CHAPITRE 21 : À sens unique

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ASSAD

Tu es enfin revenu ! Je commençais à me demander si tu ne t'étais pas égaré pour retrouver le chemin jusqu'au palais, répliquai-je à l'attention de Miran en soupirant de soulagement alors que ce dernier comptait pénétrer à l'intérieur du palais d'un air préoccupé.

À ma plus grande surprise, il n'était même pas en état d'ébriété et n'avait visiblement pas l'air d'avoir commis des choses stupides qui auraient pu mettre sa vie en danger dans la nuit. Il semblait le même qu'hier après s'être querellé avec père au sujet de son potentiel mariage avec Lucrezia.

Je pouvais en revanche percevoir à quel point son visage terni par la fatigue laissait percevoir des cernes sombres et violacées. Il n'avait sans doute pas dormi de la nuit. Il tenait d'une main la veste de son uniforme bordeau et était vêtu de sa chemise blanche retroussée jusqu'aux manches. Ses poings serrés me laissait imaginer qu'il ne s'était pas encore tout à fait calmé, me donnant un avant-goût de notre conversation qui se finira sûrement par des propos grossiers qu'il emploiera.

Sans me répondre et faisant comme si je n'existais pas, mon frère aîné emboîtait silencieusement le pas, le visage fermé. L'aube était à peine perceptible et les domestiques du palais se réveilleront dans moins d'une heure pour entamer leurs tâches quotidiennes. Je n'avais quant à moi pas réussi à trouver le sommeil tant j'étais inquiet pour lui.

À mon plus grand bonheur, je pourrai enfin fermer l'œil pour les quelques heures restantes avant de commencer une longue journée bien remplie.

Où étais-tu passé ? Questionnai-je d'un air soucieux en le suivant par derrière alors qu'il accélérait volontairement la cadence. C'est donc ça que tu comptes faire à chaque fois que père te contraries ? Disparaître et revenir comme si de rien n'était ?

— Dégage, pestait-il.

— Arrête-toi Miran.

Il entra enfin dans sa chambre en me refermant la porte au nez. Complètement abasourdi, je soupirai d'agacement en l'ouvrant de nouveau pour avoir une discussion avec lui malgré mon épuisement.

Il avait le don de toujours fuir les confrontations quand quelque chose n'allait pas. Le fait de s'isoler et maugréer dans son coin n'allait aucunement changer l'ampleur de la situation, raison pour laquelle j'insistai tant afin que l'on puisse en parler.

Miran, écou-

— Je t'ai dis de dégager Assad. Je veux être seul, interrompit-il sans me regarder en retirant avec difficulté sa chemise.

Mais pourquoi étais-tu parti ? Où étais-tu-

— Tu parles comme si quelqu'un en avait quelque chose à foutre que je sois présent ou non. Père et toi étiez bien content de s'être enfin débarrassé de moi ne serait-ce que pour la soirée. Et mère, qu'en a-t-elle pensé de tout cela ?

— Elle était désespérée, répliquai-je en faisant quelques pas en sa direction alors qu'il venait d'ôter sa chemise.

Laisse-moi rire, répondit-il en me sondant avec mépris. Elle n'en avait rien à faire. Comme vous tous d'ailleurs.

Prisonnière de ton CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant