Chapitre XXVII : Yes, and ? - Ariana Grande

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Ethan

Jo m'attend devant la maison, une cigarette à la main. Je descends de ma voiture et m'étire. Il est deux heures du matin. Les quartiers sont calmes et je suis soulagé que personne n'ait essayé de me suivre. Le début de nuit a été plutôt agitée et pour me détendre, j'ai été boxé. Mais n'arrivant à me rendormir, j'ai proposé à Jo de le reprendre.

— Tu fûmes, toi ? m'étonné-je.

— Seulement en cas de stress.

Il écrase son mégot sous sa chaussure et l'enterre dans la terre le long de la maison pour qu'on ne le retrouve pas.

— Il s'est réveillé, m'apprend-t-il en me tendant un flacon. Si ça dégénère, fais-lui sentir ça.

Je me crispe en saisissant la fiole. Génial... Je me frotte les mains pour me donner du courage. Je jette un coup d'œil autour de nous. L'absence de lumière est aussi oppressante que libératrice. J'esquisse un sourire ironique. C'est les seules rues qui ne se noient pas dans les déchets. Parce que les éboueurs ne passent pas ici, déjà, d'ordinaire. Chacun se débrouille. Alors les grèves ne les atteignent pas.

— Tu ne trouves pas ça étrange, que personne ne soit encore venu nous déranger ?

Joeffrey hausse les épaules.

— Ils nous ont associés à Enola.

Et elle est connue dans le milieu. Personne n'a envie de s'attirer sa colère. Une moue se dessine sur mes lèvres. Certes. Joeffrey me salue d'un hochement de tête froid et se dirige vers sa voiture.

— Bon courage.

Je ne réponds rien et, prenant une grande inspiration, passe la porte de la maison. Rien n'a bougé dans la demeure et je me permets de boire un coup d'eau dans la bouteille que Jo a oubliée sur la table.

L'homme relève la tête lorsque je rentre dans la pièce. Je suis stupéfait par l'action de miraculeuse du poison. Le visage du Naufrageur, éclairé par diverses bougies disposées ici et là, est revenu à la normale. Plus de couleur bleuâtre, plus de plaie, plus de sang. Pour ce dernier point, Joeffrey a dû lui nettoyer, mais pour le reste... Je ne peux m'empêcher de songer à l'effet que pourrait avoir ce poison sur des maladies graves. Cela sauverait des centaines de vies...

— Bonsoir, dit-il d'une voix grave. Ou devrais-je dire bonne nuit, si je me situe bien ?

Je m'assois sur la chaise que je retourne pour me mettre à califourchon dessus et pose mon arme entre mes jambes. L'homme suit chacun de mes gestes avec une attention particulière.

— Je vois...

Pourquoi est-il si calme ? Le manque ne devrait-il pas le rendre fou ? Jo lui a-t-il redonné du poison ? Il me l'aurait dit, j'espère, non ? Le Naufrageur se remue et je me dresse vivement, la paume sur la crosse de l'arme. Ses yeux s'écarquillent et il se fige.

— J'essaie juste de faire passer la douleur... C'est extrêmement inconfortable comme position à la longue...

Et bien tu t'en accommoderas. Je profite du silence s'étant installé pour l'observer plus en détails. Il a certainement une bonne trentaine, mais semble déjà vieux. Sa peau est marquée, son teint crayeux. Ses yeux sombres sont fatigués, douloureux et... perdus. Je sens son angoisse à sa manière de poser son regard partout sauf sur ma personne. Ses doigts tapotent les chaînes, il ne cesse de bouger, de changer de position. Je l'effraie. Et à cette pensée, un petit sourire cruel déforme les lèvres.

Ironique en sachant que c'est potentiellement lui, le meurtrier de mon père. J'avise sa grandeur de jambe, ses quatre-vingt kilos. Le combat n'a pas dû être gagné d'avance car mon paternel n'était pas en reste niveau musculature. L'a-t-il touché ? A-t-il réussi à le blesser et le poison a effacé cette preuve ? Ou bien le Naufrageur l'a-t-il lâchement frappé par derrière ? Peut-être n'a-t-il même pas eu à le frapper dans le fond. Peut-être lui a-t-il simplement soufflé le poison au visage puis s'est envolé, laissant mon père agonir. L'a-t-il regardé mourir avant de balancer son corps dans la YouCry pour camoufler son acte ? Ma mâchoire craque tant je la serre.

My Life, My HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant