Chapitre 25

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Samuel


      Quand nous nous garons devant le Green Cell, une vague de nostalgie me submerge, mélangée à de la fatigue et de la satisfaction.

Nous venons de passer un dimanche formidable dans ce parc d'attractions. Ce moment improvisé par Margot a touché une corde sensible en moi. Depuis ce baiser l'autre soir, je ne pense qu'à elle. Son nom et son visage hantent mes pensées. Aujourd'hui, elle a fait quelque chose de spécial pour moi. Et pour Robin, bien sûr. Et ça déclenche en moi une vague d'émotions difficile à interpréter... J'en deviens dingue. Il va falloir que je mette un peu d'ordre dans ma tête.

Chaque geste, chaque mot, tout chez elle m'ébranle d'une manière que je ne peux expliquer.

     Nous descendons de la voiture, prêts à nous dire au revoir. Alors que Margot, les traits tirés de la journée, sort de la voiture, elle trébuche, ses pieds s'emmêlant dans la lanière de son sac à main. Elle se rattrape in extremis à la portière grande ouverte, mais son sac toujours emmêlé à ses pieds se renverse sur le trottoir. Elle éclate de rire, la main sur sa poitrine, suivie de Louise et Robin, pendant que je me tiens devant elle comme un idiot, le cœur battant à un rythme cadencé. Simplement parce que j'ai craint qu'elle s'étale de tout son long devant tout le monde.

— On va peut-être se calmer sur les sensations fortes pour aujourd'hui, non ? dis-je, en essayant de cacher mon inquiétude derrière un sourire.

Louise lance un regard malicieux dans ma direction et réplique :

— Oh, mais regardez-le il a eu peur pour sa petite Margot...

Mon regard se pose alors sur cette dernière jaugeant sa réaction face à cette remarque, mais à part un sourire accompagnant son doux regard de tempête, rien. Aucune gêne.

La métisse passe près de moi, me donnant un coup de coude moqueur.

— Pfff, je pouffe en haussant les épaules, feignant l'indifférence.

Alors que ma brune et moi nous penchons afin de ramasser ses affaires, une photo glisse de son portefeuille qu'elle tient dans sa main, s'arrêtant juste à mes pieds.

Je la saisie, et curieux la lève à la l'éclairage tamisée de la rue. Margot est dessus. Enceinte, rayonnante et belle. Son sourire éclatant illumine son visage, et la lumière douce de la photo semble presque émaner d'elle. Mon regard se pose sur l'homme à ses côtés. Paul, bien-sûr, son fiancé. Son visage m'est étrangement familier, mais je n'arrive pas à me souvenir d'où je l'ai vu. Un très beau couple.

En relevant la tête, je remarque que Louise, le regard braqué sur moi, pâlie. M'est d'avis qu'elle me croit mal à l'aise d'avoir vu le visage de l'homme qui a possédé le cœur de Margot. Mais au contraire, cela me remplit de respect. Connaître celui qui a comblé cette femme qui me plaît tant me donne une étrange sensation de reconnaissance.

Après avoir ramassé le reste de ses affaires, je tends la main à Margot pour l'aider à se relever, sentant la douceur de sa peau contre la mienne, et lui rend la photo.

Nous nous disons au revoir, nos visages éclairés par les sourires d'une journée bien remplie. Le crépuscule teinte le ciel d'orange et de rose, et une brise douce et fraîche nous enveloppe. Margot et Louise remontent en voiture, les rires encore dans l'air, et je les regarde s'éloigner, une sensation de plénitude s'installant en moi.

    Les jours suivants, je remarque un changement subtil chez Margot. Elle semble plus radieuse, ses yeux brillent d'une lumière que je n'avais pas vue auparavant. Ses regards, autrefois timides, sont maintenant francs et ouverts. Elle sourit plus souvent, un sourire qui illumine son visage et réchauffe mon cœur. Ce changement m'a paru encore plus étrange lorsqu'un après-midi, alors que nous discutons tranquillement au Green Cell, je lui propose, sur le ton de la taquinerie, d'échanger nos numéros de téléphone. À ma grande surprise, elle accepte sans hésitation, sourire aux lèvres.

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