NUMBER 006

08 | 𝐷𝑎𝑖𝑠𝑦

𝐏𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞
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꧁ sᴇɴᴛɪᴍᴇɴᴛ ᴅᴇ ʀᴇ́ᴠᴏʟᴛᴇ ꧂

☙

« Mon avertissement est très clair : je ne me laisserai plus jamais faire. »

Covent Garden,
Londres,
Daisy.

La pluie s'abat sur les pavés des rues piétonnes, chaque goutte résonnant comme un battement sourd contre la pierre froide. Le vent est glacial et me fouette le visage. À chacun de mes pas, une douleur sourde monte en moi, mon estomac se tord sous l'angoisse, transformant chaque mouvement en supplice.

Je ne veux pas y aller...

Je ne trouve pas ma place...

Personne ne me retient.

Mais je n'ai pas le choix.

Papa l'a dit lui-même : "Tu iras au lycée, quoi qu'il en coûte. Tu n'es pas une exception, tes caprices d'enfant gâté me lassent et ton comportement me déçoit."

Il a arrêté d'essayer de me comprendre. Peut-être devrais-je cesser de l'écouter.

Je m'abrite sous le perron d'un immeuble, la pluie se mêlant à mes larmes. J'en ai marre de pleurer, mais depuis mon retour, il semble que je ne puisse plus les contrôler. Elles roulent sur mes joues sans que je ne le veuille, comme si toute l'absence d'émotion de l'année passée refaisait surface en un torrent incontrôlable.

Mais désormais, je me sens moins vide, seulement trop lourde.

La fraîcheur du mois d'octobre m'enveloppe, mais je m'en moque. J'ai toujours préféré le froid au chaud, comme si la morsure du vent était plus supportable que la chaleur étouffante. L'automne a toujours été ma saison préférée, notamment en raison de la beauté du paysage : les arbres et leurs feuilles cuivrées. Mais ce n'est pas tout. Ce qui accompagne cette saison me comble encore plus de bonheur, je l'avoue : les cinnamon rolls, The Vampire Diaries ou Pretty Little Liars, les cafés... C'est sûrement tout cela qui m'empêche de sombrer et qui rend ce temps plus supportable, même si, aujourd'hui, il semble cruel.

Je donnerais n'importe quoi pour rester emmitouflée sous ma couette, à regarder Gilmore Girls avec une bonne tasse de café au lait.  Mais non, au lieu de ça, je reste plantée là, en attendant que le ciel cesse enfin de pleurer.

Je me hais de ne pas avoir pensé à prendre un parapluie. Ma simple veste d'uniforme bleue marine et ma fine écharpe Burberry ne me protègent guère, et mes cheveux, que j'avais pris soin de coiffer avec un nœud, sont sûrement trempés. La pluie les a transformés en mèches lourdes et collantes, ruinant ma coiffure. Je suis déçue qu'elle n'ait pas tenu.

Je peux seulement me réjouir d'avoir pensé à enfiler une paire de mitaines en laine blanche ce matin. Enfin quelque chose que je fais de censé , comme si ce petit détail pouvait au moins m'apporter un semblant de normalité.

Même si je ne suis plus sûre de retrouver une vie normale après ce qu'il s'est passé la semaine dernière.

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, mais je n'ai pas su me contrôler face à lui. L'émotion m'a submergée, m'entraînant dans une spirale de colère et de frustration que je ne pouvais plus contenir. La façon dont il m'avait traitée la dernière fois, et... mon téléphone ! Mon téléphone !