La rencontre ( suite )

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3/4 d’ heure plus tard quelqu’un tapote mon bras. Je sors de l’univers merveilleux dans lequel j’étais plongée. C’est Adji et Awa. L’une tenait entre ses mains une assiette de « c’est bon » l’autre deux bouteilles d’eau et de jus.

Awa : Room service pour notre chère disait-elle en faisant une révérance. Et Adji de la suivre dans son délire.

Un spectacle qui m’a fait rire.

-mais pourquoi toute cette peine pour mes caprices d’enfant. C’était pas nécessaire. J’apprécie vraiment votre geste. Je ne sais pas comment vous remercier. Merci

Adji : tu nous as manqué au resto. Tu sais si bien nous faire marrer. Une vraie boule de joie. On s’inquiète pour toi et espérons que c’est pas trop grave tu peux toujours compter sur nous tu le sais.

-il n y a pas de quoi s’inquiéter rassurez-vous je vais bien. C’est passager. Merci d’avoir pensé à moi.

Adji : Et pour te changer les idées, ce soir à la fin de la journée on ne rentre pas directement chez nous. On va faire quelques emplettes pour préparer la fête et on te ramènera jusque chez toi t’inquiètes pas pour ça.

J’avais hâte c’est ce qu’il me faut : marchander et rencontrer des vendeurs. J’aime les marchés, la chaleur et l’ambiance qui y émanent.

Elle décide de prendre congé. Awa et moi  nous la raccompagnions jusqu’à l’ascenseur et puisque j’avais un peu repris de ma bonne humeur, je marchais avec mon assiette et mangeais en discutant avec elles.

Avant de retourner dans mon bureau je m’arrête au niveau du distributeur de glaces ( situé près de la salle de repos ) pour en faire un dessert. Awa elle, était déjà rentrée dans le sien.
Je prends une glace vanille et mon assiette en chantonnant “ ligueey “ (travail de père You ).

Je me retourne. Je fais à peine deux pas et cogne quelqu’un. J’étais sous le choc. Tout le devant de son lacoste blanc était recouvert d’huile de palme, de sauce, de nettetu, de sauce piment et de bissap vert. Je m’étais couverte la bouche tellement j’ai ruiné ses vêtements. Le reste du plat était là par terre et ses chaussures ( de grande marque ) n’ont pas échappé au sinistre.

Je lève la tête pour voir le visage de ma victime et il était noir de colère. Les deux hommes derrière lui semblaient encore plus troublés que moi-même. L’homme est grand de teint clair, les muscles saillants mais pas trop, montre en or à la main droite. Il était visiblement au téléphone. Ses yeux étaient bruns, captivants,et menaçants à la fois. Le nez plutôt raisonnable.

Je souriais innocemment pour me préparer à demander pardon. Je ne savais même pas quoi lui dire. Lui aussi s’attendait à ce que je réagisse apparemment.

-je suis vraiment...
Et soudain,il se met à crier.
...: rien à foutre de votre ressenti. Ça vous arrive parfois de regarder où vous mettez les pieds? A quoi servent les putains de resto et autres salles à manger ? Vous trimballez votre assiette comme chez vous dans les couloirs mais c’est quoi ce comportement ?

Mon sourire a laissé place à un visage plus fermé, en colère.
Awa alertée par le vacarme sort de son bureau  et ceux qui étaient dans la salle de repos et autres bureaux étaient venus assister au spectacle.

-vous avez le droit de vous mettre en colère mais certainement pas de me manquer de respect.

...: de quel respect on parle ? le respect commence par soi-même..

-et visiblement il vous fait défaut.

Awa : Fatima viens c’est fini. Excuse-toi et allons-y.

-faudrait d’abord qu’on m’en donne l’occasion. J’ai taché vos prestigieux habits c’était involontaire et j’en suis navrée mais ne recommencez pas ce délire de me hurler dessus ou de me traiter de la sorte car croyez-moi je peux vous réduire à un gros tas de merde. Des gosses de riches qui croient valoir mieux que nous. Ca marche pas avec moi. Je les enc**le les frimeurs.
Tous faisaient les gros yeux et certains ont même fui la scène.

...: mais elle est folle ou quoi celle-là. Tu es nouvelle ici khana ? Mais ki khamouma ( elle ne me connaît sûrement pas ).

-juste! Je peux en dire autant de vous. Votre tronche ne m’est pas familière. Et en parlant de faire attention. Faites-en de même. Sur la route çe n’est pas parce que certains conducteurs sont négligeants, se foutent des autres que vous allez faire pareil ou je me trompe ? Faites preuve de vigilance s’il vous plait.
Je m’apprête à partir et il me tient le bras. Je le retire aussitôt et lui fait face.

...: nit ki soko khamoul deekay wowei hey. Tei mane skh duma kouniouy wowei hey. Je vais faire de ta vie un enfer. Ninga gneuwei nou ngay delo finga diugei ( tu retourneras d’où tu viens aussi vite qu’à ton arrivée). Prends tes affaires et dégage de cette boîte.
Ses menaces faisaient plutôt rire.

-plus audacieux que toi n’existe sûrement pas.
J’aimerais bien voir comment tu vas t’y prendre pour me faire vivre l’enfer. C’est pas facile de m’impressionner. Et qui es-tu pour décider de mon renvoi ?

Awa me chuchotait tout bas de me taire que je faisais une erreur. Et moi de lui répondre que c’est lui qui avais tort de me menacer.

-bo pareigoul mane pareina j’ai du travail à faire. Il y a des toilettes au fond du couloir va prendre une douche là-bas yangi seuthieu khegn netetu di khegnal fi. ( tu empestes le couloir )

...: que la sécurité la foute dehors avant que je ne lui règle son compte tout de suite.

-feineu laa demoul yaw yay kane ( je ne bougerai pas d’un iota tu te prends pour qui pour en décider? ).

Awa : Fatima doyna ( ça suffit ). Criait presque Awa.

...: hey mane la Ndiouga Fall ( c’est moi Ndiouga ). Tu es folle ou quoi ?
Je roulais des yeux pour lui manifester mon indifférence.

-Rien d’impressionnant Ndiouga.
Awa me tire par le bras pour me parler.

Awa : c’est lui le patron. C’est Ndiouga Fall notre boss à tous. C’est le propriétaire des lieux Fatima.
A ces mots, j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter. Là je réalise. Suis-je allée trop loin ? Non je ne lui ai rendu que la monnaie de sa pièce. Donc c’était lui qui parlait hier mais bien sûr ça me revient. Il s’approche de moi encore.

Ndiouga : Nettetu dotoula safati dara ( tu n’auras plus jamais envie de voir le nettetu à cause de ça ).Quitte les lieux au plus vite. Vous autres allez travailler qu’est-ce que vous avez à regarder dégagez et n’allez rien rapporter dehors.

Il part en trombes en cassant un vase posé sur une table. Les deux hommes le suivaient presque en courant pour entrer avec lui dans l’ascenseur mais il les a littéralement chassés. Ils prennent les escaliers tout honteux eux aussi.

Mes larmes coulaient. Je tremblais. J’étais assise par terre Awa aussi pleurait tout en me serrant dans ses bras. On se croirait à des funérailles. Elle était tellement peinée pour moi.
Mes espoirs venaient de s’envoler. J’obtiens à peine un travail et me retrouve encore au chômage, renvoyée, humiliée J’arrivais pas à y croire. Comment ça a pu arriver? Que vais-je faire désormais ? Que vais-je dire à ma mère? Mes soeurs ? Tata Alima ?

-je ne faisais que me défendre Awa. J’ai rien fait il n’avait pas à me traiter de la sorte sinon j’aurais réagi différemment c’est de sa faute. Toi-même tu as vu comment il m'a traitée. Dis-moi que j'ai raison. La voix toute tremblotante.

Elle continue à me consoler sans dire un mot.

Fatima : La Femme Du BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant