𝟐 - 𝐓𝐎

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Maxime Ricoveri, 9 ans

Las Vegas – États-Unis

Ma main sur la poignée, je fixe la porte en bois sans oser rentrer. Je n'en ait pas envie. Le retour à la maison s'apparente pour moi comme un passage de quelques heures en prison. Enfermé entre ces quatre murs, j'essaye juste de me faire le plus petit possible, pour ne jamais m'attirer les ennuis de personnes. Je pourrit de plus en plus ici, sans échappatoires possibles.

Aller Max, rentre dans cette maison. Un jour de plus ou de moins, qu'est ce que ça change ?

Alors que je me décide enfin à pousser cette porte, une voix me stoppe dans mon élan.

- Mais bordel de merde qu'est ce que tu viens de faire bouffonne ?!

Ces hurlements agressifs. Llyod. Mon beau-père.

- Je... Je suis désolé Lloyd... Je ne voulais pas faire ça en mal...

Ces excuses sanglotantes. Eve. Ma mère.

- Mais bordel, tu ne comprend vraiment rien ! Tu sais au moins tout l'argent que tu viens de foutre en l'air pour l'anniversaire de ton stupide gamin ?

- Je... Mais ça va lui faire plaisir ! Il pourras inviter ses amis, et...

- Tu ne comprend pas bien la situation, je crois. Tu viens de faire un trou dans les fonds de notre société à plusieurs millions de dollars pour organiser l'anniversaire de ton "petit Maxou" pour qu'il invite ses amis, alors que je suis prêts à parier qu'il est tellement casse-couilles que personne ne veux de lui.

Aïe, ça me fais mal. I̶l̶ ̶à̶ ̶r̶a̶i̶s̶o̶n̶ ̶?̶ C'est à peine si je supporte Jayden, et je rejette constamment la seule personne qui veux de moi.

Je suis si horrible que ça ?

- FERME TA PUTAIN DE GUEULE !! S'emporte soudainement ma mère. MAXIME N'EST PAS TON ENFANT, TU N'AS AUCUN AVIS A DONNER DESSUS !!

- CE N'EST PAS MON GOSSE, MAIS C'EST MA THUNE !

- TU COMPARE VRAIMENT MAXIME AVEC TON POGNON ? QUEL GENRE D'ORDURE TU EST LLOYD ?

Les larmes montent, ma respiration s'accélère, les voix de la disputent se couvrent d'acouphènes horribles. Ce n'est pas la première fois que j'ai ce genres de réaction quand ils ont des disputes. Je crois que ça s'appelle une "crise de panique".

Mais je ne suis pas paniqué, juste triste.

Tout mon courage s'évapore, et je me résigne à rebrousser chemin et revenir quand les tensions seront calmés.

- Maxime ? M'appelle une des gouvernantes de la maison.

Je ne lui répond pas, les mots se coincent dans ma gorge. Un objet se fracasse sur le sol, je frisonne et fais demi-tout pour partir en courant.

Je veux juste fuir,

Loin,
Loin,
Loin...

A mesure que je cours, les acouphènes diminuent leurs décibels, la dispute n'est plus qu'un murmure lointain. Mes jambes me brûlent, je décide de m'arrêter, rougis par l'effort. Je n'ai jamais aimé le sport.

Je m'assoie à même le sol, reprend ma respiration difficilement, et sèche mes larmes qui coulent toujours.

- Maxime ? C'est toi ?

Je relève la tête, pensant que la gouvernante m'a suivis, mais à la place, je trouve deux iris marrons, un mélange de surprise et de panique. Ses cheveux en pagailles et son sac de cours sur le dos, tout m'indique qu'il rentre de l'école.

- Ça va ? Tu pleures ?

- Je... Non ! Je ne pleure pas. Niais-je en détournant le regard, honteux. Seuls les hypocrites pleurent pour attirer l'attention.

Enfin, ça c'est ce que mon beau-père me dit.

Je me relève en trombe, et m'apprête à partir. Une main s'enroule autour de mon poignet, m'empêchant de continuer ma route.

