Chapitre 8

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Harry haussa tranquillement les épaules, avant de répondre avec un calme olympien.

— Je ne vais pas jouer un double jeu, Hermione. Je vais juste accepter les vacances que Kings veut que je prenne depuis des années et...

Hermione glapit, furieuse.

— Harry ! Tu ne peux pas faire ça ! Mais, qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Il la laissa protester sans dire un mot, attendant juste qu'elle se calme. Lorsqu'elle se tut, elle lui jeta un regard méfiant, peu habituée à ce qu'il reste aussi calme lorsqu'il était contredit.

Harry renifla.

— Comme tu l'as mentionné, faire des allers-retours entre l'Allée et ici serait bien plus dangereux. Si je dois jouer les amnésiques, autant le faire correctement, non ? Ce serait une mission d'infiltration, sauf que je ne prévois pas d'arrêter ceux qui seront près de moi, mais au contraire de les protéger.

Renfrognée, Hermione se leva brusquement et elle siffla, martelant son épaule de claques furieuses.

— La prochaine fois que tu as des idées suicidaires, oublie-moi !

Nullement impressionné, Harry insista, conscient qu'après cette histoire il devrait un certain nombre d'excuses à son amie.

— Mais tu vas m'aider ?

Hermione grogna.

— Comme si j'avais le choix, espèce de tête de mule bornée ! Mais tu ferais bien de revenir entier, parce que je te jure que si tu as la moindre égratignure, je ferais de ta vie un enfer !

Harry sourit, prêt à remercier Hermione, mais cette dernière leva le doigt, les sourcils froncés, avec un regard d'avertissement. Visiblement, elle n'appréciait pas la façon dont il avait présenté les choses, et il garda le silence. Elle lui demanda sèchement.

— Quand comptes-tu... faire tout ça ?

Harry se mordilla la lèvre un instant, s'attendant à une autre explosion colérique, puis il haussa les épaules.

— Je pensais rentrer chez moi, envoyer une demande de congés à Robards et Kings, et partir dans la foulée.

Hermione hocha sèchement la tête, la rage brillant dans ses yeux.

— Est-ce que tu comptais nous prévenir, si tu n'avais pas eu besoin de mon aide ? Ou aurions-nous reçu un message pour nous prévenir de ton soudain besoin de vacances ?

Harry rougit légèrement et il marmonna, mal à l'aise.

— J'aurais juste fait en sorte que vous ne soyez pas inquiets, mais mon plan ne peut fonctionner que si c'est crédible.

Hermione marmonna entre ses dents, puis elle hocha une fois de plus la tête, et son regard fit s'empourprer Harry. Il soupira et tenta de s'excuser maladroitement.

— Tu sais que... tu sais que je dois faire quelque chose. Je ne peux pas laisser les choses s'aggraver jusqu'à ce que... le Ministère intervienne.

Hermione secoua la tête et leva les bras au ciel, avant de soupirer, d'un ton presque résigné.

— Pourquoi te sens-tu obligé de toujours foncer tête baissée face au danger ? Tu n'es pas le seul Auror du monde magique !

Harry hésita et il secoua doucement la tête.

— Ce n'est pas... ça. Je ne peux pas fermer les yeux, Hermione. Nous n'étions peut-être pas amis avec les Serpentard, mais nous avons grandi avec eux. Tu sais comme moi qu'ils ont été entraînés dans cette guerre, tout comme nous.

— Ça fait sept années que la guerre a pris fin. Sept années durant lesquelles ils ont pu... décider que tu étais la cause de leur situation.

Harry renifla.

— Je ne savais pas ce qu'ils étaient devenus. J'ai pensé qu'ils avaient quitté le pays ou qu'ils restaient chez eux. Peu importe, ils m'en voudront peut-être, mais certainement pas au point de...

Hermione secoua la tête.

— Tu es trop confiant, Harry. Tu as eu beaucoup de chance jusqu'à présent, mais il arrivera un jour où ça finira mal pour toi.

La jeune femme laissa passer quelques instants, puis elle secoua la tête.

— Je ne vois pas pourquoi je me fatigue, ta décision est déjà prise. Je dois retourner travailler.

Elle commença à s'éloigner, mais Harry la rappela, essayant d'arranger les choses avec Hermione.

— Hermione...

Sans se retourner, elle secoua la tête.

— Ne t'en fais pas. Je couvre tes arrières comme toujours. Je préviendrais Ron. Si tu pouvais me dire combien de temps tu seras... absent.

Harry soupira.

— Je pensais prendre quinze jours pour commencer. Ça me paraît assez pour...

— Endormir leur méfiance ?

Harry tressaillit au ton ironique d'Hermione. Il la corrigea doucement.

— Gagner leur confiance pour les aider.

Hermione haussa les épaules, puis elle partit, laissant Harry sur place. Il soupira et se frotta les yeux, en ayant l'impression d'être un mauvais ami. Peut-être aurait-il dû se montrer franc immédiatement plutôt que d'essayer de convaincre Hermione en rusant... mais il était trop tard désormais.

Il se frotta le front avec une légère grimace, puis il partit à son tour à pas lents, prenant la direction de son appartement plutôt que de retourner au Ministère.

Une fois rentré, il envoya immédiatement un message à Robards pour lui annoncer qu'il prenait des congés et qu'il prévoyait d'être absent pour quinze jours environ. Il écrivit plus ou moins le même message à l'attention du ministre, en ajoutant qu'il avait décidé de suivre son conseil et de prendre un peu de recul.

Après quelques instants de réflexion, il envoya également une lettre à Ginny pour le prévenir de son absence et pour lui assurer qu'il serait en sécurité.

Finalement, il soupira et se dirigea à pas lourds vers la minuscule salle de bain pour y prendre une longue douche chaude. Bien qu'il se sente coupable après sa conversation avec Hermione, sa détermination ne vacillait pas. Il savait que c'était la seule solution pour arrêter le tueur et éviter un soulèvement des habitants de l'Allée des Embrumes.

Il enfila un pantalon noir et un tee-shirt de la même couleur. Il n'avait pas besoin de réfléchir à ce dont il avait besoin, puisqu'il ne prendrait rien de plus que sa baguette avec lui. Le but était de paraître vulnérable et surtout pas de ressembler à un mercenaire en mission...

Vérifiant l'heure, il soupira en constatant qu'il était à peine dix-huit heures. Il ne pourrait se faufiler dans l'allée des Embrumes qu'à la nuit tombée, puisqu'il voulait rester discret.

Après quelques instants de réflexion, Harry décida de quitter son appartement, pour se rendre dans un bar juste à l'entrée de l'Allée. C'était un tripot mal famé, qu'il évitait habituellement. Cependant, il avait besoin de prétendre avoir été agressé et il était prêt à parier qu'il obtiendrait une bonne bagarre dans cet endroit fréquenté par des criminels notoires...

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