Chapitre 35 partie 1

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Margot


      Nous sommes mi-janvier, et les fêtes sont déjà derrière nous. La magie de Noël s'estompe doucement, mais elle a laissé en moi une chaleur persistante. Ces moments passés en famille et entre amis ont été précieux. J'ai encore le sourire en repensant aux cadeaux échangés, aux rires partagés et à cette douce complicité qui s'est installée autour du sapin. Bien qu'entre adultes, Victoire s'est bien amusée aussi, surtout le lendemain en découvrant tous ses nouveaux jouets. Une soirée inoubliable, et surprenante. Juste avant le dîner, Louise m'a expliqué que les cadeaux se feraient cette année par tirage au sort, une solution plus pratique puisque j'étais hospitalisée et incapable de m'en occuper moi-même, comme je le fais chaque année. Elle avait organisé cela en secret avec l'aide de mes parents, prévoyant que la présence des garçons ajouterait une touche spéciale à notre soirée. Ça l'était, spécial.

De mon côté, j'avais déjà préparé des cadeaux pour ma famille, que je leur ai donnés après avoir lâché la lanterne avec Samuel. Je ne sais pas si c'est parce qu'il a vécu le deuil en même temps que moi, mais il me comprend et sait ce dont j'ai besoin. C'est ce qui me touche le plus. Ce moment était magique et restera gravé dans mon cœur. Au moment où j'ai relâché la pression autour de la lanterne, elle s'est mise à flotter doucement, une lumière vacillante fasse à ce vaste ciel obscur, emportant avec elle une part de mes pensées et de mes peines. C'était plus qu'un simple geste ; c'était une libération.

Alors que je la regardais disparaître, j'ai ressenti un poids se dissiper. Ce deuil, je l'ai porté comme un fardeau qui ralentissait chacun de mes pas, m'empêchant d'avancer. J'ai senti cette lourdeur se détacher de moi, s'effaçant peu à peu dans l'immensité du ciel. Alors que la lanterne rejoignait les étoiles, j'ai repensé aux derniers mots que j'ai posé sur cette page.

"Je t'ai aimé dès les premiers jours, je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle."

À cet instant, l'air presque glacial semblait tourner autour de moi, comme pour me rassurer sur mon envie d'avancer, de laisser derrière moi une partie du passé. J'ai réussi à maintenir la flamme hors de l'eau, et à la mettre à l'abris de mon chagrin. Cette transformation, je la dois à Samuel. Il a été mon phare dans l'obscurité depuis ces dernières semaines, mais je reste incertaine de ce que je ressens pour lui. Nos interactions ont été intenses et parfois ambiguës. Mais je n'arrive pas à savoir si c'est simplement de la gratitude pour m'avoir aidée à remonter la pente, malgré l'amour et le soutien de ma famille ? Ou bien est-ce un sentiment plus profond ? Nos derniers moments ensemble ont été pleins de tendresse, et bien que j'aime l'homme qu'il est, je peine à définir ce lien, ce que je ressens vraiment.

Je me remémore notre baiser sous le porche, un acte spontané, presque irréfléchi. Je l'ai fait par pur désir, avant même de remarquer la branche de gui suspendue au-dessus de nous, au moment de poser mes lèvres sur les siennes. Elle a été une excuse parfaite. Sans elle, comment aurais-je pu expliquer cette envie soudaine de l'embrasser ? Moi-même je ne le sais pas réellement. Je n'allais pas lui dire que c'était une simple pulsion !

Le Nouvel An s'est déroulé dans la même ambiance : chaleureuse et conviviale. Avec Robin, Samuel, Louise et Élise, nous nous sommes retrouvés chez moi pour l'évènement. Ma fille, elle, est restée passer la nuit chez ses grands-parents. Comme prévu, chacun à ramené quelques jeux de société, pour une soirée de lâcher prise totale. Ce qui a transformé mon salon en un champ de bataille amical. Les pièces de bois du Jenga s'empilaient sous nos doigts tremblants tandis que les cartes du Uno virevoltaient d'une main à l'autre, accompagnées de cris de surprise et de protestation. Surtout de protestation.

Quand les douze coups de minuit ont sonné, nous avons levé nos coupes en l'air, nous souhaitant à chacun le meilleur pour l'année à venir, nos regards sincères et joyeux, avant de nous mettre debout pour se serrer dans les bras. Lorsque je me suis tournée vers Samuel, son étreinte a été différente. Plus prolongée, plus tendre. L'odeur familière de son parfum m'a enveloppée, me procurant une sensation de bien-être. J'ai senti la pression de sa joue contre la mienne, alors que j'étais sur la pointe des pieds. Une proximité qui a fait battre mon cœur un peu plus vite. Il n'y a pas eu de baiser volé, juste une étreinte sincère qui disait plus que les mots.

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