²⁸ 𝐓𝐫𝐨𝐣𝐤𝐚

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Ce n'était que le lendemain matin, aux aurores, que Keisuke quitta la demeure des Hoshino pour retourner chez lui

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Ce n'était que le lendemain matin, aux aurores, que Keisuke quitta la demeure des Hoshino pour retourner chez lui.

Il ne pleuvait plus, mais un grand froid persistait. Même à l'abri de ses poches, le bout de ses doigts paraissait congelé, chose qui l'avait fortement dissuadé, malgré l'envie qui le tiraillait, de sortir une cigarette pour se tenir compagnie. Il ne rêvait plus que d'une chose : rentrer au plus vite et se préparer un bon café dans sa cuisine, en espérant que personne n'ait décidé de s'y rendre. Il n'était pas d'humeur à voir qui que ce soit.

Lorsqu'il poussa la porte principale, c'est un silence des plus complets qui l'accueillit. L'heure était si matinale qu'aucun domestique ne déambulait encore dans les couloirs, ce qui l'arrangeait finalement plutôt bien : Keisuke n'avait pas spécialement besoin d'assistance pour ranger sa veste, il connaissait plutôt bien le chemin jusqu'à sa cuisine sans qu'on l'y accompagne, et surtout, il n'avait pas besoin qu'on aille rapporter son heure de rentrée à son père. Même s'il en avait cure, il se passerait bien d'être fliqué de si bon matin.

Aussi silencieux que son ombre, le jeune homme se dirigea rapidement vers la cuisine-salon à l'étage. Par chance, il ne croisa qu'une femme de ménage au détour d'un couloir. Cette dernière s'arrêta dans sa tâche pour le saluer d'une légère révérence, mais ne s'attarda pas pour discuter, le laissant filer aussi vite qu'il n'était apparu. Et à nouveau, à son plus grand plaisir, le brun eut la joie de découvrir que pas d'âme qui vive ne se trouvait en cuisine.

En revanche, le vrombissement que produisit la machine à café avait sans doute prévenu toute la maisonnée de sa présence en ces lieux, et maintenant, cela ne l'aurait même pas étonné de voir des employés de maison accourir pour s'assurer qu'il ne manquait de rien. Il était si peu présent ces derniers temps qu'à la moindre occasion, les domestiques ne pouvaient s'empêcher d'être aux petits soins avec lui.

D'ailleurs, la corbeille à fruit pleine de mandarines fraîchement apportées, posée en évidence sur le comptoir, pouvait en témoigner. Il était le seul dans cette maison à en consommer bien volontiers, et cela n'avait pas échappé à la vigilance des cuisiniers qui s'assuraient toujours d'en avoir en réserve, rien pour lui.

Cela ne rata pas. Son café en main, Keisuke ne s'était pas fait prier pour piocher l'un des fruits en passant devant la corbeille avant de se diriger vers la baie vitrée. Durant quelques secondes, il hésita à l'ouvrir afin de fumer, mais en repensant au froid qui l'y attendrait une fois de plus, le garçon se résigna. À la place, il s'installa sur le canapé le plus proche, posa son paquet de cigarettes ainsi que sa tasse sur la table basse en verre, et se mit à peler la mandarine tout en bâillant. Il était si concentré sur sa tâche qu'il ne remarqua pas tout de suite qu'on l'observait depuis l'entrée. Il n'avait pas entendu que l'on approchait.

—Je me disais bien que j'avais entendu la machine à café.

En reconnaissant cette voix, le jeune homme se figea complètement. Ses yeux volèrent en direction de l'entrée, et son cœur loupa péniblement un battement. Il ne s'attendait tellement pas à la voir ainsi qu'il en avait oublié comment respirer.

Âmes en peineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant