Chapitre 32

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Margot


    Je me réveille doucement, l'obscurité qui m'entoure m'apparaît étrangement apaisante. Au bout de quelques secondes, mes souvenirs reviennent par vagues désordonnées : l'agression, la douleur, puis le néant. Une douleur aiguë me traverse les côtes, lorsque je tente de bouger, m'arrachant un gémissement. Je réalise que je suis branchée à un moniteur cardiaque et qu'un tube nasal me fournit de l'oxygène. Je suis à l'hôpital. Avec appréhension, je touche doucement mon visage. Ma pommette est sensible, et tandis que je fais glisser le bout de mes doigts un peu plus haut, un relief autour de mon œil me fait grimacer.

Je suis vivante.

Comment est-ce possible ? Je me suis pourtant vu mourir.

Alors que la panique commence à monter, je tente d'appuyer sur un bouton pour appeler une infirmière, mais ma main tremble. En essayant de bouger, je débranche accidentellement un câble, ce qui déclenche une série de bips stridents. Mon pouls s'accélère alors que je lutte pour reprendre mon souffle.

Une infirmière entre précipitamment dans la chambre, son visage se détendant en me voyant éveillée.

— Madame, ne vous inquiétez pas, tout va bien. Vous êtes en sécurité, me rassure-t-elle en vérifiant les moniteurs et replaçant le câble débranché.

— J'ai besoin de voir ma fille, murmuré-je, la voix rauque.

— Je comprends parfaitement, mais il deux heures du matin. Essayez de vous reposer encore un peu, votre corps en a besoin.

Elle pose une main chaleureuse sur la mienne, m'adressant un sourire apaisant.

— Je vais demander au médecin de passer vous voir. Mais ne vous en faites pas, vous aurez des visites aujourd'hui.

Je hoche la tête, fermant les yeux, essayant de me calmer. La douleur est encore vive, mais la présence de l'infirmière me rassure.

Quelques minutes plus tard, un médecin assez âgé entre dans la chambre et s'approche de mon lit. Il vérifie mes dossiers, et commence à parler doucement, m'expliquant que j'ai plusieurs côtes fracturées et un pneumothorax qui est en cours de traitement. Je jette un coup d'œil à mon côté gauche et aperçois le tube en plastique qui sort de ma poitrine. Je l'écoute attentivement, une boule se formant dans ma gorge à chaque mot qu'il prononce. À chaque blessure qu'il évoque, j'ai l'impression que celle-ci se réveille, comme s'il faisait l'appel.

— Nous allons vous administrer des calmants pour que vous puissiez vous reposer. Votre état est stable, mais nous allons continuer à vous surveiller de près, m'a-t-il dit avant de quitter la chambre.

Peu à peu, la douleur s'apaise et je ferme les yeux. Le calme revient dans la chambre, et je me laisse doucement glisser dans un sommeil léger et réparateur.


       Le matin, dès l'heure des visites, Samuel est la première personne à franchir la porte de ma chambre. Son visage est marqué par la fatigue, mais dès qu'il me voit éveillée, un sourire soulagé se dessine sur ses lèvres.

— Margot...

En quelques enjambées rapides, il me rejoint, et dépose un doux baiser sur mon front.

— Si tu savais comme je suis content de te voir réveillée... souffle-t-il la voix empreinte d'inquiétude. Comment tu te sens ?

Je fais de mon mieux pour que mon sourire est l'air d'en être un.

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