Chapitre 3

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Samuel


   — Un an. Ça fait maintenant un an que tu n'es plus là. Lana. Un an que je ne cesse de penser à toi. Un an que je culpabilise. Je suis désolé Lana. Si tu savais comme je m'en veux. Nos parents aussi m'en veulent tu sais, ils ne m'ont plus adressé la parole depuis l'accident. Je les comprends... Ils ont perdu leur unique fille à cause de moi. Mon dieu Lana, tu me manques terriblement. Je suis désolé de ne pas être venu avant aujourd'hui, je n'en n'avais pas la force. Pas la force d'affronter ma faute. Si seulement nous ne nous étions pas disputés... Je voulais juste... je voulais juste te protéger crois moi, mais tu n'as pas voulu m'écouter... Ton Jérôme s'est volatilisé tu sais ? J'avais raison sur lui, ce n'est qu'un abruti. Je n'aurais jamais dû hausser le ton sur toi comme ça, mais te savoir avec un mec comme lui... je n'ai pas pu. Je te demande pardon.

Avec Robin et des amis, nous avons rénové un bar/hôtel. On en a fait quelque chose de dingue.

Tu m'as énormément inspiré.

Moi qui rêvais de tenir un hôtel, toi qui rêvais d'ouvrir ta propre jardinerie, j'en ai fait un mix de nous deux. Une jungle urbaine. Ça te plairait j'en suis sûr. Ce soir, c'est l'ouverture. Je ressens une légère appréhension, j'espère qu'il y aura du monde. Je dois d'ailleurs aller me préparer et m'assurer que tout est en ordre.

Je te promets de revenir te voir. À très bientôt, petite sœur. Je t'aime.

Je ressens une culpabilité immense. Pour la première fois depuis le décès de Lana, je vais au cimetière. Une honte.

Ces douze derniers mois, la culpabilité me rongeait. Pris dans le tourbillon de la vie, je repoussais sans cesse ma visite au cimetière. Et me voilà, un an plus tard. Elle doit me détester pour ça.

Si elle n'avait pas pris le volant ce jour-là, les choses auraient été différentes. Mais c'est à cause de moi.

Et ce Jérôme, si je le recroise, il va le regretter.

Ce crétin ? Tu fréquentes ce crétin ? Tu te fous de moi ?

— N'en fais pas tout un cinéma tu le fréquentes aussi, non ? Dit-elle en déposant le plateau apéro sur la table.

Je me lève subitement du canapé, hors de moi.

Elle n'est pas sérieuse, ce n'est pas possible. Non mais Jérôme quoi ! Le gars qui a une bite à la place du cerveau !

— Putain Lana ne te moques pas de moi, c'est un con tu le sais très bien ! Il n'en a rien à faire de toi. Ce mec c'est un coureur de jupons, tout le monde le sait.

— Nianiania « coureur de jupons », se moque-t-elle en mimant les guillemets. Mêle toi d'ton derrière et sers-moi un coca tu veux.

— C'est quoi, une histoire de cul c'est ça ?

Ses yeux verts prennent une teinte plus sombre et sa mâchoire se contracte une demie seconde, avant qu'elle ne se lève à son tour.

— Non mais tu t'entends là ? Sam, tu me prends pour qui ? Et même si c'était ça, je n'ai pas le souvenir de t'avoir demandé ton avis !

— Tu crois vraiment que ce mec s'intéresse à toi ?

Elle me répond du tac au tac :

— Ça veut dire quoi ça, Samuel ? crie-t-elle plus en colère que jamais. Tu trouves toujours quelque chose à dire de toute façon ! Je suis adulte je te rappelle, j'ai des relations sexuelles depuis plus de six ans maintenant.

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