07 | 𝐿𝑎𝑦𝑛𝑒

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꧁ ᴏxꜰᴏʀᴅ ꧂





"On est pareil, toi et moi. On se bat tous les deux pour quelque chose de plus grand que nous."





Londres,
PrimeRose Hills,
Layne.


—  Passe-moi ton bouquin.

Alors que je m'efforce de finir mon chapitre, la voix rauque de Zack me tire de ma concentration.

Depuis quand il porte un intérêt à ce que je peux bien lire ?

— Tu sais lire, toi ? Je lui lance un sourire en coin, taquin.

Sans un mot et faisant mine de ne pas avoir entendu ma remarque, Zack s'empare du livre et le retire de mes mains. Sous mon regard désapprobateur, celui-ci feuillète vivement les pages.

— Frankenstein ? Sérieux ? Il lève les yeux vers moi, un sourcil arqué. Dis-moi qu'il y a au moins des images là-dedans, hein ?

— Non, juste des mots.

Ma réponse est accompagnée d'un petit rire, mais au fond, je suis un peu déçu de ne pas voir son enthousiasme pour mon choix de lecture.

De toute manière, ça n'a jamais été son truc, ni la lecture, ni l'école en général, d'ailleurs.

— Ah, mais quelle horreur ! Pourquoi tu t'infliges ça. Ne me dis pas qu'on passe nos pauses déjeuner ici chaque midi , pour que tu lises ce genre de connerie !

— Excuse-moi de ne pas m'être contenté des livres de maternelle. Et je te signale que je ne t'oblige en rien à rester avec moi. Tu sais bien que je n'ai pas le choix. Si je dois travailler dix fois plus que vous pour entrer à Oxford, alors je le ferai. Même si cela signifie passer toutes mes pauses enfermé dans la bibliothèque...

Oxford.

Ce nom résonne en moi comme une promesse, la seule université du pays qui me permettra de devenir quelqu'un, de sortir de la misère, d'une vie que je n'ai pas choisie. C'est plus qu'un rêve, c'est une nécessité.

J'ai obtenu une bourse pour entrer à PrimeRose Hills, et si je persiste avec mes efforts, si je continue à être le major de ma promotion cette année, il est très probable que j'y entre l'année prochaine.

Imagine, Oxford...

Je pourrais enfin prouver à tout le monde, et surtout à moi-même, que je suis capable de grandes choses. Je vois déjà les murs anciens et majestueux, les bibliothèques aux rayons infinis, les discussions passionnées entre étudiants. Chaque fibre de mon être brûle d'envie d'y être, de faire partie de ce monde.

Je ne fais pas tout cela par simple ambition, mais pour fuir une destinée qui me semble écrite d'avance. Pour échapper à la pauvreté, à cette existence qui me paraît si étroite, si étouffante. PrimeRose Hills est un tremplin, et Oxford est mon but ultime, la clé de ma liberté.

Alors, non, je ne m'arrêterai pas. Je continuerai à me battre, à m'épuiser, à brûler la chandelle par les deux bouts s'il le faut. Parce que je sais que c'est possible. Parce que je crois en moi, même si personne d'autre ne le fait. Parce que, pour moi, c'est Oxford ou rien.

Je n'ai pas eu la chance, comme tous ceux ici, de jouir de leurs privilèges, d'être né dans une famille riche londonienne. Non, je viens d'un quartier mal famé de Londres, un endroit qui fait peur à voir. Pour subvenir à mes besoins, je n'ai pas eu d'autre choix que de dealer de la drogue. On me juge à tort lorsque l'on me croise dans ces rues, on me traite de voyou, de délinquant. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que je ne supportais plus de me coucher le ventre vide, la peur au ventre du lendemain.

La nuit, les sirènes de police et les cris me berçaient, me rappelant constamment que je devais fuir cet enfer. Chaque matin, je sentais le poids du jugement sur mes épaules, les regards méprisants, les murmures accusateurs. Mais la faim, elle, était mon plus grand ennemi. La faim et la peur de ne jamais m'en sortir.

Je veux me venger de cette vie, avoir un avenir radieux et rire au nez de tous ceux qui n'ont pas cru en moi. Chaque jour, je puise dans cette colère, dans cette détermination féroce qui brûle en moi. Je veux prouver à tous que je suis bien plus que l'image qu'ils se font de moi.

Surtout dans ce putain de lycée de Bourge.

C'est ainsi ici : seules les élites peuvent jouir des privilèges de ce lycée privé, où les boursiers comme moi sont rares et souvent méprisés. Chaque couloir, chaque salle de classe est imprégné de leur arrogance. Ils ont grandi dans l'abondance, ignorant tous des sacrifices. Je ne ressemble en rien à ces fils et filles à papa. Leur insouciance et leur suffisance me répugnent.

NUMBER 006Où les histoires vivent. Découvrez maintenant