Amnésie

Chapitre 42

Daphnée resta longuement silencieuse en l'observant, puis elle haussa les sourcils, perplexe.

— D'accord. Et donc, quelques heures en notre compagnie et tu ouvres soudain les yeux sur ta vie qui ne te convient plus ? Tu as conscience que beaucoup vont penser que nous t'avons fait quelque chose ?

Harry grogna, agacé.

— Je m'en fous de leur avis.

Daphnée roula des yeux.

— Peut-être, mais ce n'est pas toi qui prendras les insultes. Tu semblais pourtant satisfait de ta vie, non ?

Le jeune homme hésita brièvement, puis il hocha la tête.

— Ouais. Je crois que... je pensais que... que je ne pouvais pas avoir mieux.

Daphnée pinça les lèvres brièvement, puis elle émit un léger reniflement sans pour autant faire de commentaire. Elle demanda juste, curieuse.

— Et donc, tu as complètement changé d'avis en quelques heures à peine ? Je veux dire, tu n'as pas vécu avec nous si longtemps que ça, après tout. Alors qu'est-ce qui a changé ?

Harry s'empourpra et baissa la tête, pour éviter le regard de Daphnée. Finalement, il murmura, incertain.

— J'ai pris conscience qu'il n'y avait plus aucune place dans mon ancienne vie. Mon travail prenait tout et je voulais...

Daphné l'interrompit, avec un rire incrédule.

— Des amis ? Harry, tu as déjà des amis !

Harry leva la tête en fronçant les sourcils, pour lui répondre.

— Bien sûr que j'ai des amis. On s'est un peu éloigné, mais je sais qu'ils sont... qu'ils seront présents quoi qu'il arrive. Je n'ai jamais envisagé de les... repousser.

Daphné murmura, avec un peu de tristesse dans la voix.

— C'est ce que tu as fait pourtant. Tu... t'es éloigné d'eux pour venir vers nous, comme si tu avais deux vies distinctes.

Harry se figea brièvement avant de se frotter le visage, avec un air las.

— Peut-être. Ce n'était pas mon intention. C'est juste que... Hermione peut-être terriblement intrusive en pensant faire pour le mieux et que Ron a quelques... problèmes non résolus avec Drago... et je pensais juste... régler les problèmes les uns après les autres. Je suppose que je pensais qu'il serait plus simple de me faire pardonner plutôt que de passer des heures à m'expliquer sur les raisons de mes décisions...

Daphnée gloussa légèrement, avant de lever un sourcil moqueur.

— À mon avis, tu vas devoir t'excuser longtemps, tu sais ? En fait, tu devrais commencer à t'expliquer rapidement...

Harry grimaça et hocha la tête, avant de soupirer.

— Ouais. Je repoussais juste le moment...

La jeune femme secoua légèrement la tête, avant de reprendre.

— Donc. Tu voulais quoi ? Qu'est-ce que ton travail t'empêchait d'avoir ?

Harry grogna en la fixant, les yeux brillants de détermination.

— Théo ! Il n'y avait pas de place pour lui dans mon ancienne vie !

Daphnée écarquilla les yeux brièvement avant de soupirer, avec un petit sourire en coin.

— Et bien... je ne peux pas vraiment dire que c'est une surprise, nous avons tous remarqué la façon dont vous vous tourniez autour. Et nous avons tous vu la façon dont tu as réagi quand il est rentré blessé bien entendu. Cependant, tu ne fais pas les choses à moitié, tu sais ? J'ai l'impression que l'histoire de Roméo et Juliette était plus simple que la vôtre !

Harry se renfrogna, agacé.

— Nous ne sommes pas ennemis, je n'ai pas de famille pour me dicter quoi faire, pas plus que Théo.

Daphnée ricana.

— Effectivement. Il y a juste l'intégralité du monde magique qui va devenir fou en le découvrant. Le héros et le fils de Mangemort... Les conneries habituelles, en fait.

Les yeux de Harry flamboyèrent et il se leva nerveusement, incapable de rester tranquille alors que la colère le submergeait.

— Je m'en moque ! Ils ont contrôlé ma vie depuis ma naissance ou presque. Ils se sont servis de moi, ils m'ont envoyé à la mort... Je ne leur laisserai pas déterminer le reste de ma vie !

Daphnée hocha la tête, prudemment.

— Avant de... lancer un boulet de démolition dans le monde magique, tu devrais peut-être avoir une conversation avec Théo ?

Harry se figea, soudain incertain.

— Quoi ? Tu veux dire... Tu penses qu'il ne veut pas de moi ?

La jeune femme leva les yeux au ciel avec une fausse exaspération.

— Je n'ai pas dit ça, Harry. Ne sois pas obtus ! Mais peut-être que vous devriez discuter au sujet de ce que vous voulez tous les deux, non ? Tu cherches des solutions dans ton coin, mais imagine que ta solution ne convienne pas à Théo ?

Harry vacilla légèrement, avec une expression choquée avant de se laisser tomber sur la chaise face à Daphnée.

— Tu crois qu'il... qu'il ne voudrait pas quitter l'Allée ?

Daphnée marmonna des paroles indistinctes avant de soupirer et de s'exclamer avec une fausse jovialité.

— Autant le lui demander directement, non ? Alors, tu sais quoi ? Je vais te l'envoyer, ça lui fera du bien de prendre l'air un peu au lieu de se morfondre. Toi, tu vas... contacter tes amis pour une bonne explication. Ensuite... je suppose que tu sauras quoi faire...

Harry soupira.

— Et je suppose que tu peux dire à Ginny où je suis.

Daphnée frappa dans ses mains avec un large sourire.

— Et bien, il semblerait que nous ayons un plan !

Le sourire de Harry était bien moins joyeux, il semblait encore avoir des doutes. Cependant, il hocha la tête sans protester.

Daphnée se leva, avec un soupir.

— Je devrais rentrer. Pendant que j'y pense... je ne sais pas combien de temps il me faudra pour convaincre Théo de venir ici, alors n'attends pas en restant enfermé chez toi, OK ? Mais d'un autre côté, évite de partir en excursion pendant des heures... Comme pour le reste, tu devrais... trouver un juste milieu.

Harry rougit légèrement en haussant les épaules.

— Marcher me fait du bien et me permet de réfléchir.

Daphnée gloussa.

— Je n'ai pas dit le contraire. C'est bien mieux que de se lamenter dans un coin... Je repasserai te voir, d'accord ?

Harry sourit en attirant Daphnée dans un câlin affectueux.

— Tu es la bienvenue. Toi et les autres.

Daphnée ricana.

— Même Drago ?

Harry hocha la tête.

— Évidemment. À condition qu'il évite de me frapper encore, bien sûr. Mais il peut me hurler dessus s'il veut. Tu peux lui dire que je suis réellement désolé...

Daphnée soupira et hocha la tête.

— Je le ferais, mais il le sait déjà. Nous l'avons tous compris.