Ch. 10 : Faux départ

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Il est encore tôt lorsque je sors de ma chambre. La soirée d'hier encore en mémoire, mon estomac se contracte quand je constate qu'il dort toujours sur le canapé du salon. Allongé sur le dos, il n'a sur lui que son jean et la lumière qui filtre à travers les rideaux illumine son torse d'une teinte dorée très attrayante. J'inflige une gifle à ma conscience et me détourne de ce corps superbe. Je me dirige à la cuisine sans faire de bruit pour ne pas risquer de le réveiller. Il est possible que je m'exhorte de l'appartement sans qu'il s'en aperçoive, il suffira que je lui laisse un jeu de clé qu'il déposera à la concierge en sortant. Je m'applique à effectuer mes tâches dans le silence le plus absolu. Je passe dans la salle de bain mais lorsque j'en ressors je le découvre torse nu devant la machine à café. Mon regard s'attache sur ce dos large et musclé, glissent sur la taille fine, poursuit sur ses fesses fermes et remonte sur son bras tatoué. Mon pouls s'accélère et rapidement un vertige me prend. Je me maintiens au montant de la porte ce qui semble l'alerter de ma présence. Il se retourne et me toise, dans ses yeux une lumière brille, de celle qui s'anime en douceur. Il parait quelque peu ennuyé mais ne se défait pas de sa superbe. Je m'avance dans sa direction, lui retire le sachet de dosettes des mains pour préparer un café. Je tente de rester stoïque et de ne faire transparaître aucune émotion mais quand il se penche sur mon épaule, je ne parviens pas à réprimer le frisson qui me parcourt.

- Vous voulez bien m'en préparer un, souffle-t-il près de mon oreille.

Je m'exécute comme je le ferais d'un ordre donné par un supérieur, même si le supérieur en question est à moitié nu dans ma cuisine. Je régule ma respiration, j'inspire profondément et expire lentement pour retrouver un semblant de calme. Je m'active pour nous apporter deux tasses et les pose sur la table où il est installé. La gêne entre nous est palpable, je ne sais comment aborder le sujet. Ais-je abusé de sa faiblesse ? Dois-je m'excuser d'avoir profité de son état d'ébriété ? Alors que je fixe la tasse en porcelaine blanche, les questions se bousculent mais rapidement il met fin à mon tourment.

- Nous avons deux possibilités, m'interrompt-il de cette voix rauque et profonde. Soit nous discutons de la soirée d'hier ... Soit nous faisons comme s'il ne s'était jamais rien passé ...

L'évocation de la dernière option provoque dans ma poitrine une douleur sourde et lancinante. Il me propose d'oublier notre interlude, de faire comme s'il n'était jamais rien arrivé. En temps que futur gendre du major, j'imagine que c'est la meilleure décision à prendre pour lui. Il sera plus aisé de me considérer comme une première classe quelconque que de m'envisager comme une potentielle amante.

*****

Un peu plus tard dans la matinée, je me retrouve au coude à coude avec Jin. Nous enchaînons les tours de piste depuis presque 45 minutes et je n'avais pas encore réussi à le rattrapé.

- Tu m'évites ? le questionnais-je.

- Un peu, avoue-t-il.

- C'est au sujet du baiser de l'autre soir ?

- Quelle perspicacité ! grince-t-il.

- Tu n'es pas amoureux de moi ... alors pourquoi avoir fait ça ?

- Qu'est-ce qui te fait dire que je ne suis pas amoureux ?

- A une époque j'ai eu le béguin pour toi mais tu ne m'as jamais regardé autrement que comme une amie.

- Comment peux-tu en être certaine ?

- Je sais comment tu observes une femme qui te plait. Je me souviens de cette vendeuse du magasin de jeux vidéo dans lequel tu m'as traîné des dizaines de fois. Tu étais dingue de cette fille. Les regards que tu lui lançais étaient sans équivoque !

Soldat JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant