XIV - 14

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C'était déjà le dernier jour de cette petite escapade. On était vendredi, bientôt la fin de la semaine pour les autres, bientôt le début d'un long service pour Josh et moi. Le réveil fut lent vu qu'on n'était pas rentré avant 3:00 du matin. Pourtant, tout le monde était de bonne humeur en se levant. Personne n'avait la gueule de bois, Wilaya avait juste un peu perdu sa voix. En effet, le hard rock a tendance à tirer sur les cordes vocales un tantinet. On prit tous notre petit-déjeuner sur la terrasse ensemble, puis on alla se préparer pour une dernière visite de la ville.

Le soleil était rayonnant aujourd'hui. C'était agréable bien que la lumière obligea ceux du groupe qui avaient les yeux clairs à garder la tête baissée durant toute la balade. On passa d'abord à Clayton Hall Museum qu'on n'avait pas encore eu le temps de visiter, puis au Manchester Art Gallery. On pourrait croire qu'en tant qu'étudiants d'une fac de renommée, il était de notre ressort de nous intéresser à l'histoire et à l'art. Néanmoins, on ne pouvait pas dire qu'on était des élèves modèles, on était juste réellement intrigués. Wilaya et Diego étaient passionnés d'histoire, tandis que Josh et moi étions sensibles à l'art. Marta était ubiquiste. Une fois notre visite pédagogique entamée, on passa par le Gay Village. Josh et Marta partirent devant, tels deux jeunes épris qui vagabondaient dans les rues de l'amour. Ça me fit rire selon le contexte, car on n'était justement pas dans une région hétéronormée. Je ne fus pas la seule à me faire cette remarque apparemment vu que Wilaya intervint.

- On vous laisse les deux tourtereaux ?

- Pas d'hétéros, s'il vous plaît, on ne veut pas de ça ici, renchérît Diego l'air sérieux.

Les deux se retournèrent en rigolant. Puis, Josh se justifia.

- Ne soyez pas jaloux, laissez-moi, pour une fois que je peux être moi-même sans être jugé.

On prit la remarque en considération et on les suivit sans plus rien leur dire.

Un peu plus tard, vers 15:00, on décida de se poser sur une terrasse pour grignoter. On avait un petit creux n'ayant pas mangé à midi, étant donné le petit-déjeuner tardif. Les cuisines étant fermées à cette heure-ci, on commanda tous de son côté dans des food-trucks différents. Diego qui était apparemment en prise de masse prit un burger avec des frites, tandis que Josh et Marta se partagèrent une pizza. Wilaya et moi voulions nous donner bonne conscience alors, on opta pour un sandwich végétarien. On était passé devant une boulangerie, alors j'entrepris de prendre une spécialiste pour le dessert, histoire de ne pas avoir fait le trajet pour rien. La démocratie vota pour la Manchester tart. C'était une tarte comme son nom l'indique avec un fond de confiture à la framboise surmontée de crème anglaise et saupoudrée de noix de coco avec une cerise de marasquin au centre. C'était bon, mais je n'étais pas une fane de coco, alors j'avais laissé les autres se régaler pour moi.

- Qu'est-ce qu'on fait après, demanda Diego.

- Soit on rentre se reposer, soit on va en soirée une dernière fois, proposa Wilaya, la planificatrice.

- Je crois qu'il y a la réponse dans la question, reprit-il.

- Va pour la boîte, intervint Josh, ce n'est pas tous les jours que je peux en profiter sans devoir nettoyer derrière.

On acquiesça tous, surtout moi qui comprenais bien ce qu'il voulait dire, et on s'en alla pour se préparer.

Une fois dans la maison, on reprit chacun un peu de temps pour soi avant de se retrouver le soir. Cette fois-ci, j'optai pour une balade en solitaire, toujours accompagnée de mon casque. Le paysage était différent avec de la musique. Il variait au rythme de la mélodie, gravait les paroles et s'empreignait des sentiments. J'avais besoin de me déconnecter un peu, surtout en ce moment, car je n'ai pas l'habitude de passer autant de temps avec des gens. Durant mon excursion, j'étais passée devant un bâtiment avec une enseigne russe. Je souris en la lisant '"водка". Ce n'était pas très original pour un bar russe de s'appeler "vodka", mais au moins, il n'y avait pas d'équivoque possible. Je décidai d'y entrer, quitte à boire ce soir, autant commencer maintenant. Je m'arrêtai un instant. Attends, Lua. T'étais-tu vraiment faite cette réflexion ? Je devenais un peu beauf sur les bords, je me ressaisis et je franchis tout de même la porte, pour le travail, évidemment.

À tort et À découvertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant