Amnésie

Chapitre 13

Finalement, Malefoy marmonna, sans quitter Harry des yeux.

— Amnésique, hein ?

Harry haussa les épaules avec une petite grimace et il répondit avec un sourire d'excuse.

— Il paraît. On se connaît aussi ?

Malefoy sembla s'étouffer, son visage virant au rouge brique, tandis que Nott ricanait. Ce fut ce dernier qui répondit, sans cacher son amusement.

— Nous étions tous ensemble à Poudlard, oui. C'est Drago Malefoy.

Harry hocha la tête et il ne put résister à l'envie de taquiner Malefoy. Innocemment, il demanda, en fixant son ancien rival.

— Nous étions tous à Serpentard, donc ?

Le visage de Malefoy passa au violacé et Nott ne put retenir un rire amusé.

— Tu étais à Griffondor, Harry.

Il hocha la tête une fois de plus, comme s'il apprenait des choses sur lui-même, tandis que Malefoy se levait d'un bond, apparemment incapable de tenir en place, et qu'il faisait des allées et venues nerveuses.

Harry l'observa du coin de l'œil alors que Nott lui racontait une fois de plus comment il l'avait trouvé plus tôt dans la ruelle de l'Allée des Embrumes et qu'il lui expliquait qu'il n'avait aucun souvenir, pas même de son agression.

Malefoy s'immobilisa et il secoua la tête.

— Ils vont nous accuser. Dire que nous l'avons mis dans cet état.

Harry fronça les sourcils et son regard alla de Nott à Malefoy. Puis, il demanda, perplexe.

— Je ne suis pas sûr de comprendre.

Malefoy se pinça la base du nez, comme s'il cherchait à contenir sa colère, puis il siffla.

— Si l'on te ramène dans le monde magique, nous serons accusés de ton agression, Potter.

Harry cligna des yeux, affichant une expression de surprise alors que son cœur se serrait légèrement en notant l'expression résignée de Théo.

— Mais... Théodore m'a aidé. Sans lui, je serais toujours sur ce sol crasseux !

Malefoy cracha, les poings serrés.

— Et tout le monde pensera qu'il t'a agressé et rendu amnésique pour jouer les héros. Ou ils trouveront une autre accusation. Nous sommes des parias, Potter. Même en étant amnésique, tu dois savoir ce que ça signifie, non ?

Harry frotta son front nerveusement, avant de répondre, pleinement sincère.

— Ce n'est pas juste.

Malefoy sembla s'étouffer à la réponse de Harry, tandis que Nott le regardait pensivement, avec un léger sourire aux lèvres.

Voyant que Malefoy restait silencieux, allant et venant nerveusement, Nott intervint.

— Tu sais qu'on ne peut pas le laisser dans cet état, Drago.

Harry cligna des yeux, légèrement surpris et son regard passa de l'un à l'autre des deux hommes, essayant de comprendre les non-dits. Malefoy grogna et passa une main dans ses cheveux avant de capituler.

— Je vais le regretter, j'en suis certain ! Bon sang, dès demain le monde magique risque d'être en ébullition à cause de sa disparition et il sera là...

Nott adressa un bref clin d'œil complice à Harry, ignorant les plaintes de Malefoy. Il se contenta de se lever et de faire signe à Harry de le suivre. Ce dernier obéit, non sans jeter un bref coup d'œil amusé en direction de Malefoy, qui allait et venait nerveusement en marmonnant des mots indistincts.

Sans se soucier d'être entendu, Nott le rassura brièvement.

— Ne t'en fais pas, il va finir par se calmer.

Une fois de retour dans la chambre de Nott, Harry s'assit sur le bord du lit et observa le jeune homme alors qu'il fouillait dans son armoire et en tirait un pot de baume.

Après avoir ouvert le pot, il se pencha pour examiner le visage de Harry de près, et ce dernier se tortilla, un peu mal à l'aise. Nott ne fit pas le moindre commentaire, commençant juste à étaler la pâte odorante sur ses hématomes avec douceur.

Harry se figea, surpris. Il avait imaginé que Nott lui donnerait le baume et le laisserait se débrouiller, mais il semblait déterminer à s'occuper de lui jusqu'au bout.

Ils restèrent silencieux et Harry profita du fait que Nott soit absorbé par sa tâche pour l'observer avec attention. De Poudlard, il se souvenait d'un jeune homme calme et effacé, bien plus discret que ses autres camarades de maison. Il était également bon élève, talonnant Hermione en tête du classement.

Nott s'agenouilla devant lui et commença à passer du baume sur les marques qui parsemaient son torse. Harry frissonna légèrement et grimaça. Aussi délicats que soient les gestes de Nott, il avait encore mal...

Malefoy ouvrit la porte brusquement et il se figea en les voyant. Harry rougit légèrement, sans savoir exactement pour quelle raison il était mal à l'aise. Finalement, Malefoy avança dans la chambre pour poser sur la table de chevet une petite bouteille de Poussos.

Il secoua la tête en jetant un regard noir en direction de Nott, puis il marmonna, en quittant la pièce.

— Quelques gouttes devraient suffire pour tes côtes fêlées, Potter.

D'un ton neutre, Harry commenta, une fois la porte refermée derrière lui.

— Il ne m'aime pas beaucoup, n'est-ce pas ?

Nott marqua une pause pour le regarder et il gloussa nerveusement, avant d'admettre tranquillement.

— Vous vous meniez une guerre sans merci à Poudlard.

Harry hésita, avant de murmurer, un peu mal à l'aise.

— Je devrais aller ailleurs, alors ? Ça ne va pas te poser de problème ?

Nott haussa les épaules avec calme.

— Il s'en accommodera, ne t'inquiète pas. Bien évidemment, si tu tiens à partir, tu peux, et je ferais en sorte que tu rejoignes le monde magique en toute sécurité.

Harry laissa échapper un bref rire nerveux.

— Tu parles comme si nous n'étions pas dans le monde magique...

Nott grimaça et il détourna les yeux, mais Harry eut le temps d'y voir beaucoup de tristesse.

— Ce n'est pas vraiment le monde magique... Ici, c'est plutôt l'antichambre des enfers.

Harry déglutit, mais il ne put s'empêcher de demander, sans quitter Nott des yeux.

— Si nous nous battions à Poudlard, pourquoi est-ce que tu m'aides ? Tu devrais être pressé de te débarrasser de moi au contraire.

Nott resta silencieux si longtemps que Harry crut qu'il n'aurait pas de réponse. Puis, sans lever les yeux, alors qu'il continuait de passer de la crème sur le torse de Harry, il murmura.

— Nous te devons beaucoup, Harry. Tu ne te souviens peut-être pas de qui tu es, mais... sans toi...