𝐗𝐗𝐈 | 𝐂𝐚𝐭𝐡𝐚𝐫𝐬𝐢𝐬

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| Éthan|

Une des différences flagrantes entre Arthur et moi, ce sont nos goûts. Je ne parle pas de nos goûts en matière de femmes, bien que mon meilleur ami soit plus raisonnable que moi. Je veux parler de la météo. J'ai toujours aimé le soleil, sa chaleur et le bonheur que ses rayons apportent.

Le beau brun qui me sert de meilleur ami à toujours, quant à lui, eu un faible pour la pluie aux États-Unis. Alors, pour une fois, en mon for intérieur, je remercie Dieu ou l'univers d'avoir fait tomber la pluie sur Brooklyn.

Arthur est d'une humeur massacrante depuis qu'Inslee est venu en personne récupérer la petite mexicaine, nous prouvant que nous pouvions nous aussi nous montrer inattentifs. Je dois avouer que je ne sais pas ce qui me déprime le plus : les trombes d'eaux qui martèlent violemment le pare-brise à quelques centimètres de mes yeux, ou Arthur et son air des mauvais jours. Des très mauvais jours.

Pas de « mon chou à la crème » et encore moins mon favori « mon canari des îles » parce que je suis convaincu qu'Arthur pourrait véritablement bloquer ma respiration avec le seul usage de son pouce. Et avant que vous ne souhaitiez une démonstration, je peux témoigner qu'il l'a déjà fait et que ce n'est franchement pas beau à voir.

J'ai pris l'adorable ou d'après Arthur, la fâcheuse tendance à l'appeler ainsi depuis nos dix-sept ans lorsqu'Arthur a eu sa première relation sérieuse, c'est-à-dire une relation où mon meilleur ami faisait plus que baiser l'une des filles du lycée super chic dans lequel nos parents nous avaient envoyés, de l'inviter à rester pour le petit-déjeuner avant de lui adresser la parole de retour en cours, de façon amicale sans rien laisser paraître. Sa première copine s'appelait Violette, elle est arrivée rapidement après un plan-cul du nom de Clémentine.

Oui, Arthur adore les prénoms proches de la nature.

Bref revenons à nos violettes. Arthur a rapidement présenté sa copine à toute la famille et le visage mortifié de Mia en découvrant sa « belle-sœur » est resté à jamais gravé dans mon esprit. Néanmoins, ni elle ni Ivy lançant des coussins à Arthur pour le supplier de ne pas faire entrer Violette dans la famille, ne surpasseront Richard et son humour douteux lorsqu'il a dit à Arthur que les gens à l'État Civil allait se moquer de sa copine lorsqu'ils liront Violette De Rosewhite sur les papiers.

Toute plaisanterie mise à part, cette première petite amie était douce, très chaleureuse mais affreusement culcul. Mon meilleur ami est un grand romantique, à mon grand désarroi, mais disons qu'il s'est pourtant vite senti oppressé. Mais que serait Arthur sans sa délicatesse ?

Cet ingénu lui a sorti le fameux « ce n'est pas toi, c'est moi », sachant pertinemment que c'était elle. Ils ont donc décidé de rester amis, se voyant parfois pour un café et d'autres fois pour des parties de jambes en l'air, bercés par les doux souvenirs communs et la perspective d'un avenir non-partagé. Là où je veux en venir, c'est que sans notre chère Violette, jamais je n'aurais surnommé Arthur par le doux surnom de « mon canari des îles ». Et si, en temps normal, ce petit nom ne dérange mon cher acolyte, ce n'est pas le cas à présent.

Au dehors de la voiture, la rue se fait de moins en moins vivante, la grisaille du quartier ajoute un air maussade à la situation et me laisse penser que les habitants de ces vieux immeubles défraichis ont eux aussi passés une mauvaise semaine et qu'ils n'ont aucune envie d'aller se balader sous la pluie.

John a placé quatre hommes au coin de la rue et Lewis dix autres sur le toit, je récite pour Arthur. Inslee a certes indiqué que ses hommes ne seront pas armés, mais il vaut mieux que l'on reste prudent.

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