𝐗𝐗𝐗𝐈 | 𝐏𝐚𝐧𝐢𝐜 𝐑𝐨𝐨𝐦

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| Mia |

Lequel d'entre vous dois-je étriper en premier ?

Il ne m'a pas fallu longtemps, après avoir pénétré dans l'appartement d'Arthur, pour exploser tant la peur de le perdre m'a broyée l'estomac pendant toute la durée de mon vol jusqu'à Manhattan. 

Mon frère, affalé dans son fauteuil, le torse dénudé et recouvert d'un bandage neuf, me regarde d'un air amusé. Il ne semble absolument pas traumatisé par les événements de la nuit dernière, bien au contraire.

Euh... le cadavre ? rétorque Éthan dont la tête blonde sonde l'intérieur du frigo.

Je pointe un doigt accusateur sur le jeune homme, dont les bras débordent d'aliments salés et produits en tout genre. L'humour d'Éthan ne me fait pas rire. Pas cette fois.

Tu aurais dû être avec lui !

Ma voix se brise d'une facilité ridicule. L'angoisse de retrouver mon frère, sous oxygène à l'hôpital ou encore allongé sur une table à la morgue m'a empêché de fermer l'œil pendant de longues heures. Et si je le faisais, c'est l'enterrement d'Arthur que je voyais.

Mia, ce n'est pas de la faute de-

Et toi ! je reporte alors mon attention vers mon frère dont le sourire narquois à rapidement disparu. Tu as baissé ta garde ! Comment se fait-il que le système informatique n'ait pas indiqué une présence suspecte ?

Arthur déglutit difficilement avant de déposer ses doigts sur l'épiderme de mes avants-bras. Je dois, quant à moi, cligner de nombreuses fois des yeux, sentant les larmes me brûler la rétine.

Je ne sais pas, petite sœur.

Je sens Éthan s'agiter silencieusement derrière moi. Du coin de l'œil, je le vois se moquer de son meilleur ami. Cet idiot mime un joueur de violon, une scène qu'il doit espérer romantique et... un baiser ?

Éthan, je te vois, j'assène avec amertume. 

Mon but n'était pas forcément d'être discret mini rose.

En passant près de moi, un sac de pain de mie, un pot de cornichons et du pâté ajouté à sa cargaison de nourriture, Éthan dépose un baiser sur ma joue et m'adresse un doux sourire. Je scrute les cernes sous ses yeux noisettes. Lui aussi a passé une nuit compliqué et je suis trop égoïste pour ne pas en prendre compte. C'est lui qui s'est occupé d'Arthur et qui aurait pu le retrouver mort, étendu sur le sol.

Tu es vraiment insupportable.

Mais tu m'adores, rétorque-t-il en prenant place près d'Arthur.

Il est difficile de lui cacher à quel point oui, je l'adore, comme un second frère. Et à quel point je suis désolée d'être infecte envers lui, au nom de ma douleur que je considère supérieure à la sienne. Mais je sais que, si Arthur venait à mourrir, il ne resterait rien d'Éthan, simplement un corps errant auquel j'aurais bien du mal à m'accrocher, et qui refuserait toute aide qui ne vient plus de mon frère.

Éthan débouche le bocage de cornichons russes, dont lui et Arthur raffolent depuis qu'ils ont des dents.

Passe-moi en un, lui demande mon frère.

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