Chapitre 11

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Samuel

     J'hallucine, elle m'a vraiment pris pour un psychopathe ? Elle exagère là.

Sérieusement...

J'espère au moins que personne n'a entendu notre conversation. Perdre ma clientèle à cause d'un malentendu, ce serait un coup dur. J'ai tellement donné pour avoir tout ça.

Peut-être ai-je été trop direct avec cette jolie brune. Enfin, elle s'attendait à quoi ? J'ai bien vu la bague à son doigt. Elle n'a rien ajouté quand je lui en ai parlé. J'avais donc raison, elle est avec ce type. Elle se sent coupable, mais ce n'est pas une raison pour s'en prendre à moi. C'est elle, l'infidèle.

Je mentirais si je disais qu'un second round au lit avec cette femme me déplairait, mais je ne suis pas du genre à coucher avec une femme mariée... Manquerait plus que j'aie des problèmes. C'est hors de question ! Et plus sérieusement, je ne tolère pas l'infidélité. Son mec a beau avoir l'air d'un gros naze, personne ne mérite ça.

Je sais de quoi je parle.

Mais malgré tout, quelque chose m'attire chez elle. C'est au-delà du physique. C'est en elle.

Elle est magnifique, c'est certain. Sur le plan du corps, elle me plaît énormément, même quand elle est en colère.

Ouais, surtout quand elle est en colère...

Il est clair que je devrais me concentrer sur mon bar et éviter de m'impliquer dans des histoires compliquées. Je ne veux pas revivre les erreurs du passé.

À chaque fois que je la croise, c'est comme si une ombre silencieuse planait sur elle. Ce voile de tristesse qui recouvre son visage m'obsède, et je ne peux m'empêcher de ressentir le besoin impérieux de percer le mystère de sa douleur.

Est-ce une curiosité mal placée ? Peut-être. Depuis que Lana n'est plus, mon radar émotionnel s'est aiguisé, détectant plus facilement les fissures dans le masque que chacun porte. Une facette de chagrin semble s'être incrustée sur son visage, venant altérer la véritable splendeur qui doit normalement l'illuminer. Et il y a cette lueur dans ses yeux, cette peine, qui vient ternir son doux visage. J'ai envie de la voir sourire, qu'elle resplendisse de bonheur. Mais ça, c'est le devoir de son compagnon, pas le mien.

Je ne cherchais pas à la blesser tout à l'heure. Mon intention n'était pas de l'effrayer, de la faire douter. Je ne suis pas un taré pervers, mais un homme hanté par son propre passé. Elle doit probablement me maudire actuellement, et je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité.

— Eh Sam ça va ? me surprend le beau-frère de mon pote. Ça fait vingt minutes que t'es parti chercher nos verres, Robin se dessèche sur place, c'est affreux. Il y a un souci ?

Hein ?

Ah oui, l'after.

— Merde, Marc je suis désolé j'arrive tout de suite !

J'avais complètement oublié ce pourquoi j'étais venu.

Décidément, elle me retourne le cerveau.

Marc m'aide à prendre les verres commandés et nous rejoignons Robin.

— Voilà Monsieur !

— Eh ben, j'ai cru que tu n'arriverais jamais ! Tu sais que ça me coûte de parler la gorge sèche.

Le comédien fait semblant de tousser, portant ses mains sur sa gorge.

— Ouais pardon, j'ai eu un petit contretemps.

— Un contretemps d'un mètre soixante-cinq environ, brun, cheveux longs, dans un petit jean moulant merveilleusement son postérieur ? réplique-t-il.

— Possible.

Sa remarque me fait sourire moyennement.

— D'ailleurs, continue Marc, qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle parte presque en courant ? Tu aurais vu sa tête, on aurait dit qu'elle allait exploser !

— C'est clair !! rigole Robin. Allez balance-nous tout, Casanova. Tu n'as jamais refusé les avances d'une femme, alors, à moins qu'elle ait finalement un pénis je ne comprends pas que tu l'aies fait fuir !

Je regarde Marc, ahuri, lui communiquant par pensées que son beau-frère n'est pas net. Le clown de service s'esclaffe. Et finalement, nous le suivons.

Une chose est sûre, elle n'a pas de pénis, les gars !

Il est vrai que jusque-là je n'avais pas vraiment eu l'occasion de raconter cette fameuse soirée à Robin, et je suis sûr qu'il en attend des détails croustillants. Je décide que c'est finalement le bon moment pour dépeindre toute cette histoire à Marc et mon meilleur ami. Après tout, je n'ai rien à cacher.

Enfin, juste deux-trois trucs.

Je leur raconte tout, sans trop aller dans les détails. Les mecs balancent quelques vannes pendant mon speech mais m'écoutent attentivement jusqu'à la fin. Au final, Marc me conseille de laisser tomber pour ne pas m'attirer d'ennuis, j'approuve ses paroles. C'est la première chose que je me suis dite dès l'instant où j'ai vu cette bague. Le plus compliqué va être de ne plus penser à elle étant donné que je sais maintenant qu'elle fréquente le bar du Green Cell.

Mes compères finissent par dériver sur un autre sujet. Moi, je reste encore un peu dans mes pensées. Comment j'en suis arrivé là ? Cette femme m'obsède. Ça doit faire au moins un siècle qu'une femme ne m'avait pas réellement intéressé. Bien sûr, il fallait que ça tombe sur une femme mariée. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué hein ?

Nous discutons encore une bonne heure avant de mettre fin à cette soirée entre hommes. Robin me remercie une dernière fois pour son anniversaire. Je sais qu'il a passé un bon moment, ça nous a tous fait du bien et j'en suis heureux. Me retrouver en famille, même si nous n'avons pas le même sang, me réjouit toujours.

Une fois rentré, je me déshabille rapidement et file me brosser les dents avant d'aller me coucher. Demain, une grosse journée m'attend. La fatigue me gagne assez rapidement. C'est en repensant à ma jolie brune que je m'endors complètement. 

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