Chapitre 45

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Harry se tut, mais il garda la tête baissée. Finalement, Hermione murmura, tristement.

— Oh Harry...

Le jeune homme soupira, et marmonna, mal à l'aise avec le ton empli de pitié de son amie.

— Je cherche un moyen de... de le retrouver. De les sortir de l'Allée, tous les quatre, et de pouvoir vivre librement avec Théo. De lui montrer que c'est possible, qu'il a le droit d'être heureux... Qu'ils peuvent être tous les quatre heureux, malgré le passé. Ils n'ont rien fait de mal.

Hermione soupira avant de murmurer, son hésitation clairement audible dans sa voix.

— Tu lui as demandé de revenir dans le monde magique ?

Harry grogna, avec un geste brusque de la main.

— Non. Je sais que c'est impossible. Ils ne pouvaient plus supporter les insultes et les regards mauvais, et je ne prendrais pas le risque de l'exposer à un quelconque danger. Dès qu'on me verra avec lui, il y aura des sorciers pour... vouloir écarter Théo de ma vie d'une façon ou d'une autre. Tu sais comment les choses... enfin, comment ça se passe quand la Gazette s'en mêle...

Ron grommela, avec un soupir.

— Et la Gazette s'en donnera à cœur joie.

Harry hocha la tête, en croisant brièvement le regard de Ron, fixé sur lui.

— Je ne veux pas le mettre en danger. Il ne mérite pas ça. Aucun d'entre eux.

Il y eut un long silence, puis Ron laissa échapper un ricanement.

— Tu ne fais jamais rien comme les autres, mon pote. Je suppose que Malefoy est compris dans le lot, n'est-ce pas ?

Harry laissa échapper un léger rire.

— Nous avons grandi, Ron. Drago est quelqu'un de bien. Un peu ronchon comme toi, mais... il n'est plus l'idiot de Poudlard.

Ron grimaça comme s'il avait mordu dans un citron, probablement effaré d'avoir un point commun avec Drago Malefoy tandis que Hermione cachait un léger sourire sous sa main.

Après un instant, Ron finit par grommeler, sans cacher une pointe d'amusement.

— Tu vas coller Malefoy dans le monde moldu ?

Harry roula des yeux, amusé, en secouant la tête.

— Ils n'ont jamais côtoyé de moldus, alors tu te doutes que ce serait une invitation ouverte pour le Ministère à venir les... harceler.

Hermione toussota.

— Autant éviter de briser le secret magique, non ? Même accidentellement.

Ron s'impatienta.

— Alors ?

Harry eut un sourire mystérieux.

— Disons que j'explore... des possibilités. L'histoire de la magie est finalement fascinante.

Hermione fronça les sourcils, dubitative.

— Vraiment ?

Harry pouvait presque deviner les rouages de son cerveau s'activer pour essayer de trouver ce qu'il suggérait vaguement, et il se sentit vraiment minable d'avoir été si dur avec eux. Avant qu'il ne puisse s'excuser, Hermione écarquilla les yeux et murmura « Oh » d'un ton pensif, avant de se répéter, un « Oh », plus prononcé, avec une pointe d'excitation dans le regard.

Ravi, Harry gloussa et hocha la tête, certain qu'Hermione avait deviné juste, tandis que Ron ronchonnait, se plaignant d'être toujours le dernier au courant.

Décidant qu'il laisserait le soin à Hermione d'expliquer à leur ami l'idée qu'il était en train de perfectionner, Harry reprit son sérieux et il se passa la main sur le visage.

— Je suis vraiment désolé. Je crois que j'ai été... vraiment... stupide.

Hermione roula des yeux en croisant les bras sur sa poitrine. Il rougit légèrement et il soupira.

— Je suppose que j'ai eu beaucoup de mal à m'adapter au changement...

Hermione intervint, d'une voix douce.

— Ou peut-être que tu dois accepter l'aide qui t'est offerte ?

Harry se renfrogna légèrement, avant de hausser les épaules.

— Ouais, peut-être.

Les trois amis tombèrent dans un silence confortable, profitant d'un moment ensemble. Après un long moment, Harry murmura, un peu incertain.

— Vous m'en voulez beaucoup ?

Hermione et Ron échangèrent un coup d'œil complice et la jeune femme ricana.

— Non, espèce de tête de mule bornée. Mais la prochaine fois que tu as un problème, ne nous repousse pas comme ça !

Harry soupira et hocha la tête, avant de marmonner.

— Je pensais que vous ne comprendriez pas, depuis... Poudlard, vous tentez de me pousser dans les bras de Ginny alors qu'on vous dit que...

Ron ricana en jetant un coup d'œil moqueur à Hermione et la jeune femme se renfrogna légèrement.

— Et bien, nous pensions...

Ron l'interrompit en toussant, et Hermione leva les yeux au ciel.

— Okay. Je pensais que vous méritiez d'être heureux tous les deux. Vous êtes proches et complices, et... je pensais que vous aviez juste besoin d'un petit coup de pouce pour... être ensemble.

Harry marmonna, en reniflant.

— Ce n'est pas comme ça avec Ginny.

Hermione croisa les bras sur sa poitrine.

— Et comment aurais-je pu en être sûre ? Tu es très secret, Harry. Tu te confies rarement et en dehors de repousser Ginny, tu n'avais aucune autre vie personnelle !

Harry gémit.

— Peut-être que je voulais me concentrer sur ma carrière ? Peut-être... peu importe. Ce n'est pas parce que ça ne fonctionnait pas de cette façon avec Ginny que j'avais besoin de quelqu'un dans ma vie !

Ron gloussa, amusé.

— Alors, là, bon courage, mon pote. Ma mère et Hermione ont eu de longues conversations à ton sujet et elles sont persuadées de savoir ce qui est le mieux pour toi...

Hermione redressa la tête, butée.

— Et je ne m'excuserai pas ! Je voulais juste que mon meilleur ami soit heureux, ce n'est pas un crime.

Harry marmonna, mécontent.

— Je m'en sors très bien tout seul, merci bien. Je n'ai pas besoin d'aide pour savoir ce dont j'ai besoin. Faites comme chez vous, je vais prendre une douche...

Harry se leva de son siège en se sentant bien plus léger. Il se sentait un peu stupide d'avoir douté de ses amis et surtout de les avoir repoussés comme il l'avait fait, persuadé qu'ils ne pourraient pas le comprendre.

En entendant Hermione s'agiter dans la petite cuisine, probablement pour préparer du thé, Harry sourit, et il secoua la tête en entrant dans la salle de bain.

Les choses iraient bien, finalement. Ses amis ne lui tourneraient pas le dos et Harry pouvait oublier les démons de son enfance, lorsqu'il craignait que les insultes de son oncle et de sa tante soient vraies. Il n'était pas un monstre et il ne finirait pas seul, comme il l'avait secrètement craint.

C'était probablement ça, sa vraie victoire. Il serait finalement heureux et il n'aurait pas à choisir entre ses amis ou l'amour. Il aurait tout.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant