous a suivis et il est arrivé en même temps qu'Hermione. Il n'a rien dit, il a juste... fait demi-tour.

Ginny émit un petit reniflement moqueur.

— Tu vas devoir ramper, mon chou.

Harry haussa les épaules.

— Peu importe. Je suppose que je le mérite...

Le jeune homme ferma les yeux et se frotta le visage, grimaçant en sentant le début de barbe qui avait poussé. Ginny déclara tout d'un coup, d'un air neutre.

— Tu sais, si tu ne viens pas au Terrier, tout le monde imaginera que nous sommes quand même fiancés. Maman est persuadée que c'est moi qui... ne fais pas d'efforts pour que ça marche entre nous à cause de ma carrière.

Harry grommela, agacé.

— Emmène Gwenog.

Ginny lui donna une violente bourrade, vexée.

— Hey ! Je ne suis pas vraiment prête à la propulser au milieu de ma famille extrêmement intrusive. Sans compter que je devrai faire face aux questions gênantes.

Harry lui glissa un coup d'œil en coin.

— Tu vas vraiment leur annoncer ? Ou tu vas te dégonfler ?

Ginny le cogna une fois encore, avant de grogner.

— Je vais le faire. Je suis obligée. Je ne peux pas les inviter à mon mariage sans avoir... donné un minimum d'explications. Et j'en ai assez que maman me demande de faire des enfants avec toi.

Harry rougit violemment et s'étouffa à demi, avant de se redresser, choqué.

— Quoi ? Mais... Pourquoi Molly...

Ginny roula des yeux, avec un sourire moqueur.

— Du calme, Harry. Je te rappelle qu'elle croit dur comme fer que nous sommes plus ou moins ensemble et que seules nos carrières nous empêchent de... concrétiser. Elle a suggéré qu'un enfant nous permettrait de... revoir nos priorités.

Harry secoua la tête.

— Pourquoi tout le monde veut décider à ma place ?

Ginny lui lança un regard triste alors qu'il regardait dans le vide, les sourcils froncés. Finalement, Harry secoua la tête.

— Tu peux prévenir tout le monde que je vais bien et que... peu importe en fait. Juste que j'ai besoin d'air.

Ginny intervint, les sourcils froncés.

— Autrement dit, tu as l'intention de fuir.

Harry secoua la tête, avant de grimacer.

— Non... enfin peut-être. Pas tout à fait. J'ai juste besoin d'un peu de temps pour réfléchir. Pour... digérer tout ça.

La jeune femme pinça les lèvres, avant de souffler.

— D'accord. Et ensuite ?

Harry haussa les épaules, sans croiser son regard.

— Je ne sais pas.

Ginny ricana et elle se pencha vers lui.

— Moi, je sais. Ensuite, tu vas faire quelque chose d'incroyablement stupide et dangereux, parce que tu auras imaginé un autre plan idiot. Harry, nous ne sommes plus à Poudlard et...

Il l'interrompit d'un regard noir et il siffla entre ses dents, furieux.

— C'est comme ça que tu me vois ? Un idiot qui fonce sans réfléchir ?

Ginny ne se laissa pas effrayer par son humeur et elle haussa les épaules tranquillement.

— Tu as besoin qu'on te rafraîchisse la mémoire sur ton dernier plan ? Te précipiter dans l'Allée des Embrumes seul, sans soutien, sans préparation... juste en espérant être accueilli par nos anciens camarades qui étaient nos ennemis...

Harry grogna, furieux.

— J'avais raison à leur sujet ! Ils étaient juste...

Ginny se leva, sans cacher son agacement.

— Je sais ce que tu en penses, pas besoin de le répéter.

Ils se défièrent du regard, puis Harry haussa les épaules et lui tourna le dos, se réinstallant sous sa couette. Ginny le fixa un instant, incrédule, puis elle secoua la tête en marmonnant au sujet de la stupidité de certains, avant de quitter l'appartement de Harry en claquant la porte violemment.

Une fois seul, Harry soupira et il se leva. Il attrapa des vêtements au hasard et se traîna jusqu'à la douche. Après avoir hésité un instant, il ne se rasa pas, décidant qu'une barbe pourrait l'aider à passer inaperçu. Puis il s'habilla rapidement et retourna dans la pièce principale.

Il fouilla sa malle d'écolier et en sortit un sac à dos moldu qu'il avait acheté juste après la guerre. Hermione lui avait jeté un sortilège d'extension, comme elle l'avait fait sur le sac qui leur avait sauvé plusieurs fois la vie pendant leur fuite... Il jeta dedans une brassée de vêtements, ainsi qu'une pile de livres qu'il devait lire depuis une éternité. Il regarda autour de lui et soupira, avant d'ajouter la photo de ses parents, celle de Sirius et Rémus et enfin celle de Teddy, qu'il gardait près de son lit.

Ne voyant rien d'autre qui puisse lui servir, il attrapa son sac et quitta son appartement rapidement.

Si Ginny était venue le débusquer chez lui, il savait que Hermione et Ron ne tarderaient pas. Il ne tenait pas à leur faire face alors qu'il se sentait aussi perdu et aussi instable. Hermione exigerait des réponses et essaierait de le raisonner. Si en plus Molly s'en mêlait, Harry n'était pas certain de pouvoir garder son calme et il craignait dire des choses qui dépasseraient sa pensée...

Il sortit de l'immeuble comme s'il avait un but précis en tête, alors qu'il réfléchissait toujours à l'endroit où il pourrait s'installer. Finalement, il s'engouffra dans une ruelle déserte et il transplana, le cœur battant.

Arrivé à sa destination, il sut tout de suite que c'était une mauvaise idée. Rien n'avait changé dans le quartier, hormis le 4, Privet Drive qui était abandonné.

Il savait que son oncle et sa tante avaient déménagé pour leur propre sécurité, mais il n'avait pas imaginé que les fenêtres et les portes de la maison puissent être renforcées par des planches de bois donnant à la maison de son enfance un vague air de ressemblance avec la cabane hurlante.

Le jardin était envahi d'herbes folles et il se souvint des heures passées à soigner les précieuses fleurs de sa tante. Il avait détesté ces corvées, mais en cet instant, il regrettait juste que tout son travail acharné ait été anéanti par le temps.

La maison ne lui rappelait que des mauvais souvenirs et il refusa d'avancer et d'y entrer. À la place, il recula, le cœur au bord des lèvres avant de transplaner de nouveau.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant