Chapitre 48

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Théo le fixa longuement, comme fasciné, avant de hocher lentement la tête, gardant le silence. Harry lui sourit avant d'expliquer tranquillement.

— Ce que j'essaie de te dire, c'est que je suis prêt à créer notre propre communauté magique.

Théo cligna des yeux, avant d'objecter, perplexe.

— Mais c'est impossible ! On ne peut pas juste décider...

Harry l'interrompit tranquillement, avec un sourire.

— En fait, c'est possible. Et légal. C'est le même principe que les moldus qui décident de créer leur propre micronation, en fait. Du moment que nous avons un endroit où vivre et une population permanente. Dans notre cas, la troisième condition exigée est la plus simple : je ne pense pas que Kingsley refusera cette idée, puisque nous suivrons les lois du monde magique.

Théo secoua la tête, effaré.

— Mais... C'est impossible ! Personne ne peut faire ça !

Harry laissa échapper un bref rire amusé.

— Quelques originaux moldus l'ont fait, tu sais. Avec divers degrés de réussite. Cependant, ils voulaient en premier lieu modifier les lois existantes pour correspondre à leurs idéaux. Mon idée est juste de créer notre propre communauté pour échapper aux commentaires acerbes du monde magique.

Théo soupira, ayant visiblement du mal à croire que l'idée de Harry était réelle.

— Nous ne pouvons pas juste vivre dans un coin en décidant que le reste ne nous concerne pas. Je veux dire, nous aurons besoin d'acheter des choses, par exemple.

Harry lui adressa un petit clin d'œil amusé.

— Évidemment. Mais il nous suffit d'une petite boutique ayant des échanges avec le reste du monde magique pour obtenir à peu près n'importe quoi. Mon nom suffira à ouvrir les portes, crois-moi...

Théo plissa les yeux.

— Une petite boutique..., mais tu es Auror, Harry !

Harry renifla, amusé.

— Je prévois un léger changement de carrière. Disons que je serais un... Auror honoraire, chargé de faire respecter les lois dans notre communauté, si elle devait s'agrandir. Quant à cette boutique, Ron a de l'expérience en commerce depuis qu'il travaille avec son frère. Il y a encore des choses à planifier, bien évidemment. Mais je suis certain que tout s'arrangera au fur et à mesure.

Théo leva un sourcil, ne quittant pas Harry des yeux.

— Et où vivrons-nous ? Ta belle idée ne convaincra pas nos éventuels voisins de nous regarder avec indulgence.

Harry haussa les épaules.

— Dans le pays, il existe des villages fantômes. Des hameaux de quelques maisons qui ont été abandonnés alors que les habitants voulaient se rapprocher des grandes villes. Ou lorsqu'il n'y avait plus de travail à proximité. Tout est resté en l'état. J'ai pu le constater de moi-même en me baladant sur cette île. Il y a à quelques kilomètres d'ici un petit groupe de maisons laissées à l'abandon. J'ai les moyens d'acheter ce village, avec l'argent laissé par mes parents, et puisque nous sommes des sorciers, il ne sera pas compliqué de rénover les maisons.

Théo écarquilla les yeux, abasourdi.

— Tu veux acheter un village ?

Harry gloussa en hochant la tête.

— Un village abandonné. Oui. C'est tranquille, entouré de forêt, ce qui nous offre assez d'intimité pour dissimuler que nous sommes des sorciers aux moldus.

Théo laissa échapper un rire nerveux.

— En fait, je ne sais pas quoi dire. Ça semble... trop beau pour être vrai. Je sais que ce n'est pas ton genre, mais je m'attends presque à ce que tu éclates de rire et que tu dises que c'était une blague...

Harry soupira.

— Je suis sérieux, Théo. Il y aura probablement des obstacles, mais je suis certain que nous parviendrons à les surmonter.

Théo hocha la tête.

— C'est un sacré pari. Un sacré saut dans l'inconnu...

Sans dire un mot, Harry serra un peu plus fort la main de Théo, espérant qu'il le suivrait. Son idée semblait totalement folle, il en avait conscience, mais il était certain qu'il parviendrait à obtenir exactement ce qu'il voulait. La vie dont il avait toujours rêvé.

Voyant l'indécision dans les yeux du jeune homme près de lui, il murmura, avec douceur.

— Tu n'as pas à prendre de décision immédiatement. Tu peux y réfléchir, Théo. Je vais juste continuer à... améliorer tout ça, jusqu'à ce que tu puisses voir que c'est possible, d'accord ?

Théo roula des yeux, amusé, et il se pencha vers Harry pour l'embrasser rapidement, à peine un effleurement.

— Idiot. Comme si j'allais te tourner le dos alors que tu es littéralement en train de m'offrir un monde entier...

Harry gloussa nerveusement.

— Un village en fait. Abandonné.

Théo sourit en coin.

— C'est un sacré cadeau, tu sais. De quoi créer des légendes, au moins. Le héros qui courtise l'ancien Serpentard, banni du monde magique, en lui offrant un village.

Harry leva un sourcil moqueur.

— Je pourrais trouver un village abandonné plus grand, bien sûr, mais j'ai trouvé cette île vraiment charmante. Malheureusement, l'île n'était pas à vendre alors...

Théo plissa brièvement les yeux, essayant de déterminer si Harry était sérieux ou non, puis il ricana.

— Tu es cinglé. Je pourrais m'inquiéter de l'avenir, mais en fait, je commence à y prendre goût... Tu sais, ne jamais savoir à quoi m'attendre avec toi.

Harry se leva et attira Théo à lui, avant de l'enlacer avec un soupir satisfait.

— Tu m'as vraiment manqué. Je sais que... nous n'avons pas passé beaucoup de temps l'un avec l'autre et que ça semble... rapide, mais...

Théo l'interrompit, sans cacher son sourire tendre.

— Tu m'as manqué aussi. Drago m'a dit que j'étais un idiot au cœur tendre, mais je préfère penser que nous étions destinés à nous trouver.

Harry hocha la tête, pensivement.

— Habituellement, le destin est plutôt... cruel avec moi, mais ça en valait la peine, si c'était pour te trouver à l'arrivée.

Théo secoua la tête avec un rictus moqueur.

— Si mes... nos amis nous entendaient, ils se moqueraient de nous sans fin pour tout ce sentimentalisme, tu sais ?

Harry lui adressa un bref clin d'œil.

— Nous ne sommes pas obligés de leur dire. Tant que nous savons tous les deux à quoi nous en tenir... Par contre, Hermione adorerait. Elle... a un certain goût pour la romance et elle risque de poser des questions sans relâche.

Théo cligna brièvement des yeux, son sourire se fanant légèrement.

— Ça semble si normal, si naturel. C'est... comme dans un rêve.

Harry l'embrassa doucement et chuchota, empli de certitudes.

— C'est réel, Théo. Totalement réel. 

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant