Soldat JK

Ch. 6 : Sortie terrain (deuxième partie)

La nuit a recouvert le sommet des montagnes qui nous entourent. Le brasier illumine partiellement notre camp de fortune et les bruits nocturnes se mêlent au vent qui souffle dans les hautes branches des pins qui nous encerclent. Au dessus de nos têtes hulule une chouette, son cri berce en douceur mes pensées et je revois le général quitter la maison pour la dernière fois. Je me souviens de la chaleur humide de la jungle alors que ce soir je suis transie de froid dans cette vallée montagneuse. Le souvenir me réchauffe le cœur mais la brise qui déferle me rappelle combien mes vêtements sont mouillés. Un frisson me parcourt avec le sentiment étrange d'être observée.

- Venez-vous coucher, m'intime la voix du capitaine dans mon dos.

Les tentes de survie ne sont conçues que pour abriter une seule personne, je ne peux envisager de partager cet espace aussi réduit avec lui. Je campe sur mes positions et décide de ne pas lui répondre.

- Les températures vont continuer de chuter, m'informe-t-il.

- Je vais rester près du feu pour me réchauffer, répondis-je sans me retourner.

- Venez ! C'est un ordre ... ordonne-t-il le ton lasse.

Mes épaules s'affaissent, vaincue, je rejoins cette toile tendue dans laquelle Jungkook est allongé. Je le découvre alangui, son corps abrité dans le sac de couchage, un bras sous sa tête, le second sur le molleton kaki est recouvert de tatouages qui m'hypnotisent.

- Déshabillez-vous et venez vous glisser près de moi, rompt-il ma contemplation.

Je déglutie à l'évocation de sa suggestion. Il comprend mon malaise et précise sa pensée.

- Vous devez quitter vos vêtements trempés pour les laisser sécher. De plus, vous ne vous réchaufferez qu'en accoutument votre corps à la température du mien.

Je n'ai pas la choix, la capitaine a raison, la nuit les températures saisonnières frôlent les -10 degrés dans cette région. Je ne tiendrais pas plus de quelques heures dehors trempée jusqu'à l'os. Je pose sur lui un regard suppliant.

- Alors fermez les yeux, le priais-je.

Il s'exécute, dirige son visage dans la direction opposée et le couvre de son bras pour obscurcir sa vision. J'éteins la lampe torche et entreprends de me dévêtir. Je ne porte plus que mes sous-vêtements quand je me glisse près de lui. Immédiatement, je ressens cette chaleur humaine si réconfortante. Il glisse son corps sur le côté pour me laisser davantage d'espace mais malgré la manœuvre, je sens contre moi des parcelles de peau qui m'intimide. Je sens dans ma nuque son souffle chaud et un frisson parcourt mon échine.

- Je suis conscient que ce n'est pas une solution idéale mais c'est la seule que nous ayons, tente-t-il de me rassurer.

- Bonne nuit capitaine ... coupais-je toute forme de discussion.

"La maison devant moi n'est plus tout à fait la même que dans mon souvenir, je plisse les yeux pour découvrir sous le soleil brillant, cette bâtisse rénovée. Jin est à mes côtés, il tient ma main comme pour me soutenir. Nous la contournons pour découvrir que la piscine n'est plus là, que la terrasse est recouverte d'un amas de gravas. Que la pelouse, autrefois tondue à ras, n'est plus qu'un monticule de mauvaises herbes. Nous pénétrons par la baie vitrée du salon, Jin abandonne ma main pour monter le grand escalier, je lui demande de revenir mais il ne répondu plus. Je gravis les marches qui mènent à l'étage et aperçois la chambre que j'occupais. Je pousse la porte et découvre son corps gisant dans une flaque de sang. Je me précipite près de lui mais il est déjà mort. J'hurle, je crie, je suffoque, j'expire ... Jin est mort !"

- T/P ! Réveillez-vous !

La voix du capitaine m'extirpe de mon cauchemar. J'ouvre les yeux, je suis assise dans cette tente avec Jungkook qui me dévisage incrédule. La lumière est allumée, je suis presque nue et il semble ne voir que les larmes qui coulent sur mes joues. Il se redresse pour les essuyer, repousser les mèches de mes cheveux échappées de ma queue de cheval et me rassurer.