¹⁹ 𝐁𝐨𝐮𝐫𝐛𝐨𝐧

24 3 26
                                    


—Ce que tu m'as fait honte aujourd'hui

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

—Ce que tu m'as fait honte aujourd'hui... à croire que tu n'es pas la fille de l'un des meilleurs patineurs artistiques du Japon.

Au bord de la crise de larmes, Hana peinait à respirer convenablement.

—Mais j'ai fini deuxième, couina-t-elle d'une petite voix. C'est... déjà bien pour une première compétition, non ?

—Non, mais je rêve, s'esclaffa Ha-Yoon Hoshino en regardant sa fille comme si elle la voyait pour la première fois. Tu n'es quand même pas en train de te contenter de cette place ? Après toutes ces heures de cours privés qu'on t'a payé avec les meilleurs entraîneurs du pays ? On nage en plein délire.

Entre ses mains, la médaille d'argent qui l'avait faite sourire avait désormais le poids d'une défaite, lourde et cuisante.

—C'est dingue que tu puisses penser ça, continua sa mère d'un ton cassant. Tu as fait tellement d'erreurs dans ton programme que ça faisait peine à voir.

Dans une tentative inespérée d'obtenir un peu de soutien de son père, la fillette braqua timidement son regard au sien, en vain. Elle se heurta à un mur glacial de déception si palpable que sa gorge se noua encore plus qu'elle ne le croyait possible. Inspirer devenait pénible.

—Quel gâchis, lâcha simplement Yuki Hoshino avant de se pincer l'arête du nez.

—On est très déçu de toi, enchérit Ha-Yoon. Il n'y a pas vraiment de quoi être fière de ta performance, Hana.

Sa vue se brouilla de larmes, mais cela ne l'empêchait pas de distinguer les émotions qui déformaient les traits de ses parents pour autant. Dégout. Colère. Déception. Du haut de ces huit ans, elle n'arrivait pas à déterminer laquelle de ces émotions prédominait le plus, mais ce qu'elle savait en revanche, c'est qu'elle était l'unique responsable de tout cela.

—Moi qui la pensais enfin assez mature pour prendre les compétitions au sérieux, marmonna Ha-Yoon en coréen - sa langue maternelle - comme si sa fille ne pouvait pas la comprendre. On a dû sacrifier tant pour elle, et c'est comme ça qu'elle nous le rend ?

L'adulte se mit à mordiller nerveusement l'ongle de son pouce, la lèvre tremblante de rage. Elle commença à faire les cent pas dans le salon familial, partagée entre un rire frôlant l'hystérie et l'irrésistible envie de se mettre à hurler. Pourtant, sa voix restait parfaitement maitrisée lorsqu'elle s'adressa de nouveau à Hana, ce qui la rendait encore plus effrayante.

—Face à cette fille, on aurait dit qu'elle n'avait jamais enfilé de patins de ta vie.

Chaque mot qui jaillissait de la bouche de sa mère résonnait en Hana avec une violence inouïe, redoublant ses sanglots silencieux. De chaudes larmes s'étaient mises à couler sur ses joues.

Âmes en peineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant