17 | 𝐿𝑎𝑦𝑛𝑒

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꧁ Rancoeur ꧂




«Il est impossible de lutter à égales quand l'autre a une arme pointée sur vous. »

PrimeRose Hills,
Novembre,
Layne.

Je dévale les escaliers de béton.

De là, je surplombe toute la cité, un labyrinthe grisâtre de blocs de béton qui se dressent haut devant moi . Quelques fenêtres éclairées percent l'obscurité naissante, répandant une lueur chaude qui contraste avec la froideur de ces habitations impersonnelles.

Le jour n'est pas encore tombé, mais la nuit menace déjà de s'emparer de Hackney.

Je me suis changé rapidement, troquant mon uniforme contre un survêtement de sport noir, discret et pratique. À mes pieds, une paire de Asics empruntées à Zack, car les miennes sont trouées au bout.

Mes pieds trottent contre le sol gravillonné, soulevant un nuage de poussière sableuse mêlée de cailloux épars.

Je me dirige vers mon spot de deal de prédilection, un lieu dissimulé aux yeux des honnêtes citoyens, mais bien connu de ceux qui arpentent ce chemin. Là-bas, derrière un imposant pilier de béton qui soutient le toit craquelé du parking, se trouve ma cachette.

Ce parking, à moitié en ruine, est ouvert sur l'extérieur. Ses murs décrépits sont couverts de graffitis. Les rares voitures abandonnées sont soit totalement carbonisée ou campé par des sans abri.

Je me glisse derrière le pilone, ma respiration se calmant peu à peu, tandis que mes yeux s'habituent à l'obscurité relative de cet abri temporaire.

D'emblée, un scooter jaune surgit au coin de la rue, fonçant à toute vitesse comme une bête échappée. La machine crache une épaisse fumée noire, déchirant le silence de la nuit avec son vrombissement assourdissant. Sous les lumières des lampadaires qui viennent à peine de s'allumer, j'aperçois Serguei, ses yeux perçants et son sourire narquois figé comme une mauvaise plaisanterie.

Ni lui ni son acolyte ne portent de casque, ce qui me permet de mieux les distinguer. Le visage anguleux de Serguei et son regard glacial trahissent une froide détermination.

Derrière lui, agrippé au scooter comme une sangsue, se trouve Reece, toujours prêt à obéir aux ordres de Serguei.

La vue de ces deux-là fait bouillir mon sang.

Pourquoi ces deux connards mettent les pieds sur mon terrain de jeu ?

Serguei et Reece incarnent tout ce que je méprise dans ce monde. Leur présence ne peut signifier qu'une chose : des ennuis. Et ici, les ennuis ont une manière bien particulière de dégénérer.

Les muscles tendus, je ralentis ma course. La haine que je ressens pour eux est aussi palpable que l'air glacé qui s'insinue dans mes poumons. Le scooter ridicule s'arrête brusquement devant moi. Reece descend, non sans difficulté, suivi de Serguei qui ajuste son blouson de cuir, un sourire suffisant plaqué sur le visage.

— T'as pas un petit quelque chose pour moi ? lance ce dernier, son ton suintant l'arrogance.

Je le fixe, défiant, mes yeux plantés dans les siens.

— Ouais, c'est ça, retourne chez ta mère. Elle en aura peut-être de la bonne.

Un éclair de colère traverse le visage de Serguei, mais il se ressaisit rapidement.

NUMBER 006Où les histoires vivent. Découvrez maintenant