𝐅𝐎𝐑𝐁𝐈𝐃𝐃𝐄𝐍 𝐒𝐎𝐔𝐋𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 [𝐃𝐉𝐈𝐋𝐒𝐈𝐌𝐄]

𝟏𝟎 - 𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒

Sidjil Reed, 12 ans

Las Vegas, États-Unis

Les mains dans mes poches, assis sur le banc de l'arrêt de bus, j'attends ce dernier. La musique assourdissante me coupe du monde. Je ne vois pas le gars qui s'assoit à côté de moi et qui passe une main sur mes épaules.

Je sursaute et le pousse par réflexe, je me détend quand je vois que ce n'est que Max, la mine outrée par mon refus.

- Ah ouais c'est bon on s'est pas vus deux mois et tu me calcule plus. Commente-t-il quand je retire mes écouteurs. Nan mais j'retiens.

- My bad mec. Bonjour sinon, ça fais deux mois on s'est pas vus, faudrait songer a faire des retrouvailles au lieu de s'engueuler direct tu pense pas ?

Il hausse les épaules, indifférents, et repasse un bras sur mes épaules. Je le laisse faire cette fois, sans masquer mon soupire. Mes vacances étaient un cauchemar, je suis content de le revoir. Je n'ai pu voire personne appart mon père pendant deux long mois. Mes journées se résumaient a lui faire à manger quand il était trop bourré pour s'en occuper, aller lui chercher une bassine quand il manquait de gerber dans le salon, sans aucun remerciements. C'était juste... Un automate, programmer seulement pour boire, boire, boire, jusqu'au coma.

Depuis un an, sa consommation d'alcool à triplé. Au départ, je ne m'en suis pas rendu compte. En même temps, je passais mes journées à la cabane, avec Maxime. Mais quand il a fallut rentrer, j'ai pris continence d'à quel point mon père s'était transformé en mon absence.

Il ne me frappe plus, ne me crie plus dessus. Il se contente simplement de faire ce qu'il faut pour vivre, et boire.

C'est comme si je n'existais pas. Que je n'étais plus son fils.

- Tu stress ? Demande mon meilleur ami, me ramenant brutalement à la réalité.

Il me faut plusieurs secondes pour comprendre sa question et y répondre.

- Moi le stress ? Connais pas.

Il baisse les yeux vers ma jambe qui s'agite nerveusement de haute en bas. Traîtresse.

- Ton corps et tes paroles sont vachement paradoxales, tu trouves pas ?

Sa main se pose sur mon genoux pour qu'elle arrête de bouger, je remet mon casque sur mes oreilles et ferme les yeux. Je suis crevé. Mes heures de sommeils se compte sur une main, l'insomnie a encore décider d'intervenir, hier soir. Seuls les pensées noirs faisaient écho à mes tentatives de dormir.

J'ai peur. Peur d'être encore seul. Peur que mes bourreaux me pourrissent la vie une année de plus. Peur que-

- En tout cas, j'espère qu'on sera dans la même classe. Déclare Maxime, attrapant mon casque pour que je puisse l'entendre. Ce serait con d'avoir payé le principale et imiter la signature de Lloyd pour rien.

Il me faut quelques secondes pour avoir le déclic. Mes yeux s'écarquillent quand je comprend enfin, un sourire amusé étire ses lèvres.

- T'as sauté une classe et tu me l'a même pas dit bâtard ?

- J'aurais espérer une autre réaction. Genre : « Putain t'as quitter ta classe de cons » ou « J'suis trop content d'être enfin dans ta classe! ». Pas un reproche bouffon.

- Attends... Mais, comment ? Pourquoi ? Quand ?

Il soupire, abattu par ma réaction, mais mon cerveau réfléchit beaucoup trop pour que je réagisse normalement.