À tort et À découvert

XLVIII - 48 (clique)

Le brouillard de la fumée était comparable à celui dans ma tête, plus il se dissipait et plus la noirceur devenait nette. Pourtant les questions se bousculaient dans ma tête, dont une qui me faisait mal. Est-ce qu'ils savaient qui j'étais depuis le début ? Si c'était le cas, ça signifierait que notre rapprochement n'était qu'une ruse, mais mes sentiments ne pouvaient pas l'accepter. Pourtant, ça expliquerait tellement de choses. Pour commencer, ils avaient un cercle réduit et intimiste, ce qui n'expliquait pas le fait que j'aie intégré le groupe aussi facilement. Sans compter qu'ils ne trainaient qu'avec les siens, et ça, dans tous les sens du terme. Déjà, tout le monde connaissait Vassili, de même que Boris, le sportif, les connaissait tous. Wilaya, elle, était amie avec Elena, la littéraire, et elle espiait également Youri, son ennemi. Josh aussi voyait qui c'était, en plus de Tacha, la superficielle. Quant à Marta, elle était amie avec Dimitri, le surveillant, elle l'avait également été avec Piotr, le dealeur, elle fréquentait sûrement Katerina qui était dans sa fac et elle connaissait de près, mais de préférence de loin, les lesbiennes, c'est-à-dire Nina, l'architecte, Anastasia, la cousine du vilain, et Francesca. En conclusion, ils n'étaient copain copine qu'avec des gens de leur ethnie, et ça même jusqu'à la plage où ils avaient sympathisé avec un groupe de slaves. Enfin, ce n'était pas le seul critère. Francesca devrait être une exception étant donné qu'elle était italienne, cependant, elle était la filleule de Pablo qui était également un dealeur. Autrement dit, la seconde condition, c'était d'être criminel. Après tout, je n'avais jamais vu J et M dans l'asso d'élèves que je traquais, pourtant ils étaient russes, riches, ils trainaient avec ses membres et maintenant que je savais ce qu'ils étaient, ils avaient effectivement toute leur place dans cette fameuse liste. Finalement, qui me dit qu'ils n'étaient pas tous impliqués. Tout bien considéré, c'était vrai que malgré leur popularité, ils avaient cette aura de mystère autour d'eux, comme si en réalité les autres se doutaient que quelque chose se tramait derrière et que pour cette raison, ils les redoutaient. Sauf du coup leurs alliés. En plus, depuis que j'étais de leur côté, ils étaient tous très protecteurs et possessifs, comme s'ils guettaient mes réactions pour être sûrs que je ne me doutais de rien. La preuve, ils s'étaient inquiétés quand je m'étais absentée seule au bar à Manchester, mais s'étaient-ils préoccupés pour ma sécurité ou pour la leur ? Au même titre qu'ils étaient trop observateurs vu qu'ils avaient de suite remarqué que quelque chose clochait quand Vassily m'avait droguée. Sans oublier qu'ils étaient doués pour manipuler, comme la fois où ils m'avaient fait croire qu'ils savaient où on partait pour le voyage de leur anniversaire alors qu'en vérité seule W était au courant. En même temps, ils semblaient matures pour leur âge. Enfin, seulement s'ils n'avaient pas modifié leur date en plus de leur identité. J'avais tout de même eu le bon sens de remarquer que leur dossier d'inscription à la fac était presque vierge, mais j'avais préféré me rassurer en me disant que j'étais juste accoutumée aux gros dossiers de criminels, alors qu'ils l'étaient aussi, ils avaient simplement un faux profil. En tout cas une chose était sûre avec eux, c'était qu'ils étaient perspicaces et cultivés, vu qu'ils étaient tous polyglottes. J était familiarisé avec l'anglais, le russe et l'allemand d'après ses goûts musicaux, tandis que M et D comprenaient l'anglais, le russe et l'espagnol, lui grâce à ses origines et elle à cause de son ex. La question, c'était de savoir si la raison de ce brassage linguistique était vraiment due aux explications qu'ils m'avaient données ou bien, est-ce qu'il n'y avait pas un intérêt pour le commerce international ? Quant à W, elle connaissait l'anglais, l'allemand, le hindi et surtout le portugais. Était-ce réellement sa copine ou avait-elle fait en sorte d'apprendre cette langue, car elle savait que l'armée portugaise les poursuivait ? En tout cas ça expliquerait pourquoi elle me l'avait avoué si tardivement, comme si elle cherchait à me déconcerter. En parlant de connaissances, était-ce un hasard que leur fac soit pertinente pour leur trafic, entre la médecine, la criminologie et le droit. Après tout, j'avais déjà relevé que leur style street n'était pas conforme à l'uni autant que leurs absences, comme si c'était une couverture pour eux aussi. Tout comme leurs centres d'intérêts. Ils avaient tous des passions dans des domaines différents qu'ils avaient transformées en heures sup, tels des recruteurs qui cherchaient à entendre leur terrain. W donnait des cours d'histoire et des appuis en primaire, D aidait en droit et il était aussi nageur sauveteur et coach de cricket d'une équipe de poulains, M apprenait la musique aux plus petits et J était barmaid et babysitteur. Quel était le point commun de tous ces répétitoires ?
Les enfants...