Ch. 46 : La France

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J'enfile le peignoir mis à ma disposition pour me diriger vers la sortie. Je découvre derrière la porte une clarté lumineuse surprenante. Je suis à l'étage d'une demeure que je ne connais pas et une lumière blanche inonde le rez-de-chaussée. Avec beaucoup de précaution, je descends l'escalier pour rejoindre le salon par lequel s'infiltre la luminosité d'une fin d'après-midi. Je me positionne derrière une baie vitrée qui m'offre une vue époustouflante, celle d'un champs de lavande au pied d'une montagne sur laquelle semble trôner l'astre encore haut dans le ciel. Le paysage ressemble aux peintures de Cézanne que j'avais croisé au détour d'une ballade dans une galerie de Séoul. Je revois les étendues violacées et les taches rougeoyantes des coquelicots, mais alors que mon esprit analyse ce qui m'entoure une émotion me saisie et un torrent de questions m'assaille. Mon corps encore un peu assommé par le poison injecté, mes jambes ne me portent plus et je me laisse choir sur le canapé derrière moi. Les yeux toujours rivés à cette nature inconnue, je ne l'entends pas entrer dans la pièce jusqu'à ce qu'il s'asseye à côté de moi. Sans prononcer un mot, je dévie mon regard vers lui et silencieusement l'interroge. Il me tend une page du Granma, journal hebdomadaire cubain qui relate des informations à diffusion nationale. Elle porte l'intitulé suivant "El final de patron !" et la photo de couverture n'est autre que celle de Ramos, allongé sur le sol sableux au pied de sa demeure, une balle logée dans le cœur. Le mien cesse de battre et je comprends que mon plus vieux cauchemar est mort. Je lève les yeux sur Jungkook et me décide à le questionner.

- Tu m'as empoisonné ?

Il acquiesce.

- Je dors depuis combien de jour ?

- Trois ... c'est le temps qu'il nous a fallut pour te conduire auprès d'un médecin pour qu'il te déclare morte et que nous fassions le voyage jusqu'ici.

Morte ? Lui et Taehyung avaient pris l'initiative de me faire disparaître ?

- Qui a fait le boulot ?

- Seokjin et Joon s'en sont chargés, répond-il simplement.

A nouveau mon cœur manque un battement, je porte ma main à ma poitrine en comprenant que mes amis avaient orchestré sans moi l'assassinat de celui que j'exécrais le plus au monde. Je me lève du canapé pour me diriger vers la source de lumière et tenter de calmer mon esprit embrouillé par des idées parasites. Je ne parais calme qu'en surface car au plus profond de moi mon sang boue dans mes veines et le désordre qui s'installe dans mon être me perturbe. Il s'approche de moi.

- Nous n'avions pas d'autre choix que d'effacer ton existence.

Je le fusille du regard pour l'inciter à poursuivre son explication.

- Les hommes fidèles à Ramos sont déjà lancés à ta recherche. Ils ont soifs de vengeance et sont avides de pouvoir. Celui qui ramènera ta tête prendra la suite du boss. Parce qu'ils savent que personne ne souhaitait autant sa mort que toi.

Je ne peux réprimer mon geste et lui administre une gifle dont le bruit semble résonner dans l'espace à peine moins vide qu'une maison témoin. Il ne bronche pas et ses yeux sur moi sont insistants, presque virulents.

- Pourquoi n'ai-je pas été mise dans la confidence ? Pourquoi n'ai-je pas été à leur place pour le tuer moi-même ? Pourquoi ? hurlais-je les yeux larmoyant et la gorge serrée par l'émotion.

Il m'enlace et je me laisse aller contre son torse, mes larmes inondent sa chemise blanche et sa main dans mes cheveux me caresse tendrement. Je ferme un instant les yeux et réitère.

- Pourquoi ? soufflais-je contre lui.

- Je n'aurai pas supporté de te voir te mettre une fois de plus en danger ...

Soldat JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant