Harry se rembrunit et il se frotta le visage, nerveusement.
— Les victimes ont toutes été laissées dans l'Allée des Embrumes. Sais-tu ce qui se passerait si la Gazette venait à annoncer qu'un tueur sévit à cet endroit ?
Hermione haussa les épaules avec une expression méprisante.
— Tout le monde sait que la Gazette ne publie qu'un tissu d'âneries... La semaine dernière, ils annonçaient que Voldemort avait eu un enfant alors...
Harry sourit légèrement et corrigea Hermione.
— Nous savons qu'ils publient n'importe quoi pourvu que ça fasse vendre. Le monde magique a tendance à croire ce qui est imprimé, tu te souviens ?
Avec un reniflement agacé, Hermione hocha la tête et Harry reprit avec un calme qu'il était loin de ressentir.
— D'après Robards, l'opinion publique pourrait pousser le ministère à agir radicalement afin de neutraliser toute menace. Ce qui reviendrait plus ou moins à raser l'Allée des Embrumes.
Hermione sembla comprendre immédiatement les implications d'un tel acte, puisqu'elle haleta, choquée. Elle chuchota, les yeux écarquillés.
— Ce serait un désastre.
Harry hocha la tête, crispant la mâchoire alors qu'il essayait de maîtriser la colère qui le submergeait. Il siffla finalement entre ses dents.
— Les premières victimes seraient donc ceux qui se sont réfugiés dans l'Allée parce qu'ils n'avaient nulle part où aller.
Hermione hocha la tête, complétant immédiatement sa phrase.
— Comme les femmes de Mangemorts qui ne portaient pas la marque, mais qui ont été... écartées du monde magique.
Harry inspira brièvement, puis il lui tendit la page suivante du rapport, en ajoutant, d'un ton neutre.
— Pas seulement.
Hermione le regarda avec méfiance avant de prendre la feuille, puis elle la parcourut. Elle soupira et se frotta les yeux.
— Je comprends mieux pourquoi Ron n'est pas présent. Est-ce que je dois m'inquiéter pour toi, Harry ?
Le jeune homme grogna, agacé.
— Tu le savais ?
Hermione secoua la tête, les sourcils froncés.
— Absolument pas, mais même si j'avais su quelque chose, que voulais-tu que je fasse ?
Harry laissa échapper un ricanement amer.
— La plupart de nos anciens camarades de Poudlard, ceux qui étaient à Serpentard, se retrouvent dans l'Allée des Embrumes parce que personne ne veut d'eux. S'il y a quatre maisons à Poudlard, ce n'est pas pour en exclure une d'office !
Hermione tenta de modérer la déclaration de Harry, mal à l'aise.
— Les choses changent, Harry. Il s'agit de ceux ayant connu la guerre, de ceux ayant participé. Ils étaient... dans le mauvais camp.
Harry l'interrompit brusquement, ses yeux verts s'obscurcissant sous l'effet de la rage.
— Ils n'avaient pas le choix ! Bon sang, ils suivaient juste leurs parents ! Pourquoi ne pas leur donner une chance ?
Hermione leva la main, en fixant sévèrement Harry.
— Je vais devoir retourner travailler, Harry. Je suis d'accord avec toi, c'est injuste, mais nous ne pouvons rien y faire. Tu m'as convaincue sur la nécessité d'arrêter ce tueur au plus vite, mais je ne vois pas où tu veux en venir.
Harry hocha la tête et il marqua un silence, rassemblant ses idées. Puis, il murmura, le regard dans le vague.
— Kings ne veut pas que j'aille dans l'Allée. Il pense que je serais une cible évidente et que la plupart des résidents tenteraient de me tuer. Mais je dois aller poser des questions si je veux une chance d'arrêter celui qui tue des innocents. Quelqu'un a forcément vu quelque chose, mais personne ne viendra au bureau des Aurors pour témoigner, ils auront peur de nous... et je ne peux pas leur en vouloir vu comment ils sont traités !
Hermione objecta aussitôt, en ignorant l'expression agacée de son meilleur ami.
— Kingsley a raison, Harry. Même si la guerre est terminée depuis un moment, la page n'est pas tournée. Tu es le symbole de la victoire, puisque tu as tué Voldemort... ce serait vraiment du suicide de s'aventurer dans l'Allée sans protection.
Harry reprit.
— Les témoins effrayés ne parlent pas lorsqu'il y a un groupe d'Aurors. Mais ils parleront à une personne seule. Hermione, je sais que nos anciens camarades de Poudlard ne me feront pas de mal.
La jeune femme face à lui leva un sourcil moqueur en croisant les bras sur sa poitrine.
— Tu veux dire, les anciens camarades comme Drago Malefoy ?
Harry ne répondit pas, rendant son regard à Hermione. Cette dernière insista, agacée.
— Tu comptes reproduire la sixième année ? Comme lorsque tu étais littéralement obsédé par Malefoy ? Harry, nous ne sommes plus à Poudlard !
Finalement, il se leva, sourcils froncés.
— Ce n'est pas au sujet de Malefoy ! C'est au sujet du groupe entier de Serpentard qui ne méritait pas de finir là-bas. C'est surtout au sujet d'un criminel en liberté qu'il faut arrêter au plus vite !
Hermione plissa les yeux et siffla, mécontente.
— Quoi que je dise ou fasse, tu vas réellement faire quelque chose de stupide, n'est-ce pas ?
Harry haussa les épaules avec indifférence.
— Je ne vais pas les abandonner une fois de plus, Hermione. Soit tu es avec moi, soit je me débrouille. Tout le monde veut que je sois plus prudent, c'est pour cette raison que je t'en parle.
La jeune femme marmonna des mots indistincts, maudissant probablement Harry de la mettre dans cette situation. Puis, elle grogna, furieuse.
— Très bien. Fais ce que tu veux, tête de mule. J'ai dans l'idée que je vais désapprouver totalement ton idée, mais...
Harry sourit brièvement.
— Je sais que je serais en sécurité auprès des Serpentard, mais je sais aussi qu'ils ne me parleront pas... librement. Les autres Aurors restent accrochés à leurs a priori, alors ça ne fonctionnera pas non plus. Maintenant... imagine qu'ils me trouvent, blessé et amnésique.
Hermione leva un sourcil moqueur.
— Ils te laisseront sur place. Ou ils te déplaceront jusqu'au chemin de Traverse pour que tu sois retrouvé.
Harry ricana et il baissa la voix pour continuer.
— Ce sera peut-être leur première idée, mais ils sauront qu'ils seront accusés de m'avoir eux-mêmes agressé, même s'ils sont innocents. Je pense plutôt qu'ils me conduiront à un endroit sûr dans l'Allée et ils seront moins méfiants si je ne me souviens pas d'eux, n'est-ce pas ?
Hermione le fixa longuement, avec une expression illisible. Finalement, elle leva les yeux au ciel.
— Je ne sais pas si je dois être horrifiée par ton idée ou te secouer pour ton idiotie. Comment vas-tu justifier ça à ton chef ? Comment vas-tu expliquer ton absence à Kingsley ? Soit sérieux, Harry, même si tu ne te trompes pas sur leur possible réaction, tu peux difficilement jouer les amnésiques en faisant des allées et retours au Ministère !

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Amnésie
FanfictionAuror, Harry Potter est passionné par son métier, y consacrant tout son temps. Il n'hésite jamais à prendre tous les risques, sans se soucier des conséquences. Alors qu'il enquête sur une série de crimes menant tous dans l'Allée des Embrumes, Harr...