15 | 𝐿𝑎𝑦𝑛𝑒

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꧁ Il pleut... ꧂




«Je n'ai pas grandi avec une cuillère en or dans la bouche, c'est vrai. Mais j'ai appris les vraies valeurs, celles qu'aucune fortune ne peut acheter »

PrimeRose Hills,
Novembre,
Layne.

Nous sommes assis sur le capot usé de ma nouvelle voiture, dans un coin reculé du parking des professeurs.

La brise est fraîche et porte avec elle l'odeur du tabac, se mêlant à celle des pins environnants.

À Primerose Hills, l'ambiance est rigide et les règles sont strictes.

Les élèves ne fument pas en plein jour, et certainement pas sous les yeux inquisiteurs des surveillants et des professeurs. Ici, l'excellence académique et la discipline sont les maîtres mots. La pression de réussir et de se conformer aux attentes élevées est constante, pesant  sur nos épaules.

Pourtant, comme partout ailleurs, il y a des failles dans ce système religieusement élaboré. Nous avons trouvé notre échappatoire dans ce recoin oublié du parking des professeurs.

Personne ne viendra nous chercher ici ; seuls quelques élèves connaissent ce passage secret, un refuge discret pour ceux qui osent défier les règles, sécher les cours, ou simplement s'évader.

Je prends une profonde bouffée de ma cigarette, les yeux fixés sur l'horizon assombri par le temps agité. Le silence est ponctué par le crépitement des braises.

Mon téléphone se met à vibrer dans la poche avant de mon pantalon d'uniforme.

— C'est qui ? demande Zack.

— La voisine du dessus. Elle veut que je garde ses gosses ce soir, dis-je avec un soupir.

Il hausse un sourcil, visiblement agacé.

— Quoi, ces terreurs ! Ne les ramène pas à l'appart, Layne. La dernière fois qu'ils sont venus, ils ont bouffé toutes mes Kellogg's.

Sa dernière réaction me fait esquisser un sourire.

J'éteins ma cigarette d'un geste décidé, avant de croiser les bras, comme pour me protéger du froid de novembre ou de la réaction de Zack.

— Elle a besoin de moi. Tu sais bien qu'elle ne peut pas faire autrement avec son boulot.

Le Colombien grogne, jetant son mégot au loin.

— En pleine semaine !

— Ouais... acquiescé-je.

Je sais que ce dernier n'apprécie pas cette situation, mais je ne peux pas ignorer la détresse de notre voisine.

Une mère célibataire, débordée par son travail et ses deux enfants turbulents, tentant de joindre les deux bouts. Je me souviens de la dernière fois où les enfants sont venus ; ils ont apporté une énergie chaotique, mais aussi une certaine chaleur dans notre appartement souvent trop silencieux.

Je les préfère eux que les plans cul de mon meilleur ami.

Je pose une main sur son épaule , espérant le faire comprendre qu'il n'a pas d'autre choix que d'accepter.

— Je sais que ça t'énerve, mais pense à elle. Elle fait de son mieux et... avoue-le, tu les aimes bien ces mioches, même s'ils bouffent tes céréales.

Zack sourit malgré lui, secouant la tête.

— Peut-être bien, concède-t-il.

Alors que nous continuons de discuter , une silhouette féminine apparait au loin.

NUMBER 006Où les histoires vivent. Découvrez maintenant