13 | 𝐿𝑎𝑦𝑛𝑒

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꧁ sᴏɪʀᴇ́ᴇ ᴅ'ʜᴀʟʟᴏᴡᴇᴇɴ ꧂

𝐃𝐞𝐮𝐱𝐢𝐞̀𝐦𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞
🍂🌑


« Je dois réparer ce que j'ai brisé, et par conséquent, son cœur à elle.»

Octobre ,
Kensington,
Layne.

Je ne sais toujours pas comment Zack a pu me convaincre de venir à cette soirée de bourgeois. Et je ne sais pas pourquoi il s'y intéressait tant.

Lui et moi, on est plus du genre à faire une virée en ville, fenêtres baissées, musique à fond. Rien de ce que nous faisons d'habitude. Ce genre de fête n'est pas notre tasse de thé.

Je sens que quelque chose se trame dans mon dos, mais je n'ai aucune idée de quoi il s'agit. Zack est resté étrangement vague sur ses motivations, comme s'il cachait quelque chose d'important.

En tout cas, ce soir, j'ai trouvé une bonne raison de rester. La soirée ne sera peut-être pas si ennuyeuse après tout.
Cette jolie brune déguisée en policière va finir par me rendre dingue.

Depuis le début de la soirée, elle me tourne autour comme si je n'étais qu'un bout de viande, ses yeux noisette ne quittant pas les miens, un sourire malicieux flottant sur ses lèvres peintes de rouge.

Sa démarche, assurée et provocante, m'obsède.

Chaque mouvement de ses hanches, chaque battement de ses cils semble orchestré pour me tenter davantage.

Je n'ai qu'une envie : lui ôter ce déguisement qui l'étreint. Son uniforme enserre ses courbes de manière exaspérante, et le désir de la voir sans ces artifices me brûle. Elle s'approche, son souffle chaud caressant mon oreille.

— On peut aller ailleurs ? me dit-elle dans un soupir qui enflamme mes sens.

— Si tu veux, répondis-je, tentant de masquer mon impatience derrière un ton nonchalant.

Dès l'instant où je prononce ces trois mots, la dénommée Anna-beth se lève de mes genoux et me tend les mains, précipitée.

Nous nous dirigeons vers les chambres de l'appartement, traversant la foule bruyante et indifférente. La lumière tamisée du couloir accentue les ombres et les contours de nos silhouettes. L'anticipation grandit en moi à chaque seconde qui passe.

Nous arrivons enfin à une porte, que je pousse doucement.

Elle me saute déjà dessus, ses lèvres farouchement accrochées à mon cou.

Anna-Beth se retourne vers moi, un sourire mystérieux aux lèvres, et commence à détacher lentement les boutons de ma chemise. Ses doigts effleurent ma peau, envoyant des frissons le long de mon échine. Ces derniers s'agrippent à ma chaine en argent autour de mon cou pour rapprocher nos visages. La pièce est plongée dans une pénombre feutrée, seulement éclairée par la lueur de la lune qui filtre à travers les rideaux.

Mais dès lors que je recule, mon pied se heurte contre quelque chose de dur. Je baisse les yeux et aperçois une paire de talons et des mèches blondes.

Mais qu'est-ce que...?

Encore elle, je souffle intérieurement.

Elle est recroquevillée contre le mur, ses ailes d'ange blanches et immaculées dépassant de son dos. Ses traits délicats sont partiellement dissimulés par ses cheveux emmêlés, et je distingue à peine son visage dans la pénombre.

Je stoppe immédiatement la brune, qui ne semble pas remarquer la présence de l'intruse. Elle continue de me déshabiller, ses gestes devenant plus impatients, ses lèvres se rapprochant des miennes.

— Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-elle haletante.

— Il y a quelqu'un ici, je lui fais remarquer, en désignant la tignasse blonde d'un mouvement de tête.

Elle suit mon regard et, apercevant enfin l'intruse, esquisse un sourire moqueur. Ses yeux se plissent de mépris alors qu'elle la scrute de haut en bas.

— On s'en fiche, on dirait qu'elle dort, elle ne va pas nous remarquer, dit-elle d'un ton désinvolte, ses doigts recommençant à jouer avec les boutons de ma chemise.

— Dégage, dis-je, ma voix plus dure que je ne l'aurais voulu.

— Quoi ? Mais qu'est-ce qui te prend ? !

— J'ai plus envie.

— Connard ! hurle-t-elle, avant qu'elle ne tourne les talons et disparaisse dans le couloir, ses talons claquant bruyamment sur le sol.

Je reste un instant immobile, les yeux rivés sur la silhouette de la brune qui s'éloigne, son parfum flottant encore dans l'air.

Les mèches blondes bougent légèrement, révélant son visage. Daisy semble s'être réveillée.

Son mascara a coulé, des traces noires marquent ses joues, témoignent des larmes qu'elle a versées.

Je m'approche d'elle. Daisy me regarde avec des yeux embués, luttant pour se concentrer.

— Qu'est-ce qu'il y a encore ? Ton mec t'a laissé en plan pour aller en baiser une autre ?

Sa réaction est instantanée, ses mots roulant maladroitement sur sa langue.

— T'es encore plus... con... que ce que je pensais..., dit-elle en bafouillant, la voix pâteuse et incohérente.

C'est bien pire que ce que j'imaginais : elle est complètement ivre, ses mouvements désordonnés trahissent son état.

— Et toi, tu es complètement bourrée, je souffle, l'exaspération marquant chaque syllabe.

— Je ne suis pas bourrée, j'ai simplement trop bu de tequila, rétorque-t-elle, tentant de se redresser avec une dignité mal assurée.

— Allez, lève-toi. Je te ramène.

Elle secoue la tête avec entêtement, ses cheveux blonds se mêlent de mèches éparses autour de son visage rougi par l'alcool.

— Non. Je... dois attendre les filles.

— Raven est déjà rentrée avec Zack. Elle était dans le même état que toi.

Daisy affiche une mine triste, comme si elle venait de comprendre qu'elle avait été abandonnée sans préavis.

— Et Bloom ? Il faut que je retrouve... Bloom...

— Bloom est une grande fille, elle sait se débrouiller. Envoie-lui un message pour lui dire que tu rentres avec moi , qu'on en finisse au plus vite.

— Non..., dit-elle en fixant des bouts de verres sur le sol.

C'est son téléphone.

Ou plutôt le dernier que je lui ai offert.

Je soupire, exaspéré. C'est toujours la même histoire avec O'Brien. Elle cherche éperdument à me mettre des bâtons dans les roues.

— Allez, c'est pas grave, lève-toi maintenant. On y va.

— Je ne peux pas...

— Et pourquoi donc ?

Qu'est-ce qu'elle a encore.

— Mon... corset... il est défait...

Je la dévisage un instant, notant comment elle se lève en tenant maladroitement sa poitrine d'une main, tandis que l'autre s'agrippe au mur pour ne pas tomber. Le corset de son costume d'ange flotte autour de sa taille frêle, défait, prêt à glisser à tout moment.

— Je vais le refaire, si tu veux ? Je lui demande, tentant de masquer mon agacement derrière un semblant de patience.

Plus vite je remettrai sa tenue en place, plus vite nous sortirons d'ici.

Daisy hoche la tête, évitant mon regard. La détresse est visible dans ses yeux, bien qu'elle tente de la dissimuler derrière une façade d'orgueil.

Comme toujours avec moi.

Elle est toujours si fière, si farouchement indépendante. Mais ce soir, quelque chose est différent.

Elle est vulnérable.

Je m'approche doucement, mes doigts hésitant un instant avant de saisir les lacets du corset. Alors que je tire doucement sur les fils, j'aperçois des marques sombres marbrant sa colonne vertébrale.

Ce sont des bleus.

Dès que j'exerce une plus forte pression pour ajuster le corset, Daisy grimace de douleur. Un faible gémissement échappe à ses lèvres, et elle se mord la joue pour le réprimer. Je stoppe immédiatement mes mouvements, une pointe de culpabilité me saisissant.

— Désolé, je murmure, ma voix plus douce malgré moi.

Daisy ferme les yeux un instant, ses épaules s'affaissant sous le poids invisible de l'épuisement et de l'alcool. Ses cheveux en désordre encadrent un visage pâle et marqué par la fatigue. Son haleine sent fortement l'alcool bon marché, et son équilibre est précaire.

— Ce... ce n'est rien, réplique-t-elle, sa voix tremblant légèrement. Continue.

Je reprends mon travail, essayant d'être aussi délicat que possible. Mes mains tremblent légèrement alors que je lace son corset, et les bleus sur sa peau m'horrifient.

Pourquoi a-t-elle autant de bleus sur son corps et pourquoi à cet endroit précisément ?

Je ne peux m'empêcher de me demander ce qui a bien pu lui arriver. Daisy, d'ordinaire si réservée, a toujours su cacher ses blessures. Mais là, c'est différent. Elle n'a pas pu camoufler ces traces, et je me retrouve face à une réalité qui me dérange profondément.

— Qui t'a fait ça ? La question m'échappe.

Elle se fige un instant, ses yeux se plantant dans les miens. Pour la première fois, je vois une lueur de panique dans son regard. Puis, elle détourne rapidement les yeux, et vacille davantage. Je la rattrape en la saisissant par les hanches pour qu'elle ne s'écroule pas contre le sol.

— Personne, lâche-t-elle finalement. Ce... Ce... n'est rien. Je suis juste maladroite.

Je sens qu'elle ment, mais je ne veux pas la brusquer. Pourtant, mon instinct protecteur prend le dessus.

— Ce sont ces filles ?

Elle secoue la tête, un rire sans joie s'échappant de ses lèvres.

— Toi... ? Me parler... ? Elle se retourne et désormais, elle me fait face. Son haleine emplie d'alcool me fait grimacer. Arrête de faire semblant, continue-t-elle en pointant le bout de son doigt contre mon torse. Tu me détestes... c'est évident. Tu ne t'es jamais caché. Depuis quand t'intéresses-tu à moi, hein... Super Samaritain ? Tu te souviens ?

Elle éclate de rire, un rire brisé, presque hystérique.

Qu'est-ce qui lui prend ? Je ne la reconnais pas.

Ses paroles me frappent comme une claque, bien sûr que je m'en souviens.

Tout a toujours été de sa faute. Mais , elle a raison , je ne l'apprécie pas.

Mais... si ces filles que j'ai entendues parler à la bibliothèque l'ont blessée ? J'aurais pu intervenir, mais je n'ai rien fait. La prévenir de ce qui l'attendait.

Un poids de culpabilité m'écrase.

Je dois réparer ce que j'ai brisé, et par conséquent, son cœur à elle.

Je termine de lacer son corset, essayant de chasser de mon esprit les images des bleus que j'ai vus. Quand je me retire enfin, elle tourne légèrement la tête vers moi, une expression étrange sur le visage.

— Merci, dit-elle simplement.

Je lui fais un signe de tête, les mots bloqués dans ma gorge.

Pendant qu'elle ajuste les ailes d'ange sur ses épaules, je prends une décision. Peu importe notre relation, je ne la laisserai pas affronter cela seule. Même si elle refuse de l'admettre, elle a besoin de quelqu'un.

Je sais que je ne suis pas le plus qualifié, pas comme Raven ou Bloom, mais à présent elle est seule avec moi. Peut-être que je peux l'écouter, ne serait-ce qu'un instant. Histoire de me racheter une conscience.

— Si ce sont ces filles...

Elle me fixe avec un silence lourd, puis soupire.

— Il n'y a rien à dire. Personne ne m'a fait de mal... La seule coupable ici, c'est moi.

— Tu mens.

— Et toi, tu ne comprends rien... Je n'ai pas besoin d'aide, encore moins de la tienne. Oublie-moi, comme tu l'as dit la dernière fois, n'est-ce pas ? Alors... fais-le vraiment. Vis ta vie, fais la fête et continue de jouer à la course si ça te plaît. Mais lai...sse-moi tranquille.

Je parle à un mur. Elle est sur la défensive. Je ne peux pas aider quelqu'un qui n'y trouve pas raison.

— Si c'est ce que tu veux.

C'est ce que j'ai toujours voulu, Layne. Que ce putain ...de monde me fiche... enf...in la paix.



J'avais finalement réussi à m'extirper de cette soirée étouffante, mais non sans un boulet accroché à ma cheville. Daisy, ivre, chancel à mes côtés, ses talons cognant bruyamment sur le pavé inégal.

Nous arrivons devant ma voiture, une BMW E30 noire que j'avais dénichée d'occasion sur internet. Les réverbères projettent une lumière douce sur la carrosserie, soulignant les courbes élégantes de ce petit bijou. Je l'ai acquise pour dix mille livres, une véritable affaire volée à un vieil homme qui ne connaissait rien à sa valeur réelle. Un véritable coup de maître.

— Monte, dis-je, tentant de contenir mon exaspération.

La nuit est glaciale, et le vent souffle fort, faisant danser les feuilles mortes sur le trottoir.

Elle ne porte pas de veste , ses épaules sont dénudés et étonnement, son sac, lui est fermement accroché contre sa taille , comme si sa vie en dépendait.

Daisy s'arrête net, son visage pâle et ses yeux vitreux trahissant son état d'ivresse avancée. Elle vacille légèrement, ses bottes à talons hauts glissent sur les pavés humides. La lumière des réverbères éclaire ses cheveux blonds en bataille, les transformant en une auréole en désordre autour de son visage crispé.

— Je monte pas dans ce tas de ferraille, moi. Et certainement pas avec toi, articule-t-elle.

Ma patience fond comme neige au soleil.

Elle commence sérieusement à me les briser. Et sa présence pèse sur mes nerfs comme un putain fardeau insupportable.

