𝟐𝟏 - 𝐋𝐎𝐕𝐄𝐑𝐒

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Sidjil Reed, 17 ans

Las Vegas - États Unis

Quelques heures plus tôt...

Je fais les cents pas devant ma maison, sans oser frapper. Mon cerveau pèse le pour et le contre, pendant que mes yeux restent fixés sur la porte d'entrée.

Les mots de Maxime tournent dans ma tête, et ne semblent pas vouloir me quitter.

« Si tu veux aller le voire, vas-y. Ce sera peux être trop tard, après. »

Depuis qu'il à quitter la cabane, ces mots sont resté ma principale pensée pendant une longue heure.

C'est comme ça que j'ai pris ma voiture et que je suis allé jusqu'à chez mon père.

Mais rien a faire, je n'ose pas rentrer.

J'ai l'impression que si je le fait, ce sera peux-être la dernière fois que je le verrais.

Quelque chose va se briser en moi quand je ressortirais de cette maison, j'en suis persuadé.

Je soupire, fixe une dernière fois la maison, puis avance jusqu'à la porte d'entrée. Je ne toque pas, et pousse la porte qui n'est pas fermé.

Le couloir est plongé dans le noir total, plusieurs canettes et cartons de pizza sont entassé sous l'escalier. L'odeur est infecte ; un mélange de renfermé et de merde. Je me demande comment cette maison autrefois luxueuse ressemble désormais à une décharge abandonné.

L'alcool fais des ravages.

Je m'engouffre dans la maison, et décide d'aller dans le salon. C'est sûrement la qu'il se trouve, s'il n'est pas entrain de comater dans le couloir.

Ma première théorie se révèle être la bonne quand j'aperçois une masse allongé sur le canapé, en face d'une télé diffusant je ne sais quel série Netflix.

Je m'approche de lui, et constate qu'il est dans un état second. Les paupières mi-closes, à deux doigt de s'endormir, il regarde la télévision comme automatisme. Je suis sûre que son cerveau n'est même pas concentré sur ce qu'il regarde.

On dirait un légume.

- Papa ?

Ses mots semblent le faire réagir. Il sursaute et tourne la tête vers moi. Il fait peur et pitié à la fois. Ses yeux sont rouges, on voit à peine l'iris tant les pupilles sont dilatés par l'alcool. Des cernes creusent son visage, il semble avoir maigris. Je suis sûre qu'il mange à peine.

C'est vraiment mon père, ça ?

Je peux percevoir un mélange de honte et d'espoir dans ses yeux. Il est content de me voire ?

- Mon fils...

Je fait mon possible pour retenir les larmes qui menacent de couler. Mon poing se resserre et je continue de le fixer sans rien dire.

J'aimerais le prendre dans mes bras, lui dire que ça va aller, que je vais lui faire à manger et payer ses factures, que je l'aime, que je resterais ici le temps qu'il faudra pour qu'il guérisse de sa maladie.

Mais malgré tout, je ne le fais pas. Parce qu'il ne le mérite pas. J'ai beau encore l'aimer malgré tout ce qu'il m'a fait, je sais que cette amour est toxique, et destructeur pour tout le monde.

Je l'aime uniquement parce que c'est l'homme qui m'a donné la vie, et qui s'est occupé de moi, quel que soit la manière dont il à fait.

Lui ne m'aime pas. Pour lui, je ne suis qu'un sale gosse. Un raté. Celui qui la rappelle la douleur d'avoir perdu la femme qu'il aimait.

Une erreur.

Je ne suis pas son fils.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Je pensais que tu ne voulais plus me voire...

- J'ai des choses à te dire, mais si je ne sais pas encore comment je vais les formulés.

Il se redresse sur le canapé, avec difficulté. Mon père semble avoir pris dix ans en une dizaine de mois. Il ne prend pas soin de lui, sa longue barbe, ses vêtements sale, et l'odeur qui émane de lui en témoigne.

Il se contente juste de survivre, en attendant la fin.

Je prend une grande inspiration, puis demande :

-Est-cequ'un jour, tu m'a déjà considérer comme un fils ? Tu m'aaimé inconditionnellement, autant que maman ? Ou tu as toujourseu une haine injustifié envers moi ?

Il met plusieurs secondes à répondre, comme s'il choisissait bien ses mots pour mieux me détruire.

- Tu lui ressemble trop... Avoue-t-il enfin. Ton visage, c'est le même. Ton sourire, c'est une copie parfaite du sien. Vous avez les mêmes yeux. La même couleur de cheveux. Tu est son sosie.

Une larme coule silencieusement sur sa joue. Je n'avais jamais vu mon père pleurer avant aujourd'hui. J'ai l'impression d'enfin faire face à quelqu'un avec des émotions. C'est le vrai Carter Reed que je découvre aujourd'hui, et non un clone qui se cache derrière les coups ainsi que les remarques blessantes.

- Je ne peux pas te regarder sans y penser. J'espère, chaque jour que Dieu fait, que son visage ne reviendra plus jamais me hanter. Sauf que toi, tu est là chaque jour pour me rappeler son existence, c'est comme un coup de poignard quotidien. Je n'arrive pas à stopper cette haine, quand je remarque que tu lui ressemble. C'est comme si je lui faisait face, des années après. Et j'ai cette rage que je dois extérioriser à tout prix.

Il se lève, ses traits se sont durcis, et se sont nouveau animés par la haine. Je croise son regard, j'ai l'impression qu'il veux me tuer.

Mon père attrape une des nombreuses bouteilles posés sur la table basse et la jette sur le sol. Puis,

il crie :

- Putain ! Je le déteste ! Je la déteste ! Je les détestes ! Tous ! Pour t'avoir mis au monde ! Pour m'avoir hanté jusqu'à la fin de mes jours avec leurs putain de visages !

Il jette une nouvelle bouteille au sol, je recule pour ne pas me prendre des bouts de verre. J'ai l'impression de voire un fou. Je ne comprends plus ce qu'il me dit.

Pourquoi, « le » ? Et « la » ? C'est ma mère ?

Il déteste ma mère ?

Il n'était pas fou amoureux d'elle ? C'est l'alcool qui le fait délirer?

Quand je pense qu'il a finit sa crise, il me regarde une dernière fois, et crache :

- Je te déteste. Je donnerais tout pour effacer ton putain de visage de ma mémoire.

J'ai à peine le temps de réagir quand il s'élance vers moi avec la bouteille à moitié cassé dans sa main. Elle me percute violemment, mais heureusement, le verre n'a rien tranché sur mon visage.

Mon corps réagit pour moi à la place de mon cerveau complètement déconnecter de la réalité. Je le repousse de toute mes forces, et m'enfuit hors de la maison, sous ses insultes et ses cries.

Je passe la porte de l'entrée et cours jusqu'à ma voiture. J'allume le moteur, appuie a fond sur l'accélérateur et quitte cette maison de malheur.

C'est une fois hors de danger que je réalise ce qu'il viens de se passer.

Putain, mon père à faillis me tuer.

Il me déteste.

Je m'effondre en larmes dans ma voiture, acceptant enfin ce que je n'ai jamais osé m'avouer, parce que j'avais encore l'espoir que je me trompais.

Mais non.

Mon père ne m'a jamais aimé. 

𝐅𝐎𝐑𝐁𝐈𝐃𝐃𝐄𝐍 𝐒𝐎𝐔𝐋𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 [𝐃𝐉𝐈𝐋𝐒𝐈𝐌𝐄]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant