Amnésie

Chapitre 40

Bien que Harry se sente de mieux en mieux au fil des jours, il savait que son isolement n'était pas une solution. Il devrait faire face à ses amis et leur expliquer son comportement.

Il devrait également retourner travailler, et s'adapter aux changements qu'il prévoyait de faire dans sa vie.

Il devrait aussi probablement de solides excuses à Kingsley, qui avait essayé de l'aider, et que Harry avait systématiquement repoussé. Il s'était entêté comme un idiot et il avait fini par se laisser engloutir par son travail exigeant.

Harry savait que c'était totalement égoïste, cependant il prenait le temps dont il avait besoin pour se remettre et aller mieux.

Le dixième jour de sa retraite, Harry rentra une fois de plus exténué chez lui et il se figea en découvrant Daphnée l'attendant, avec une expression impassible.

Après une brève hésitation, Harry lui sourit chaleureusement et il la serra dans ses bras avec un rire ravi.

Daphnée avait semblé inquiète d'être mal accueillie, mais elle se détendit en voyant le sourire ravi de Harry. Il la fit entrer et il se laissa tomber sur sa chaise en bâillant, sans cacher son épuisement.

— Daph' ! Qu'est-ce qui t'amène ?

La jeune femme l'observa avec attention et murmura, sans cacher sa curiosité.

— Tu as l'air... fatigué.

Harry haussa les épaules, avec un léger sourire gêné.

— Je... j'explore la région en fait. Comment va Théo ? Je suppose que Drago est toujours fou furieux contre moi ?

Daphné roula des yeux, et soupira.

— Drago était particulièrement vexé de s'être laissé prendre à ton petit jeu, parce qu'il se vantait d'être celui qui te connaissait le mieux.

Harry se mordilla la lèvre, se retenant de ne pas presser Daphnée pour qu'elle parle de Théo. Cependant, la jeune fille murmura, sans le quitter des yeux.

— Nous avons tous lu ta lettre.

Harry rougit profondément, mal à l'aise, et il frotta les mains sur son pantalon en baissant la tête, refusant de croiser le regard de Daphné.

— Ah ?

Il aurait probablement pu s'indigner et rappeler que c'était un courrier personnel qui était destiné à Théo, cependant il songea que les autres avaient également droit à une explication... même si certains passages auraient dû rester entre eux deux.

Daphnée laissa échapper un léger rire.

— En fait, ni Pansy ni moi ne pensions que tu pouvais être romantique à ce point, quand tu le voulais.

Harry soupira et se frotta les yeux, soudain découragé.

— Est-ce que tu es venue me dire de rester loin de Théo ? De... d'oublier tout ça ?

Daphnée se leva et se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras. Harry se raidit au début, avant de se détendre dans son étreinte avec un soupir.

Daphné finit par le rassurer.

— Oh Harry... Les autres ne savent pas que je suis venue en fait. Théo... tu lui manques. Mais cet idiot est aussi têtu que toi, tu sais ? Il est persuadé que tu es mieux sans lui et que tu l'oublieras, et il... reste dans son coin à ruminer...

Harry cligna des yeux, puis il secoua la tête.

— Alors, je dois aller le voir et lui montrer que je ne compte pas l'oublier !

Daphné secoua la tête, mais elle souriait légèrement.

— Ça ne changera rien, Harry. Théo ne supportera pas de revenir dans le monde magique et d'être humilié comme il l'a été auparavant. Sa présence à tes côtés attisera les médisances de la Gazette...

Harry serra les poings et secoua la tête.

— Je n'abandonnerai pas.

Daphné hocha la tête en lui adressant un léger clin d'œil.

— J'en ai conscience. Tu sais qu'on a eu la visite de ta... pseudo-fiancée ?

Harry fronça les sourcils avant de murmurer, perplexe.

— Ginny ?

Daphné gloussa.

— Ouais. Une des Harpies dans l'Allée des Embrumes ! Crois-moi, elle n'est pas passée inaperçue. Elle s'est disputée avec Drago pendant un moment avant qu'ils ne se calment tous les deux et elle nous a dit à quel point tu étais malheureux. Elle voulait savoir si nous savions où tu étais, mais... je voulais te demander ton avis avant de lui donner ton adresse.

Harry sourit, touché de cette attention.

— Merci. J'avais besoin d'être vraiment seul pour une fois et de faire le point sur ma vie. Tout le monde me reprochait de faire passer mon travail avant tout, au point de n'avoir aucune vie personnelle... et je... j'ai compris lorsque j'ai tout gâché en mentant. Je veux dire... je comptais avouer la vérité, parce que mon amitié était sincère. Réellement. Et puis Théo a été blessé et j'ai décidé de... d'aller jusqu'au bout pour arrêter celui qui avait fait ça...

Daphnée renifla.

— À une époque, Drago aussi a pris de mauvaises décisions et on lui a pardonné. Pour moi, il n'y a rien à pardonner, Harry, parce que tu n'as rien fait pour nous blesser. Bien sûr, je ne te connaissais pas plus que ça quand nous étions à Poudlard, alors c'est moins personnel... mais sache que Pansy est de mon avis également. Écoute, tu n'as probablement pas lu la Gazette, sinon tu saurais qu'ils paniquent sur ta disparition soudaine — même si le ministre en personne a annoncé que tu étais parti en vacances. Tu saurais aussi que l'arrestation de Verpey a été rendue publique et qu'il a avoué qu'il était dans l'Allée dans le but de tuer un ancien Mangemort... et que Drago était sa cible privilégiée.

Harry cligna des yeux, surpris, puis il haussa les épaules.

— Je me suis coupé du monde magique complètement. J'ai juste dit à Ginny que je partais en vacances et...

Daphnée leva un sourcil.

— Combien de temps en vacances ?

Harry renifla, amusé.

— Assez pour me remettre, ce sont les premières que je prends depuis que j'ai commencé au Ministère...

Daphnée secoua la tête, avec un sourire moqueur. Harry revint au sujet initial, un peu perplexe.

— Je pensais que Pansy me détestait ? Pourtant tu dis qu'elle ne m'en veut pas, c'est ça ?

Daphnée soupira et hésita un bref instant, puis elle fixa Harry et finit par avouer.

— Le problème principal de Pansy à ton sujet, c'est sa jalousie non résolue. À une époque, elle était persuadée que... Drago était attiré par toi. Je veux dire... d'un point de vue romantique. Ton retour brusque signifiait à ses yeux se battre encore une fois pour l'attention de Drago. Elle a cessé de ruminer dans son coin en se rendant compte que tu n'étais intéressé que par Théo.