Amnésie

Chapitre 47

Harry hésita, surpris.

- Vraiment ?

Théo gloussa.

- Daphnée a dû t'en parler. Et Pansy n'a pas semblé surprise, elle a juste dit que ce n'était pas un drame.

Harry grimaça.

- Drago était furieux.

Théo lui adressa un petit clin d'œil.

- Bien sûr. Tu l'as dupé. Lui qui est certain de te connaître mieux que tout le monde s'est laissé avoir. C'est surtout ça qui l'a vexé. Ensuite, il a admis que tu lui avais sauvé la vie et que tu avais empêché les Aurors de le malmener un peu.

Harry se frotta le visage et il murmura, dans un soupir.

- Je ne me suis jamais senti aussi coupable de ma vie. J'ai eu tellement peur de t'avoir perdu pour de bon...

Théo hésita, puis il secoua la tête.

- Il en faudrait plus que ça pour me faire changer d'opinion à ton sujet, Harry. Habituellement, je n'ai pas l'habitude de m'attacher si vite aux gens, je suis plutôt... renfermé. Mais je me sentais bien avec toi.

Harry chuchota, incertain.

- Et maintenant ? Tu te sens toujours bien avec moi ?

Théo ferma les yeux un instant, puis il avoua, avec une grimace.

- Ce n'est pas ça le problème, Harry. C'est impossible entre nous. J'y ai réfléchi aussi, tu sais. Je voulais y croire, de tout mon cœur. Mais... il n'y a pas d'issue pour nous.

Après un bref silence, Harry fronça les sourcils.

- Je refuse d'y croire. Si je te propose une solution, est-ce que tu me suivras ? Est-ce que tu prendras le risque de venir avec moi ?

Théo sembla déchiré, si bien que Harry lui saisit la main et précisa, avec douceur.

- Je ne te demande pas de revenir dans le monde magique, je ne t'infligerai pas les regards de ces idiots bien-pensants. Et je ne t'emmènerai pas dans le monde moldu, si tu crains d'être perdu.

Théo cligna des yeux, perplexe, puis il secoua la tête.

- Tu veux dire, partir à l'étranger ?

Harry gloussa.

- C'était l'une des premières idées que j'ai eues, mais je l'ai vite repoussée, parce que je suis vraiment mauvais en langues étrangères et que je ne veux pas me retrouver à l'autre bout du monde non plus.

Intrigué, Théo leva un sourcil perplexe, avant de murmurer.

- En dehors du monde magique et du monde moldu, il n'y a rien, Harry.

Le jeune homme gloussa, amusé.

- C'est exact. Il n'y a rien.

Théo chercha à s'écarter, se raidissant.

- Je n'avais pas imaginé que tu puisses être cruel...

Harry le garda près de lui, redevenant pleinement sérieux.

- Écoute-moi jusqu'au bout, tu veux bien ? Ça va te sembler dingue, mais je sais qu'avec l'aide de Hermione ça fonctionnera...

Théo sembla perplexe, mais il se détendit quand Harry l'embrassa encore une fois. Il ne put s'empêcher de répondre à son baiser et de le tenir contre lui. Lorsqu'ils se séparèrent, il marmonna, avec une légère lueur amusée dans le regard.

- Tu es cinglé, tu sais ?

Harry ne s'en formalisa pas, lui adressant juste un clin d'œil complice. Puis, il commença à s'expliquer, lentement.

- Au début, j'imaginais que l'Allée des Embrumes faisait partie du monde magique à part entière. Mais j'ai découvert au début de cette enquête que les choses ne sont pas si claires. L'Allée est dans le monde magique, elle est sensée respecter les lois émises par le ministère et tout. Cependant, puisqu'elle accueille en grande partie des personnes... mises à l'écart, elle a un statut assez particulier.

Théo leva un sourcil moqueur.

- Je sais tout ça, j'y vis.

Harry sourit.

- Bien sûr. Ensuite, j'ai eu du temps pour lire, et je me suis intéressé à l'histoire du monde magique. Je ne t'apprends rien en disant qu'à l'origine, nous n'étions qu'un ensemble de communautés qui se sont regroupées à la création du ministère ?

Théo soupira.

- Avant sa création dans les années mille sept cent, notre monde était régi par le Conseil des sorciers, un mélange de sorciers et de créatures.

Harry hocha la tête.

- Mille sept cent sept exactement. Et donc, à l'époque, tant que ces communautés respectaient la loi imposée par le conseil, elles étaient... plus ou moins indépendantes.

Théo fronça les sourcils.

- Je ne vois pas où tu veux en venir exactement.

Harry lui fit un clin d'œil en continuant son cours d'histoire.

- L'Allée n'est qu'un vestige de ces communautés.

Théo soupira.

- Harry, si tu essaies de me prouver que tu peux circuler librement dans cette antichambre de l'enfer, ce n'est pas avec une leçon d'histoire que tu vas y parvenir. Les habitants se moquent bien des origines de l'Allée et des lois en vigueur.

Harry fit un vague geste de la main.

- Évidemment. Je te propose de quitter l'Allée, pas d'y emménager avec toi. Je ne tiens pas à voir la famille Weasley débarquer pour nous sortir de là-bas.

Le jeune homme écarquilla les yeux, avant de secouer la tête.

- Je ne vais même pas te demander si c'est une plaisanterie ou si c'est sérieux. Et je ne comprends toujours pas ton enthousiasme.

Harry ricana.

- J'y viens. Mais je veux aussi te montrer que ce n'est pas juste une idée stupide, que j'y ai travaillé sérieusement. Que je veux vraiment être à tes côtés, que je veux vraiment vous aider, toi et les autres.

Théo eut un doux sourire et il hocha la tête.

- Tu n'as rien à prouver, Harry. J'ai toujours confiance en toi. J'ai juste peur que tu sois déçu finalement et...

Harry enlaça leurs doigts, avec une expression têtue.

- Théo... je ne serais pas déçu. Sauf si tu... préfères t'éloigner de moi parce que... tu changes d'avis. Je n'ai jamais été aussi sûr de ce que je veux, et c'est être à tes côtés.

Théo ferma brièvement les yeux, avec un sourire triste.

- Je suis incapable de te résister, tu sais ? Tu es arrivé et tu as... percuté ma vie comme un boulet de démolition. Depuis, tout a changé. Nous avons tous changé. Tu nous as donné de l'espoir et... je suis probablement celui qui a le plus à perdre, mais... c'est comme si tu m'avais ôté tous mes mécanismes d'autopréservation.

Harry posa sa main libre sur la joue de Théo, ses yeux verts brillant presque surnaturellement.

- Je serais là pour te rattraper, Théo. Je ne vais nulle part.