J'essaye de me débattre, mais c'est peine perdu avec ma force de fourmi. Je me retourne vers Sidjil, qui me fixe encore avec interrogation.

- Toi, qu'est ce que tu fais la ? Demandé-je afin de détourner le sujet.

- Je n'avais pas envie de rentrer chez moi. Avoue-t-il, son regard s'assombrissant soudainement. Mais c'est de toi qu'on parle. S'il te plaît, dit moi. Tu m'inquiète.

- Pourquoi je devrais t'inquiéter ? On est même pas amis, je te l'ai déjà dit des centaines de fois.

- Je m'en fiche ! Même si tu ne veux pas être mon ami, je continuerai d'essayer. Tu est le seule qui ne te moque pas de moi. Le seule qui manges avec moi à la cantine, le seule qui ne me frappe pas !

Il écarquille les yeux, comprenant qu'il viens de parler sans refléchir.

Mais foutu pour foutu, il continue :

- Alors, je me dis que, si tu fais ça, c'est peux parce que tu m'aime bien... Juste un peux ?

Je ne trouve pas les mots pour répondre à ça. Mon cœur bat plus fort, quelque chose me picote dans mon ventre. Mes yeux sont scotchés aux siens, ses yeux brillent. Lui aussi pleure ?

Il a raison. Cela fais plusieurs mois qu'il me parle, qu'il sourit dès que je prononce un mot, et je lui répète qu'on n'est pas amis, qu'on ne le sera jamais. Je n'ai pas pris en compte sa tristesse à lui quand je lui dit ça. A quel point ses mots pouvaient être blessant.

Je n'ai penser qu'a moi.

Peux-être que je ne le critique pas, mais je ne suis pas pire à l'ignorer alors qu'il place toute sa confiance en moi ?

- Sidjil... Commencé-je, contient que je dois dire quelque chose. Tu ais que l'on ne peux pas être amis. C'est interdit.

- J'en ait rien à foutre de nos parents ! Dis moi juste si tu as envie d'être mon ami !

Je ne répond rien. Il me fixe de ses deux yeux bruns. Je peux jurer y voire des flammes de déterminations qui y brûlent à l'intérieur. Il se rapproche de moi, et, quand nous ne sommes qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, il pose une nouvelle fois sa question :

- Alors, est-ce que tu as envie d'être mon am-

- Oui ! Craqué-je en relevant la tête pour affronter son regard. Oui j'ai envie d'être ton ami, Sidjil...

Un faible sourire se dessine sur son visage, un signe qu'il à réussis à me faire sortir les mots de ma bouche. Un preuve que les mots que ma mère me répète depuis des années n'ont aucun effet sur ma façon de penser.

-...Mais je ne peux pas. Je suis désolé. Mais tout les deux, c'est mort. Nos familles se détestent pour je ne sais quel raison, et s'ils venaient à l'apprendre...

Je frisonne pendant que les mots de mon beau-père refont surface.

«Max, n'oublie pas que si tu venait à trahir cet ordre, je devrais te punir. Et crois moi, ce ne sera pas joli»

J'ai peur de lui. J'ai peur de ce qu'il pourrait faire pendant que ma mère ne nous regarde pas.̶ ̶E̶s̶t̶-̶c̶e̶ ̶q̶u̶'̶i̶l̶ ̶p̶e̶u̶x̶ ̶f̶a̶i̶r̶e̶ ̶p̶i̶r̶e̶ ̶q̶u̶e̶ ̶l̶e̶s̶ ̶b̶l̶e̶u̶s̶ ̶?̶La douleur dans mes bras me revient à cette pensée.

- Ça me suffit. Déclare Sidjil en lâchant mon poignet. Merci de m'avoir répondu.

Il semble hésiter à ajouter quelque chose, puis se ravise et me sourit avant de partir.

- Merci. Murmuré-je, ses paroles tournant encore dans mon esprit.

Juste, merci.

Il ne m'entend pas. Mais c'est mieux comme ça.

𝐅𝐎𝐑𝐁𝐈𝐃𝐃𝐄𝐍 𝐒𝐎𝐔𝐋𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 [𝐃𝐉𝐈𝐋𝐒𝐈𝐌𝐄]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant