Debout, face à la fenêtre, j'admirais la neige flotter dans les airs. On était seulement à mi-novembre, mais le paysage commençait déjà à perdre ses couleurs, tout comme le ciel nuageux de ce matin. Il faisait encore nuit, pourtant un petit rouge-gorge courageux était déjà réveillé et chantait à tue-tête un solo. Apparemment, mourir de froid était le cadet de ses soucis. Après tout, il avait raison. S'en préoccuper ne servait à rien, on finirait quand même tous par y passer. Ceci dit, je n'étais pas sûre que ce soit la meilleure des façons d'en finir. L'hypothermie devait sûrement être une des pires manières de partir, vu que c'était une mort lente. À contrario, être brûlé vif était plus rapide, mais aussi plus douloureux, bien qu'on décède plus vite d'une intoxication à cause de l'inhalation du monoxyde de carbone plutôt que des lésions provoquées. Cependant, apparemment la pire des morts était la noyade, car il n'y avait pas de douleur localisée à laquelle se rattacher, on se retrouvait alors confronté au désespoir certain d'une lutte vaine. Après tout, la plus simple de toutes restait la mort dans son sommeil. Elle pouvait être naturelle ou provoquée par une overdose de benzodiazépines ou encore d'antidépresseurs comme ceux que j'avais dans ma pharmacie que mon psy de l'armée m'avait prescrit en douce, mais que je n'avais jamais pris. D'ailleurs, maintenant que j'y pensais, pourquoi est-ce que je me retrouvais à triturer mon esprit avec la mort. Peut-être que mon psy n'avait pas tort, peut-être qu'elle existait bel et bien moche cette dépression. Cet état qui arrivait par surprise, mais mauvaise, qui volait nos sentiments et qui ne lâchait pas, tant qu'on ne se livrait pas soi-même. Il ne fallait pas céder, mais de toute façon, c'était trop tard, il me contrôlait. Pourtant, je devrais être heureuse, j'avais un date de prévu. Alors je tirai les rideaux, fin de la tragédie, début de la comédie romantique.
On n'avait pas cours aujourd'hui, Marta et moi, car nos profs nous avaient libérées, alors, on en profita pour assister au lever du soleil. C'était un plaisir trop souvent négligé, pourtant il n'y avait pas plus satisfaisant que la nature. Je mis donc un bonnet et je partis dehors balayer la neige de mes pieds jusqu'à la Tamise. Comme je ne connaissais pas encore l'endroit dans ses moindres recoins et que mon ego ne souhaitait pas se servir de maps, je me perdais un peu à la recherche de Marta. Je m'arrêtai alors de temps en temps pour être sûre que c'était le sens à prendre, sans compter la nuit et la neige qui ne m'aidait pas non plus jusqu'à ce qu'une main charitable se pose sur mon épaule.
- Ты все еще кого-то ищешь ?
(Tu cherches encore quelqu'un ?)Le voir me donna les mêmes nausées que j'avais quand je devais nettoyer le vomi aux toilettes à la fin de mon service, mais après tout, j'étais payée pour ça, alors on le faisait avec le sourire.
- Toujours aussi observateur.
- Une créature comme toi, ça ne s'oublie pas.
- Arrête de me draguer, ça me met mal à l'aise.
- Moi, ce qui me dérange, c'est qu'on m'ait dit que tu ne voulais plus de moi.
- Le prends pas mal, mais on a arrêté de se voir, alors on n'a pas pu continuer ce qu'on avait commencé.
- Il n'est pas trop tard.
- Sauf si tu t'apprêtes à rejoindre ta copine parce que pour être réveillé si tôt, je ne vois pas d'autres explications.
- Non, non, Nessa, je vais juste voir des collè... des potes.
- Dis salut de ma part à Marco si c'est lui que tu vas voir.
- Non c'est d'autres types de potes, mais oui je lui transmettrai à l'occasion, s'expliqua-t-il avec ses tics nerveux.
- T'es habillé très classe en tout cas.
VOUS LISEZ
À tort et À découvert
Детектив / Триллерune mission. des secrets. une union. entre enquête et relations réfléchies qui sera le scélérat ? Une investigation a lieu à Londres pour retrouver un Russe. La personne engagée pour l'enquête va d'abord devoir passer à travers des relations amica...