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Je me réveillai avec un bruit de mixeur que je commençais à bien connaître. Apparemment, Diego était déjà allé courir. J'ouvris les yeux et je ne reconnus pas de suite le lieu. Entre mon appart, la maison à Manchester et maintenant chez les colocataires, il me fallait un temps d'adaptation à chaque fois. Je me levai donc et je sortis en direction de la cuisine.

- J'ai pas osé te réveiller pour le running étant donné que je ne savais pas si tu avais encore ton entorse.

- Il faut croire que le mixeur est plus courageux que toi.

On s'échangea un sourire et je m'installai. Au menu ce matin, c'étaient des céréales qui trainaient au fond d'une armoire. Ils étaient un peu secs, mais il fallait bien les manger. Puis, je retournai dans la chambre d'amis. Enfin, je ne savais pas si je pouvais l'appeler comme ça, vu que je n'étais pas encore l'amie de tout le monde ici. En parlant du loup, je la vois sortir de sa tanière en peignoir. En me croisant dans le couloir, elle sursauta légèrement et rougit. Je ne la connaissais pas pudique.

- Bien dormi ?

- On ne peut pas mieux avec deux inconnus dans la baraque, dit-elle en référence à William et moi.

- Si je suis toujours une inconnue pour toi après trois semaines à squatter chez toi, il faudrait peut-être te remettre en question ou sur tes gardes.

- C'est une menace ou une invitation, me défia-t-elle.

Je m'approchai un peu plus d'elle en même temps que je parlais. C'était un puéril de ma part, mais j'aimais la sentir déstabilisée. D'habitude, elle me dévisageait avec un regard confiant, cependant, elle n'avait pas le contrôle en ce moment.

- Pour les autres, c'est une invitation à apprendre à me connaître, pour toi, c'est une menace, ne le fais pas.

- Je sais bien plus de choses sur toi que tu ne le crois.

Je me plaçai juste devant elle. Ses joues s'empourpraient, mais elle gardait la face.

- Dis-moi ce que tu crois savoir sur moi.

- Tu n'es pas celle que tu prétends être.

En temps normal, elle avait l'art de m'intimider, mais là, elle avait atteint un point que je ne pensais pas imaginable. Pourtant, elle ne pouvait pas savoir qui j'étais vraiment, elle ne m'aurait pas confronté comme ça.

- Qui je suis alors, Marta.

- Tu joues un rôle Nessa et je veux que tu me dises pourquoi ou alors, je le découvrirai bien assez tôt.

- Ne cherche pas à savoir qui je suis véritablement, tu risques d'être déçue.

À cet instant, Wilaya sortit de sa chambre, ce qui nous fit sursauter. On avait presque oublié qu'on était six dans la maison et pas seulement nous deux. Ce n'était pas un endroit propice à ce genre de discussion et de toute façon cette interruption coupa court à la conversation.

- Je te retourne la remarque, dit-elle en se réfugiant dans sa tanière.

Au passage, elle n'oublia pas de m'asperger le visage avec sa crinière encore trempe de la douche. Je restai là, devant sa porte, un instant à cogiter, avant que Wilaya ne me sorte de mon état de transe.

- Tout va bien ?

- C'était juste une conversation classique avec Marta.

Elle acquiesça en souriant, elle savait bien que ma rivale n'était pas la plus cordiale du groupe. Puis, elle se dirigea vers la cuisine tandis que j'atteignis enfin la chambre à coucher, ça sonnait mieux qu'ami tout compte fait. Je me demandai quoi faire. La probabilité qu'elle sache qui j'étais était minime, mais il ne fallait jamais dire jamais. Certes, elle était perspicace, cependant, aucun document n'attestait mon identité, même mon certificat de naissance avait été détruit. Autrement dit, la seule façon qu'elle avait pour découvrir mes intentions, c'était avec moi directement, il fallait que je fasse attention. Je me demandai quoi faire. Cette fois-ci, je faisais référence à ma journée. Je considérai que je n'étais plus blessée, même si c'était le cas, il faudra bien chauffer la blessure pour la stimuler, car je ne pouvais pas arrêter le sport. C'était impossible, je ne pouvais pas imaginer cette possibilité-là. J'étais peut-être atteinte de bigorexie, mais ce n'était pas le moment de s'auto-diagnostiquer, il fallait aller courir. Il était déjà 9:00. Je n'aimais pas courir la journée. Tant pis, je pris mes affaires, c'est-à-dire ma sacoche et mes shoes, car c'était tout ce que j'avais à moi ici, et je m'en allai.

À tort et À découvertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant