𝐗𝐗𝐈𝐈 | 𝐓𝐡𝐞 𝐨𝐭𝐡𝐞𝐫 𝐠𝐢𝐫𝐥

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| Elijah |

Villa des Wells, Los Angeles
4:12

J'ai l'impression douce-amère de ne pas avoir était confronté à un tel silence depuis bien longtemps. La dernière fois doit remonter à mon enfance, dans ce bureau même, lorsque mon père s'est tiré une balle dans la tête. Paradoxale me direz-vous. Un suicide par arme à feu provoque plus les échos de terribles bruits sourds qu'un silence de plomb. Et pourtant, c'est sûrement le dernier souvenir de silence profond que j'ai en mémoire.

Paradoxale en effet, de me retrouver assis dans ce même fauteuil qu'a occupé Miroslav Wells, pendant ses nombreuses années à la tête du cartel de notre famille ainsi que le matin de sa mort.

Je passe lentement ma main sur mon visage et me pince l'arrête du nez, assailli par la fatigue mais refusant pourtant de m'endormir. Ma montre affiche 04:12 du matin. Il est bien tard... ou bien tôt. À l'extérieur, la nuit couronne la densité que représente Los Angeles, plongeant dans l'obscurité habitants et paysage. En Croatie, il est 12:12. L'heure du déjeuner. Les gens doivent être entrain de rire sur le rivage de Dubrovnik, en profitant du bleu azur et infini de la mer Caspienne et de la légère brise du vent côtier. Jamais les plages de Los Angeles ne sauront atteindre la beauté de mes terres croates.

Je me hisse sur mes jambes afin de me diriger vers la grande baie vitrée de la pièce et de me planter devant, dos à la porte. Mes souvenirs de la Croatie sont flous, ce qui ne me permet pas de savoir si les images dans ma tête sont réelles ou purement fantaisistes. Lorsque je relève les yeux vers la voûte céleste, je réalise que les États-Unis ont de quoi jalouser mon pays natal. Enfant, alors qu'il m'était impossible de dormir comme ce soir, je me glissais hors de mon lit pour grimper sur le rebord de ma fenêtre et observer les étoiles.

J'étais fasciné par ses milliards de cristaux, scintillants sur cette étendue noir qui semblait si près et que, pourtant, je ne pourrais jamais atteindre. C'était aussi ce silence que j'aimais. Il n'était ni effrayant, ni pesant lorsque vous aviez passé la journée à entendre vos parents se lancer des objets contendants ou des vases à la figure, ou que votre paternel et son frère se servaient de civils comme gibiers, sur lesquels ils tiraient, lors de chasses dans le jardin.

Putain.

Je n'ai pas repensé à mon oncle ou à ces putains de souvenirs qui constituent l'enfance depuis bien longtemps. Comme tiré par une force invisible, ma main se glisse dans la poche droite de mon jean pour s'emparer de mon portable. Je fouille dans mon répertoire afin de trouver le numéro de mon oncle, que je fini par contempler en serrant la mâchoire. Mon pouce plane au dessus de mon écran avec hésitation. Il doit être mis au courant pour les armes des japonais et pour notre entrée de fonds grâce aux monégasques.

Appuie sur ce foutu numéro Elijah !

Sans m'en rendre compte, mon portable appelle le numéro de mon oncle et le bip lointain s'enclenche pendant quelques secondes. Puis résonne le bruit d'un téléphone qu'on décroche.

Zdravo ? ( « Allô ? » ).

Ujak Aleksandar ? ( « Oncle Aleksandar ? ».)

Elijah ?

Mon oncle éclate de rire.

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