Chapitre 3.

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18 heures 45. Midtown Manhattan, État-Unis

...Swan...

Allongée dans mon lit, je repensais à l'appel que j'avais eu avec mon père. La colère montait en moi. Il me détestait, tout comme je le détestais. Dans son esprit, il semblait avoir effacé tout souvenir de famille. Pourtant, c'était lui qui avait commencé à la détruire. Mais c'était moi qui avais fini par mettre un terme à cette destruction en parlant. J'avais l'impression que nous étions tous les deux responsables de la souffrance que mon père avait infligée. Chaque jour, je tentais de me convaincre que je n'y étais pour rien, mais les souvenirs et les paroles de mes parents résonnaient toujours en moi.

Cet appel m'a fait réaliser que ce sera probablement les derniers que je recevrai de sa part. Il n'avait pas réagi lorsque j'avais sous-entendu que j'étais de trop dans sa vie. Ma tentative de le blesser s'était finalement retournée contre moi. Il n'avait rien répondu car c'était vrai. J'étais superflue dans la nouvelle vie qu'il se construisait. J'aurais aimé pouvoir le blesser, lui montrer que cela ne m'affectait pas, que je n'avais pas besoin de lui. Bâtir ma propre famille sans qu'il ait aucun pouvoir ni contrôle sur elle. J'aurais aimé qu'il regrette. Mais cela n'arrivera jamais. Je ne suis pas assez forte. Mais peut-être, en une seule nuit, tout pourrait changer.

Son appel n'était clairement pas un hasard.

"Je ne peux plus te soutenir financièrement. Tu vas devoir te débrouiller," m'avait-il dit.

Je savais qu'il mentait. Il pensait que je ne savais rien de lui, il pensait que je ne connaissais plus rien de son monde. Mon géniteur était devenu un grand entrepreneur sur le papier, mais pas que, il avait son réseau. Il avait les moyens de me soutenir financièrement, cela ne faisait aucun doute. Il cherchait juste des excuses pour ne plus avoir aucune obligation envers moi.

J'avais essayé de lui expliquer que j'avais besoin de son argent. J'avais eu envie de vomir en prononçant ces mots. Je détestais dépendre de lui. Mais je n'avais pas le choix.

"J'ai regardé tes comptes, tu ne sembles pas t'investir dans tes études," avait-il ajouté.

Il fouillait donc mes comptes, cherchant une raison pour se dédouaner. Je savais très bien à quoi il faisait référence, ma sortie en boîte de nuit d'hier soir. J'avais effectivement utilisé ma carte, n'ayant plus d'argent liquide sur moi. Je ne l'utilisais normalement jamais, mais je m'étais dit que pour une fois cela ne serait pas si grave. Cette soirée finirait par me hanter toute ma vie. Quelques mauvais choix se retournaient contre moi. Il m'avait promis de me soutenir jusqu'à la fin de mes études. Mais comme pour la bienveillance des gens, cela avait disparu. Tout était éphémère, y compris les promesses.

Entendre sa voix à l'autre bout du téléphone me mettait hors de moi. Je le détestais. Il n'était même pas capable de venir en face de moi pour me dire ça. J'aurais voulu qu'il me regarde dans les yeux en brisant la seule promesse qu'il m'avait faite.

"Ne t'inquiète pas, tu as déjà lâché maman. Avoir déjà vu le résultat m'aidera sûrement à rebondir." avais-je alors répondu avant de raccrocher.

Je réalisais que j'avais mis fin à la sécurité de mes études, mais aussi à mon logement. Dans quelques jours, je pouvais déjà imaginer ma tante débarquer dans ma chambre, me demandant de partir. Elle trouverait sûrement un prétexte, comme quoi sans le soutien financier de mon père, elle ne pourrait plus me garder chez elle. Je n'étais pas dupe. Elle non plus ne m'appréciait pas vraiment. C'était l'argent de mon père qui l'avait convaincue de m'accueillir. Sans cela, je ne lui apportais rien. À quoi bon me garder alors ?

NightHawk T1&T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant