« Les Naufrageurs, c'est terminé. Je les quitte ce soir. Ce soir, je reprends ma liberté. »
Extrait du journal d'Enola sous dilitírio
— Enolaaa, chantonne une voix guillerette à deux centimètres de mon oreille. Devine de qui c'est l'anniversaire...
Je grogne et enfouis ma tête sous l'oreiller pour cacher mon sourire amusé. Le souvenir de mon cauchemar s'évapore comme la fumée d'une bougie éteinte. Je ne donnerai pas à ma démone de sœur le plaisir de voir mon expression à peine réveillée. Elle s'en procure déjà bien assez en venant me réveiller ainsi.
— bonanniversaire... articulé-je, les mots avalés par l'oreiller. Tu peux partir maintenant...
Le cri de joie de Laurie me fait sursauter et je lâche un cri de surprise quand elle ôte la couette chaude de mon corps recroquevillé.
— Putain, Laurie, j'ai mal au crâne, laisse-moi dormir...
Des éclairs de migraine me foudroient les tempes, battant en rythme avec mon cœur. Je la déteste...
— Debout, marmotte ! Tu as promis de m'emmener en séance photo aujourd'hui et je veux y être pour midi quand le soleil se reflétera dans la rivière ! Ça sera trop bôôôôôôôôôôô !
Je grommelle mais finis par bouger ma jambe valide et me redresse. Je me frotte les yeux, aveuglée par la lumière du matin. Ma sœur me fixe, échevelée d'excitation. Ses yeux pétillent plus que jamais et elle est déjà prête à partir, chaussures de rando au pied. J'avise d'un œil morne la terre qu'elle a semée dans ma chambre et maudis déjà la tradition familiale. Les anniversaires sont une trêve. Aucun reproche, aucun travail sauf cas exceptionnel. Et je doute que mon tapis en fasse partie malheureusement.
— Allez Enola ! On va être en retard ! s'impatiente ma sœur en sautillant sur place.
Je me retiens de lui rétorquer que la forêt, la rivière et le soleil ne s'envoleront pas, peu importe l'heure à laquelle on arrive. À la place, je grommelle, me lève, saisis mes béquilles et traîne ma jambe paralysée vers la penderie. Je prends tee-shirt, jean et pull avant d'abandonner ma sœur pour me changer en quelques minutes dans la salle de bain. Lorsque je ressors, l'excitée est appuyée contre le mur sur son téléphone.
— Tu sais qui m'a souhaité mon anniversaire en premier ? s'exulte-t-elle. Titouan !
Je souris et béquille vers la cuisine.
— Le gars d'histoire ? tenté-je.
— Nan, celui de la physique.
Ah pour une fois qu'elle ne craque pas pour un littéraire !
— C'est forcément quelqu'un de bien, lui assuré-je en saisissant un paquet de biscuit à tâtons dans le placard.
— J'espère bien car il a des yeux, mon dieu... S'il me demande en mariage, je dis oui directe.
Je pouffe. Et le pire, c'est qu'elle le ferait, cette folle. Je bénis Jo qui m'a sorti un anti-douleur et un verre d'eau. Ma cicatrice fait vraiment des siennes en ce moment.
— Plus beaux que les yeux d'Ian Somerhalder ? la taquiné-je avant de prendre le comprimé.
— Non, faut pas exagérer. Personne n'a de plus beaux yeux qu'Ian.
— Baby Blue Eyes, minaudé-je, me lançant dans une imitation très bancale des regards intenses de Damon Salvatore.
— Oh mon dieu, arrête ça... Ian va se retourner dans sa tombe...
— Je ne pourrai jamais me voir Damon, ris-je en croquant dans une pomme, la jambe appuyée sur ma béquille. Ni Stephan d'ailleurs. Team Enzo jusqu'au bout !
VOUS LISEZ
My Life, My Hell
Misterio / Suspenso" Toute personne assassinant sous l'emprise du dilitírio sera exécutée dans les mêmes conditions que ses victimes. Toute affiliation avec ces personnes se faisant appeler les Naufrageurs sera condamnée à perpétuité. " Se faire oublier, voici l'objec...