Chapitre 20

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Margot


      La nuit a été très courte. Victoire s'est réveillée en pleurant vers six heures du matin à cause d'un mauvais rêve. Après l'avoir bercée en lui murmurant des mots réconfortants, je l'ai installée dans mon lit, à mes côtés. J'ai continué de la rassurer en lui caressant les cheveux, jusqu'à ce qu'elle se rendorme. Elle a vite retrouvé le sommeil, blottie contre moi, j'entends sa respiration, calme et maintenant paisible.

Cependant, la migraine qui s'installe dans ma tête semble ne pas vouloir me laisser en paix. Les effluves de la soirée d'hier soir me rappellent à l'ordre, et je me sens épuisée. Je me résigne à me lever, cherchant un cachet dans le placard de la cuisine pour apaiser ma douleur lancinante.

Malgré mes efforts pour me rendormir, le sommeil refuse de venir. L'heure qui suit, je me retrouve à fixer le plafond, perdue dans mes pensées, tandis que les premières lueurs du jour s'infiltrent à travers les volets.

Bon, je ne me rendormirai pas, c'est sûr maintenant.

Sans bruit, je me glisse hors du lit, attrape les oreillers et le traversin faisant une barrière autour de Victoire afin d'éviter qu'elle ne tombe. Puis, à pas de loup, je quitte la chambre.

Le bruit de la Senseo en route m'indique qu'Élise est déjà levée.

Nous avions convenu la veille qu'elle resterait dormir à la maison puisque je rentrerai tard.

M'apercevant, elle me salue d'une voix rauque et dépose une seconde tasse sous la machine à café.

— Merci, dis-je d'une voix enrouée.

Elle émet un léger rire.

— Gueule de bois ?

— On dirait bien. Pourtant je ne me suis pas sentie mal en rentrant hier soir. Là, j'ai plutôt l'impression d'avoir été percutée par un bus.

— Tu veux que je te prépare un petit quelque chose ? propose-t-elle d'une grimace compatissante.

— Un café bien fort et un bon petit déjeuner seraient parfaits !

— Je m'en occupe, va t'asseoir, m'ordonne mon amie en fouillant dans les placards, se rappelant parfaitement où se situent les gâteaux.

Alors que je me dirige vers mon canapé sans rechigner, elle me demande si la soirée était à la hauteur des attentes de Samuel.

À l'entente de son nom, je me souviens que j'ai déposé mon appareil photo dans l'entrée hier soir. Dans la panique, je n'ai pas pris le temps de le ranger, trop pressée de me coucher sans penser à rien.

Je ne compte pas parler à qui que ce soit de cette sensation désagréable que j'ai éprouvée hier soir en rentrant. Je pense sincèrement que je me suis fait des films, toute seule, le soir d'Halloween.

Dans un demi-tour lent et contrôlé – afin d'éviter de trop bousculer ma boîte crânienne –, je file dans l'entrée récupérer mon bien. Mes mains enserrent les poignées, tandis que je colle l'appareil contre ma poitrine. Une bouffée de chaleur m'envahit lorsque je me remémore la proximité que nous avions lors de cette dernière photo capturée.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande Élise, laissant apparaître sa tête dans l'encadrement de la porte de la cuisine.

— Je... j'ai pris des photos ! m'exclamé-je en levant mon Leïca.

— Des photos du Green Cell ?

— Non... Hum, des photos de nous quatre, que nous avons prises dans le coin que Louise avait aménagé pour.

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