— Arrête un peu tes conneries et monte dedans, O'Brien ! 

Elle secoue la tête, titubant légèrement.

— Non, tu vas nous foutre au fossé !

Je prends une grande inspiration, tentant de maîtriser l'orage intérieur.

Daisy est insupportable, et ce n'est pas seulement l'alcool qui parle ; c'est sa nature même. Mais je n'ai pas le choix. Je dois la ramener chez elle saine et sauve, malgré tout, ou Raven me fera passer un sale quart d'heure.

Elle vacille de nouveau, manquant de s'effondrer. Je rattrape son bras juste à temps, sentant sa peau froide sous mes doigts.

— Tu veux dormir dans la rue, c'est ça ? Tu n'as pas d'autre option, Daisy. Tu es déjà frigorifié , lui fis-je remarquer. Ma voix est ferme, presque dure, ce qui lui fait comprendre que je n'ai pas de temps à perdre avec elle.

La blonde me fixe un instant.

— Tu fais chier, ses mots se perdent dans un soupir.

Elle est à bout de forces, sa résistance s'effrite.

Je la pousse doucement vers la portière, ouvrant celle-ci avec précaution. Elle se laisse finalement tomber sur le siège, abattue, comme si toute la colère et la résistance s'étaient évaporées d'un coup.

En fermant la portière, je sens un poids quitter mes épaules. Je fais le tour de la voiture, m'installant au volant. Le moteur ronronne sous mes doigts, un bruit apaisant dans cette nuit trouble accompagné d'une intruse.

Alors que nous roulons, Daisy sombre dans un silence étrange, ses yeux perdus dans le vide. Les rues de ces quartiers de bourges défilent. Je garde les mains crispées sur le volant.

Chaque minute semble durer une éternité. La tension dans l'air est palpable, mais au moins, elle est calme. Pour l'instant.

Le silence est finalement brisé, alors qu'elle prend la parole en profitant du fait que nous soyons stoppés à un feu rouge, dans l'avenue Bridge Street SW1 :

— Pourquoi m'avoir aidé...?

Sa voix était à peine un murmure.

Je la regarde incrédule ; alors elle continue :

— Tu as dit que tu voulais me voir sombrer, alors pourquoi m'avoir aidé alors que tu aurais pu me laisser seul ?

Je soupire, cherchant mes mots.

Qu'est-ce que je suis censé lui répondre. Je ne comprends pas moi même le sens de mon acte.

— Je n'en sais rien . Peut-être parce que j'aurais détesté le salaud qui aurait laissé ma petite sœur seule dans cette chambre, totalement vulnérable.

Elle tourne lentement la tête vers moi, ses yeux s'élargissant sous le choc de cette révélation sous-entendue contre mon gré.

— Tu...tu as une petite sœur ?

...

— Tu sais pourquoi je t'ai aidé. C'est suffisant. Maintenant ferme là. J'ai pas envie de taper la discute avec toi.

Daisy détourne de nouveau le regard, ses yeux bleus se perdant dans l'horizon flou de la route devant nous, comme si elle cherchait un échappatoire dans l'infini du bitume.

— Merci quand même, dit-elle doucement.

Ses mots sont simples , mais sincères.

Un silence pesant s'installe. Je fixe son profil, cherchant un signe, une réaction. Son visage reste impassible, à l'exception d'un léger sourire qui commence à poindre sur ses lèvres roses. Ce sourire, aussi délicat qu'un souffle de vent, trahit une émotion que je ne parviens pas à déchiffrer.

— Ne te méprends pas, lâchai-je, ma voix se voulant ferme. Ça ne change rien entre nous.

Elle ne répond pas, ses yeux toujours rivés sur la route.

Mais ce sourire... ce putain de sourire continue de grandir, illuminant son visage d'une lueur presque moqueuse. Je sens la frustration monter en moi.

Qu'est-ce qui lui fait rire ? Pourquoi cette insouciance alors que tout est sens dessus dessous ?

Daisy est visiblement imprévisible, et cette imprévisibilité m'irrite autant qu'elle m'intrigue.

Je me rends compte que cette fille est irrésistiblement stupide ou peut-être seulement insouciante , et pourtant, c'est peut-être cette même stupidité qui me captive. Elle est comme une énigme que je meurs d'envie de résoudre, une tornade douce qui bouleverse tout sur son passage.

Le feu passe au vert.

Hello !!

Voici la deuxième partie comme promis.

J'espère que ça vous a plu ? En tout cas j'ai adoré écrire ce chapitre 👩🏼‍💻☕️

À très bientôt

H.H

NUMBER 006Où les histoires vivent. Découvrez maintenant