01 | 𝐷𝑎𝑖𝑠𝑦

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꧁ ᴀʟʟ ʙᴇᴄᴀᴜsᴇ ɪ ʟɪᴋᴇᴅ ᴀ ʙᴏʏ... ꧂






« L'enfer, c'est les autres »
Jean-Paul Sart



Par le passé,
Londres,
Daisy.


Ma vie n'est qu'un chaos sans fin, un tourbillon qui noie la moindre trace de lucidité. Je m'égare dans l'onde de mon propre désordre, incapable d'assumer le moindre fragment de mes maigres responsabilités.

Mes parents absents, je me dirige vers la porte. Mes pas sont lourds, ma tête vacille, et l'envie de rendre le peu qu'il reste dans mon estomac menace de me terrasser là, sur le marbre glacé de la cuisine.

Je me demande combien de temps encore ce cinéma peut durer. Car, oui, je sais pertinemment où sont mes erreurs, je sais que je n'aurais jamais dû céder à ce cercle vicieux, ni croire que changer pour plaire à Clay était une solution.

Mais il est trop tard. Ce qui est fait est fait.

Je rase les murs, tâtonnant, avançant malgré mes pieds engourdis. Je parviens au balcon du salon, l'air frais frappe mon visage et emporte mes mèches blondes, les faisant danser sous le ciel londonien. La nuit de février s'étend devant moi, et le froid me fige complètement. Un instant, je regrette de ne pas avoir pris de veste ; mon débardeur noir et mon jogging gris n'opposent guère de résistance au froid mordant. Pourtant, cette sensation me fait étrangement sentir plus... vivante.

Je souffle un instant, laissant une buée blanchâtre dans l'air, un souffle de givre. Dans cette nuit de février, tandis que les lumières de Londres scintillent, je me tiens là, enroulée dans un manteau de solitude.

Les rues, animées en journée, sombrent dans un silence lourd à cette heure avancée. Je contemple cette ville qui ne dort jamais.

Seule, sans vraiment l'être. Car Londres est là, présence silencieuse et familière, un témoin bienveillant de cette nuit blanche.

Alors que la nuit avance lentement, je reste là, sur mon balcon, absorbée par la magie de cette tranquillité londonienne.

Mon regard se perd dans les feux de circulation ; les voitures patientent, et je distingue parmi elles les célèbres taxis noirs de Londres. Lorsque le feu passe enfin au vert, les moteurs grondent, et la file de véhicules s'élance. Leur défilé me happe, un instant, jusqu'à ce qu'un bruit, quelque part dans la cuisine, attire mon attention.

Je me retourne, le cœur soudain battant, et mon souffle se coupe en reconnaissant le visage de Clay, derrière la baie vitrée.

Je me fige, surprise. Son regard accroche le mien et, d'un coup d'œil, parcourt ma silhouette. Un frisson de gêne me parcourt, et je regrette encore plus de ne pas avoir pris un sweat.

Cette fois, pour une tout autre raison.

Que fait-il ici ?

Même dans mon état second, je ressens cette tension presque palpable qui imprègne la pièce. Il s'avance, contournant l'îlot central de la cuisine avec une lenteur calculée.

— Ça fait longtemps que je ne suis pas venu ici... Ça m'avait manqué, glisse-t-il en effleurant le marbre de l'îlot du bout du doigt, s'arrêtant tout près. Trois mètres nous séparent à peine, et je me sens soudain envahie d'une chaleur qui me fait perdre pied.

— Comment tu es rentré ? rétorqué-je, défensive. La porte était pourtant...

Je m'arrête net lorsqu'il brandit un trousseau de clés au-dessus de ma tête, son sourire narquois accroché aux lèvres.

NUMBER 006Où les histoires vivent. Découvrez maintenant