Chapitre 10

83 25 42
                                    

Margot


      Alléluia ! Il était temps que ce service se termine ! Lorenzo n'a pas arrêté de me coller aux fesses toute la soirée... il a été jusqu'à me renverser, volontairement, de l'eau sur ma blouse, pensant pouvoir m'accompagner jusqu'aux toilettes pour « tamponner tout ça », comme il dit. Non mais, comment est-ce qu'on peut être aussi pervers ? Et puis ce Millet – oui, j'ai bien retenu son nom –, il y a je ne sais combien de restaurants dans cette ville, il a fallu qu'il vienne dans celui-ci. Là où je bosse ! Cooomme par hasard...

Comment est-ce que je peux oublier mon erreur si, cette erreur, je la croise sans cesse ? Quand je repense à la réaction que j'ai eue en le voyant, je me sens tellement bête. Ses iris vert avocat m'ont clouée sur place ! Pendant ces quelques secondes d'absence, je me suis revue avec lui, dans cette chambre d'hôtel, juste avant qu'il ne pose ses lèvres sur les miennes. Seigneur ! C'est n'importe quoi !

Je me suis empressée de me changer, de quitter cet endroit maudit, en espérant ne plus le croiser avant longtemps. Cependant, l'univers semble se liguer contre moi en faisant converger nos chemins. La simple pensée de le revoir me met mal à l'aise. Comment ai-je pu être aussi stupide ? Mon cœur bat encore la chamade à cause de cette rencontre impromptue.

Encore sur les nerfs, je décide d'aller boire un verre au Green avant de rentrer retrouver les filles. Louise me le pardonnera. J'ai besoin de décompresser.

Je n'ai pas prévu de rester longtemps : un verre et je rentre.

Je trouve difficilement une place au comptoir et commande un gin tonic. Je n'en ai jamais bu auparavant, je suis curieuse de savoir quel goût ça peut avoir. Gin tonic ! Ça a un nom qui donne la pêche ! Déterminée, je prends une bonne gorgée.

Beurk.

Argh, c'est vraiment pas bon !

Non mais qui boit ça sérieusement ?

Enfin bon, je voulais de l'alcool, j'en ai eu ! Dès la troisième ou quatrième gorgée, je sens finalement mon corps se détendre. Ça fait du bien. Les conversations animées autour de moi se mélangent en un bourdonnement apaisant. Les lumières tamisées et la musique en arrière-plan contribuent à créer une ambiance particulière. Je me laisse porter par l'instant, oubliant un temps les tracas de la journée.

Parfois, même un mauvais cocktail peut avoir des vertus relaxantes.

Évidemment, il me faut plus que ça pour que ça aille réellement mieux... Une lampe magique ! Voilà ce dont j'aurais besoin. Un vœu, je ne ferais qu'un seul vœu : retourner un an en arrière. Retrouver mon fiancé en le mettant en garde de ne jamais prendre ma voiture – la brûler par la même occasion –, et vivre. Vivre notre nouvelle vie à trois, nous marier et vivre heureux jusqu'à la fin des temps. Comme à chaque fois que je pense à Paul, je fais tourner mon alliance autour de mon doigt. Je ne suis pas sûre d'être capable de la retirer un jour. Elle fait partie de moi.

— Madame, me dit le barman en posant un verre devant moi.

— Excusez-moi, mais je n'ai rien commandé d'autre, dis-je confuse.

Ce soir, c'est un verre. Un.

Sinon l'autre va sortir.

— Je sais ma jolie, mais dites ça au beau brun là-bas.

D'un signe de tête, il me désigne un homme.

J'y crois pas.

Ce n'est pas possible, on se joue de moi ! Oh mon dieu... En fait, il me suit !

LIÉS  [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant