𝐗𝐗𝐗 | 𝐂𝐞𝐢𝐥𝐥𝐢𝐧𝐠𝐬

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| Mia |

Je suis épuisée. Vide de toute énergie. J'ai l'impression d'être un vieux t-shirt qu'on a passé à la machine et qui a été mal essoré dans le sèche-linge.

Je me compare à un t-shirt et j'ose encore croire que ça va aller ?

Les mauvais rêves sont encore venus troubler le calme de mon sommeil, me faisant me réveiller trop de fois pour que ma nuit soit réparatrice. J'ai encore rêvé d'Isaure, de son dernier sourire et de son parfum aux saveurs de mangue. Elle ouvrait la bouche pour parler, mais aucun son n'est sortie d'entre ses lèvres.

En me réveillant en sursaut, j'ai réalisé que je ne me souvenais presque plus de la voix de ma cousine. Que les dernières images d'Isaure seront à jamais, dans mon esprit, celles de son assassinat. Même son rire cristallin se fait de plus en plus lointain.

Et puis, Elijah s'est aussi invité dans mes songes. Il était si près de moi et la seconde d'après, il n'était plus là. Ses doigts me touchaient pour marquer si délicatement mon épiderme, pour finalement se retirer et ne laisser que de douloureuses brûlures. Lorsque je tenais le corps d'Isaure contre moi, Elijah était là, à m'observer sans émotions et incapable de m'aider à m'échapper. J'avais beau hurler son nom, le supplier de me sauver, il n'esquissait qu'un sourire perplexe.

Je me suis réveillée en pleurant, incapable de respirer comme il se doit, me rendant compte que je me suis naïvement faite à l'idée qu'Elijah m'aiderait. Je n'ai jamais pensé qu'il me sauverait mais qu'il m'aiderait, ça oui. J'ai cessé de croire au prince charmant lorsque Louis De Millo-Terrazzani m'a brisé en une multitude de morceaux trop éparpillés pour être recollés.

Je frotte mes yeux et tente de m'adapter à la lumière qui perce par les rideaux. Tout mon corps est engourdi et je sens les battements de mon cœur encore affolé frapper contre l'intérieur de ma poitrine.

Mia ?

La voix d'Isaac me parvient à travers la porte de ma chambre.

Je peux entrer ?

Face au lit se dresse un large miroir dans lequel est réfléchi mon image. La vision de mes cheveux en bataille et de mon pyjama aux motifs enfantins m'extirpe un grognement de frustration. Je suis dans la position la moins confortable du monde et, en même temps, Isaac m'a vu dans de pires postures.

Genre avec la peau en lambeaux, bafouée de coups et à moitié nuesur le sol. Ouais là c'est plutôt détente.

Je réponds à Isaac par un onomatopé incompréhensible avant de me réfugier sous mes draps.

Le bruit d'une porte qui s'ouvre se fait entendre et quelques secondes après, le matelas s'affaisse à côté de moi. Il ne parle pas, ne dit rien, aucun son ne s'échappe d'entre ses lèvres, parce qu'Isaac est comme ça. Il attend, patiemment,  que je me confie à lui comme le ferait une sœur à son grand frère.

Et honnêtement, il y a des choses que je ne peux vraiment pas dire à Arthur...

Sur ce point, Ivy et lui se ressemblent parfaitement. Leur patience à l'égard de beaucoup d'autres personnes flanche aussi vite qu'un château de cartes pris dans un courant d'air. Mais lorsqu'il s'agit de moi, ils font tout les deux preuves d'une douceur surprenante.

Qu'est-ce que tu fais ici ? je lui demande en retirant l'oreiller de ma tête qui empêche les mots de s'entendre distinctement.

Il laisse échapper un rire rauque.

Oh... je sais ce que cela signifie...

Il a passé la nuit avec Ivy. Bien sûr qu'ils ont dormi ensemble ! Ces deux là sont les seuls idiots à ne pas se rendre compte de ce que leurs regards expriment. Et surtout, ils sont les seuls à ne pas comprendre qu'ils seront toujours fait l'un pour l'autre.

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